Témoignage millésime 2021 : de la qualité à défaut du volume
Les 26 à 27 hl/ha récoltés par le domaine Les pierres écrites sont supérieurs aux 20 hl récoltés, en moyenne, sur le territoire de l’appellation montlouisienne. Cela représente tout de même une baisse de l’ordre de 40 % vis-à-vis d’une année dite « normale ».
Les 26 à 27 hl/ha récoltés par le domaine Les pierres écrites sont supérieurs aux 20 hl récoltés, en moyenne, sur le territoire de l’appellation montlouisienne. Cela représente tout de même une baisse de l’ordre de 40 % vis-à-vis d’une année dite « normale ».
A Saint-Martin-le-Beau, Anthony Rassin et son épouse Coralie gèrent le domaine Les pierres écrites. Pour ces vignerons, deux facteurs sont à l’origine du faible rendement en 2021, rendement qui s’affiche à seulement 20 hl par hectare en moyenne sur l’appellation montlouis.
DES DÉBOIRES À LA VIGNE
Tout d’abord l’importante période de gel au printemps, avec cinq nuits de lutte acharnée. « Nous avons la chance d’avoir une bonne protection du vignoble avec des éoliennes fixes ou mobiles », précise Anthony. Ainsi, sur ces parcelles protégées, les effets du gel sont limités. « En revanche, nous avons également utilisé les bougies. Et là les résultats sont plus mitigés. Surtout que cinq nuits c’est très long, et que les réapprovisionnements étaient compliqués. »
Durant cette période, c’est la France entière qui a gelé, pas uniquement le Val de Loire. Mais Anthony aime voir le bon côté des choses : « face au défi climatique et ses conséquences que nous rencontrons de plus en plus souvent, nous avons la chance de nous organiser collectivement au sein de l’appellation pour gérer au mieux ces épisodes météorologiques catastrophiques pour notre production. Aujourd’hui, l’Etat nous accompagne également via une aide aux investissements, qu’il ne faut pas négliger afin de relever le défi pour notre profession. »
L’autre facteur qui a participé à une baisse significative des rendements est le record de pluviométrie enregistré au mois de juin. « Nous sommes en bio et, comme partout, nous avons fait face à de fortes pressions de mildiou. Nous avons dû passer 14 fois sur la campagne. Aujourd’hui, 50 % des surfaces de l’appellation montlouis sont en production biologique ; nous avons donc beaucoup d’échanges avec les confrères sur la technicité des interventions phytosanitaires, la gestion des sols et leur entretien. Les innovations dans le domaine du matériel sont aussi considérables et nous aident grandement dans la lutte contre le changement climatique. Notre parcellaire reste assez morcelé, donc l’entente avec les voisins pour s’équiper et se protéger collectivement est indispensable. »
Autre problématique du millésime 2021 : la complexité des vendanges, avec des fenêtres météo courtes. « Sur le domaine, nous effectuons les vendanges uniquement à la main. Cela nous permet de réaliser un tri important, certes, mais la cadence est plus faible qu’en récolte mécanisée. Il a donc fallu courir pour ramasser un produit de bonne qualité. »
MAIS UNE BELLE QUALITÉ EN CAVE
Côté chai, Anthony se veut rassurant. « Nous n’avons pas subi de canicule durant l’été, nous avons donc des vins blancs qui disposent d’arômes francs, avec des minéralités pointues. Si le tri a été bien fait à la récolte et la charge de la vigne maîtrisée, il est possible d’obtenir de très jolis secs de garde et des bulles de bonne qualité gustative. » Cependant, il va falloir « laisser travailler le millésime, même si les vinifications se sont bien passées, car il n’y a pas trop d’alcool. » Concernant les rouges, « le millésime paraît frais, sur le fruit. Ce ne seront sans doute pas des vins de garde. »
Un millésime plutôt qualitatif donc, qui cherche à répondre à l’évolution du marché. « Nous devons nous adapter à la demande qui évolue. Aujourd’hui, les consommateurs recherchent à travers une bouteille de vin de l’émotion, des choses surprenantes », poursuit le vigneron. « Nous vivons aussi aujourd’hui un passage de témoin intergénérationnel. Nous ne sommes plus dans le “ tout systématique ”que nos parents pratiquaient dans les années 80 », conclut-il.