Elections chambre d'agriculture
Elevage : un dossier chaud à conduire sans oeillères
Ceux qui la connaissent savent que Fabienne Bonin agit au service de tous les éleveurs avec pugnacité et un parlé vrai qui est sa marque de fabrique.
Ceux qui la connaissent savent que Fabienne Bonin agit au service de tous les éleveurs avec pugnacité et un parlé vrai qui est sa marque de fabrique.
Installée à St Branchs avec son mari Loïc Gallais, Fabienne Bonin a pris la responsabilité du troupeau de vaches laitières des Carrois au départ en retraite de sa bellemère. Un beau troupeau de 85 montbéliardes et prim’holsteins génétiquement « au top », qui fournit trois revenus, ceux des deux associés du Gaec et d’un salarié. Erwan, le fils aîné de la maison est aide-familial sur la ferme. « Sur le plateau de Ste Maure de T., seul le lait avec maïs ensilage peut produire un revenu suffisant pour quatre personnes avec 200 ha de bournais hydromorphes. C’est une terre qui a son caractère, l’hiver elle a tendance à garder nos bottes. » Fabienne a connu d’autres veines de terre, celles plus saines de la ferme de ses parents à Ste Maure et les sols légers de la vallée de la Vienne. En effet en 1997, Fabienne a vécu une première installation laitière avec son frère à Nouâtre avant de rejoindre son mari à St Branchs.
Fédérer les énergies
Techniquement pointue, éleveuse jusqu’au bout des ongles, Fabienne Bonin est aussi une militante de la cause de l’élevage. En arrivant pour son premier mandat à la chambre d’agriculture, elle a pris la mesure des enjeux. Son analyse est sans détours, sans une politique volontariste, l’élevage tourangeau risque de partir à vau-l’eau au gré des cessations. « A mon niveau de présidente de Touraine Conseil Elevage, j’ai oeuvré pour accompagner le remarquable travail conduit par Alain Rezeau. Par sa présence et sa capacité d’écoute, Alain a conduit une action fédératrice des différents services d’élevage du département. Le contrôle des performances lait et viande, l’identification, la santé animale, tous les services ont gagné en cohésion et en cohérence économique. »
Face à la fonte de la densité des élevages partout dans la région, l’équipe en charge de l’élevage a poussé pour un rapprochement interdépartemental des services afin de maintenir des coûts de service soutenables pour les éleveurs. A son niveau, Fabienne Bonin a accompagné la mise en synergie des contrôles laitiers d’Eure-et-Loir (CEL 28) et d’Indre-et-Loire (TCEL). Placés sous la houlette de Guy Molard, les deux organismes assurent le contrôle de croissance bovinsovins et le contrôle laitier caprin. Une opération d’ampleur régionale s’est aussi attelée à un chaînon essentiel de la qualité du lait ; le contrôle des machines à traire en usage mais aussi les installations neuves ou rénovées. « Il s’agit d’un programme exemplaire mis sur pied par les six départements du Centre Val de Loire. Nous réunissons une fois par an tous les concessionnaires- installateurs pour insuffler là aussi cette volonté de tirer dans le même sens. Les éleveurs peuvent revendiquer en cas de problème, cette certification de contrôle de leurs installations », souligne Fabienne.
Imaginer une politique novatrice
Mais la machine à traire, n’est qu’un élément du problème multifactoriel des cellules, ces leucocytes indésirables dans le tank à lait. Témoins d’une infection, germes et « cellules » sont un fléau économique et social pour les éleveurs pouvant aller jusqu’à la cessation de collecte. « Nous faisons tout en commission régionale pour que cette extrémité n’arrive pas. Les éleveurs concernés font l’objet d’un suivi technique très serré pour que la cause de l’infection soit résolue durablement. Ça peut venir de la machine, de la génétique, de l’environnement, de la météo ou de l’éleveur. C’est parfois très compliqué de trouver la source. Ça reste une priorité pour le prochain mandat. »
Mais les autres fers au feu pour sauver l’élevage régional sont nombreux. La reprise des troupeaux, l’installation des jeunes, le maintien du réseau de soins vétérinaires, les défis ne manquent pas. La profession (chambre d’agriculture, services élevage) travaille étroitement sur ces dossiers avec les services de la région et des communautés de communes. « Si nous voulons réussir à maintenir un tissu et une ambiance élevage, convaincre des jeunes, il faut faire preuve d’imagination à l’image du rallye de fermes. » En novembre, des candidats à l’installation ont en effet été invités à visiter la Touraine et des élevages à reprendre. « Ce type d’opérations coordonnées avec les com-com sera renouvelée », assure Fabienne Bonin. Pour qui les éleveurs ne seront bientôt plus assez nombreux pour financer l’indispensable réseau d’organismes d’élevage. « C’est ce type de dossier que nous soumettons aux élus et à l’administration régionale.
Autre sujet sensible, l’émergence d’un désert vétérinaire par taches sur la carte de la région. Et la présidente TCEL d’enfoncer le clou : « là encore, avec les collectivités et les pouvoirs publics, il nous faut imaginer un nouveau schéma sur les secteurs fragiles. Il est arrivé encore récemment à un éleveur eurélien d’être contraint de monter dans la bétaillère une vache à césarienne car le véto ne se déplaçait pas aussi loin. » La région n’a semble-t-il pas donné de fin de non-recevoir à un défraiement public du vétérinaire pour ses déplacements éloignés. « C’est ce type de problème bien concret que l’on se droit de résoudre collectivement. »