Environnement
Le Richelais à la reconquête de ses ruisseaux
Le syndicat de la « Vienne tourangelle » (Manse étendue) amorce un programme de renaturation des cours d’eau de la rive gauche de Richelieu à Ste Maure-de-Touraine.
Le syndicat de la « Vienne tourangelle » (Manse étendue) amorce un programme de renaturation des cours d’eau de la rive gauche de Richelieu à Ste Maure-de-Touraine.
Le syndicat de la Manse étendue ou plutôt de la Vienne tourangelle a commencé en avril à sillonner son nouveau territoire. Deux techniciennes ont donc traversé la Vienne pour venir à la rencontre des riverains et élus de tous les affluents de la rivière s’embouchant de Pussigny à Candes. La Veude, le Mable, la Bourouse, la Veude de Ponçay, l’Arceau, le Gouale, le Maine et le Réveillon… c’est un bassin de 55 communes et 450 km de linéaire qui vient s’ajouter aux 15 communes et 100 km de rives du bassin de la Manse.
Delphine Laisement et Marylou Méchin animent des réunions publiques tout en arpentant les cours d’eau pour établir un diagnostic environnemental. La qualité de l’eau, la vie aquatique et celle des rives, la nature de la ripisylve sont observées à la loupe. La plupart des ruisseaux souffrent d’envasement, de surcreusement, de lits trop larges et trop rectilignes ; bref les temps changent et la doctrine directrice des travaux hydrauliques des années 70/80 est entièrement remise en cause. Les cours d’eau ne sont pas que des collecteurs destinés à évacuer l’eau des terres le plus vite possible -au risque d’éroder argiles et limons fertiles- mais ce sont des milieux vivants utiles à l’équilibre global du milieu champêtre.
Des eaux pures en 2027
Le diagnostic des bassins versants met en évidence les services rendus par le ruisseau et par les zones humides. Quand les rivières évacuent, elles épurent aussi l’eau tout en abritant kyrielles d’êtres vivants. Les zones humides constituent des secteurs tampons qui régulent les débits, soutiennent les étiages, écrêtent les crues. Petit rappel si le fond de la rivière est qualifié en droit rural res propria, l’eau libre courante est res nullius, c’est-à-dire n’appartenant à personne, ou plutôt appartenant à tous tel un patrimoine commun de la nation.
L’Europe n’en finit pas de reporter la date butoir de reconquête de la qualité des eaux. Fixée à 2015 elle a été repoussée à 2021, puis à 2027. Sur les ruisseaux cités, l’état écologique global était qualifié en 2013 de « moyen » pour les ruisseaux de la rive gauche (Richelais, Bouchardais, Ste maurois) et de médiocre pour la Manse et ses affluents (plateau de Ste Maure). En 2016, grâce aux actions menées dans la cadre du bassin de la Manse, un peu de qualité a été reconquise. Sauf un ruisseau qui reste en rouge, avec un classement « mauvais » (1) . Le contrat territorial -2021-2026- dévolu à ce secteur de la Touraine va poursuivre, dans toute la zone ciblée, les objectifs de la directive cadre européenne sur l’eau à savoir l’amélioration de l’état écologique et de l’état chimique des masses d’eau.
Enquête publique en 2020
Cette année, le premier trimestre a été consacré au diagnostic général du territoire. Désormais les deux techniciennes du secteur élargi dressent un état des lieux précis du terrain. Trois mois durant, à partir de septembre un programme d’actions va voir le jour, immédiatement suivi début 2020 d’une enquête publique accompagnée d’une déclaration d’intérêt général. C’est seulement ensuite que débuteront les phases concrètes de travaux, de suivi et d’animation. Ici il s’agira d’accroître la vitesse du courant par des enrochements et l’étroitisation du lit mineur. Là on replantera des haies ou des tronçons de ripisylve avec des saules, des aulnes, des frênes ou des sureaux, voire des peupliers noirs. Pourquoi replanter ? Marylou Méchin et Delphine Laisement expliquent que « la végétation des berges ou ripisylve tempère l’eau du lit en période de canicule tout en maintenant les berges et en atténuant les crues. Ailleurs il faudra taluter des berges, aménager des banquettes, ouvrir des petits barrages ou bien reconquérir une chute d’eau par une succession de seuils. » Le but suivi est de reconnecter la source des ruisseaux avec leur embouchure dans la Vienne, tout en limitant l’envasement et en oxygénant l’eau. Des embâcles seront tronçonnés, des ronciers ouverts afin de dégager le cœur du lit. Des habitats seront restaurés.
L’étude préalable a dument cartographié le degré d’altération hydromorphologique des ruisseaux. Soixante pour cent des cours d’eau sont notés très fortement (33 %) à fortement altérés au droit des ponts expertisés. Le diagnostic des zones humides, qui accompagne celui des lits, va prioriser les secteurs à restaurer et préserver (flore, présence de mares…). Tous ces travaux seront pris en charges par le programme y compris les plantations. L’entretien sera ensuite à la charge des riverains. Prêtant une oreille attentive aux propos lors des réunions publiques, les riverains ont su faire preuve de gymnastique intellectuelle en comprenant qu’il leur faudrait enlever les embâcles alors que parfois en aval, les castors auront tout loisir d’en créer, de faire monter l’eau, d’inonder les champs dans des secteurs qui seront sanctuarisés. Ainsi va le changement d’époque….
- Le Réveillon
Retrouvez l’exposé présenté lors des réunions publiques et les prochains rendez-vous organisés sur www.terredetouraine.fr
Contact : 06.45.36.07.85. manse.delphine@orange.fr et 07.86.60.46.05. manse.marylou@orange.fr
+ illustration vue n° 8 du ppt réunions publiques (voir dossier journal dans autres)
Lég. photo
Marylou Méchin et Delphine Laisement, les deux techniciennes de rivière arpentent actuellement les ruisseaux du Richelais et se tiennent à la disposition des riverains.