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Entreprendre
Romain Gadais mène sa barque

Être pêcheur professionnel sur la Loire, voilà un rêve qu’a réalisé Romain Gadais en s’installant à Bréhémont. Une activité qu’il a adaptée à la demande, en transformant le fruit de sa pêche et en l’offrant à la dégustation dans son restaurant.

La Loire en a vu passer des pêcheurs professionnels, mais à ce jour ils se comptent sur les doigts d’une main dans le département. Locataire de 34 km de linéaire sur la Loire - soit 1 000 ha -, Romain Gadais, lui, s’est lancé en juillet 2014. De parents viticulteurs en AOC muscadet, c’est plutôt du côté de la Loire, une canne à la main, que Romain se découvre une vocation. Un loisir auquel l’ont initié son père et son grand-père ; mais la passion et l’envie d’avoir sa propre entreprise s’en sont mêlées, et c’est en professionnel que le jeune homme a choisi de s’y investir. Les rencontres et son installation à Bréhémont en bord de Loire l’ont ensuite amené à concrétiser son projet.

La transformation, pour valoriser

Aujourd’hui, Romain Gadais s’est fait un nom grâce aux produits transformés qu’il commercialise sous la marque « Les pêcheries ligériennes ». A base de poissons de Loire, les préparations sont vendues à 80 % sur place en direct, ainsi que sur les marchés de Noël. « C’est un métier où on est un peu dans son monde et moi j’aime le contact client ; donc la vente directe c’est un choix, pour être en lien avec les gens. C’est ce que j’aime, explique-t-il. Je ne me serais pas vu simplement pêcher puis revendre à des grossistes, ça ne m’intéresse pas ». Bateau, filets, nasses, chambres froides… Petit à petit, le pêcheur a dû s’équiper. Pour la transformation, il a d’abord investi dans un fumoir, puis le laboratoire a été construit, dès sa première année d’installation. Le choix de la transformation et de la vente directe lui a été dicté par ses envies, mais aussi par la réalité économique. « Pour vivre de la pêche aujourd’hui, il faut travailler le produit. Les espèces de Loire ne sont pas celles qui sont recherchées par les clients. La chevesne, par exemple, a une chair très bonne mais beaucoup d’arêtes, elle se vendrait à bas prix en produit brut. Par contre, dès qu’on transforme, on vend. » Un choix qui a aussi l’avantage de faciliter le stockage, puisque le poisson fumé se conserve un mois et les rillettes trois ans.

Du bateau au restau

Ainsi, en fonction de la saison et de la pêche, qui « est imprévisible en Loire, ça va de 0 à 25 kg par jour », le jeune homme transforme mulets, silures et autres poissons blancs en rillettes, soupes et gourmandises, ou les réserve pour le chef cuisinier de son restaurant. Oui car Romain s’est entouré d’Ambroise Voreux, un ancien de ses stagiaires passionné de pêche, qui mitonne de bons petits plats à la « Cabane à Matelot », juste à côté du laboratoire. Ouvert en saison, le restaurant refuse autant de monde qu’il en contente, victime de son succès. « J’essaie de passer voir les clients pendant le service. Ce que j’aime, c’est voir les gens prendre plaisir à manger nos produits, et arriver à les surprendre, glisse Romain. On a fait la carte par rapport à ce qu’on trouve dans la Loire, pas par rapport à ce que les gens veulent. » Mais au final, il répond à la demande de produits locaux, issus de pêche durable et de qualité. « Ma pêche n’a rien à voir avec la pêche en mer au chalut !, tient à souligner le professionnel. Les quantités pêchées sont très mesurées, je n’ai pas d’impact sur les fonds et les habitats et je ne rejette aucun poisson. Mon but, c’est de faire avec ce que je trouve, et ensuite de chercher comment valoriser chaque espèce ». Le rituel se répète cinq jours sur sept : relève des filets posés la veille, nettoyage des poissons, stockage sous glace, découpe, fumage, fabrication des rillettes, livraisons… Pourtant, « il n’y a pas un jour pareil à un autre ». C’est Dame Nature qui décide. « Le temps de relève des filets peut aller du simple au triple. S’il y a eu du vent par exemple, il faut enlever toutes les branches des filets, c’est long », illustre le pêcheur.

S’adapter à un milieu changeant

« C’est un métier où il faut tout le temps s’adapter. Là ça fait deux ans qu’on n’a pas d’eau, et plus de mulets non plus par exemple. La Loire est un milieu très changeant ». Une aventure quotidienne que le jeune homme recherchait en choisissant la Loire et ses caprices, qu’il connaissait bien, ayant grandi près de Nantes. L’opportunité de s’installer sur le lac Léman il y a quelques années ne pouvait donc le séduire… « Là-bas, une crue c’est quand le niveau monte de quelques centimètres, alors que sur la Loire, il peut y avoir 5 mètres de différence de niveau ! ». En ce moment, le niveau très bas de la Loire inquiète Romain, sachant que les endroits pour poser filets et nasses sont en fait assez limités sur le parcours. « Sur les 34 km de linéaire, qui représentent le minimum pour vivre de la pêche dans cette zone, je ne peux en exploiter que 7 en ce moment… Avec l’expérience, on sait où les poser selon le niveau de la Loire, mais là il faudrait vraiment de l’eau ». Un manque de fond qui pose aussi des problèmes de casse lors de la navigation. A l’inverse, les crues ne sont pas forcément gênantes tant que le niveau monte lentement. « De nouveaux bras s’ouvrent et attirent les poissons, donc j’ai plus d’endroits pour placer les filets. Et ça brasse les nutriments », explique-t-il. Comme les agriculteurs, Romain Gadais espère donc la pluie. En attendant, il teste avec son chef de nouvelles recettes pour la prochaine saison...

Site internet : ww.les-pecheriesligeriennes. fr Restaurant : La Cabane à Matelot, 19 rue du 11 novembre à Bréhémont .

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