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Jean Moulin,une vie héroïque

Figure phare de la Résistance, artisan du Conseil national de la Résistance, Jean Moulin, le plus jeune préfet de France, torturé par la Gestapo, est mort le 8 juillet 1943 dans le train qui le conduisait en Allemagne.

C’est à Caluire-et-Cuire, le 21 juin 1943, que Jean Moulin, représentant personnel du général de Gaulle, chef des Mouvements unis de la Résistance et président du Conseil National de la Résistance, fait ses derniers pas d’homme libre. En début d’après-midi, il sera arrêté par Klaus Barbie et la Gestapo. Torturé, il mourra quelques jours plus tard lors de son transfert vers l’Allemagne.

L’HOMMAGE VIBRANT D’ANDRÉ MALRAUX

Si nombre d’écoles, de squares, d’artères de nos villes portent son nom, difficile de résumer une vie aussi brève soit-elle, à une plaque, une stèle, un bâtiment, ou à un mot. Chacun a en tête toutefois ceux d’André Malraux prononcés en 1964, lors du transfert des cendres du célèbre résistant au Panthéon. « Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi - et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé - avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard¹, enfin tombé sous les crosses ; avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l’un des nôtres. »

MAIS QUI ÉTAIT-IL ?

Jean Moulin, né le 20 juin 1899 à Béziers (Hérault), fait ses études de droit à l’université de Montpellier. À la fin de la Première Guerre mondiale, il entre dans l’administration préfectorale, pour laquelle il deviendra un exemple, avant d’en devenir le drapeau. Sous-préfet d’Albertville en 1925, affecté successivement à Châteaulin, Thonon et Montargis, puis dans la Somme, il entre en 1936 au ministère de l’Air comme chef de cabinet du ministre Pierre Cot. Dans les conflits sociaux qui agitent la France à cette époque, il sera un arbitre impartial et un conciliateur écouté. Son nom restera attaché au développement de l’aviation populaire et à la création d’Air France.

FAIRE FACE AUX ALLEMANDS

Il est nommé préfet de l’Aveyron, à Rodez, en janvier 1937, puis muté en Eure-et-Loir, à Chartres, quelques mois avant la déclaration de la guerre. En septembre 1939, il s’engage comme sergent mitrailleur dans l’armée de l’air, mais doit regagner sa préfecture sur l’ordre du ministre de l’Intérieur. Dans l’exode général qui suit la percée du front en juin 1940, il reste seul à son poste, et, le 17 juin, en grande tenue, accompagné d’un représentant de l’évêque et d’un conseiller municipal, il attend les troupes ennemies dans la cour de la préfecture. Alors qu’il s’apprête à défendre les droits de la population, les Allemands veulent l’obliger à signer un protocole qui accuse les troupes françaises en retraite d’avoir massacré des civils. Il refuse. Ils le traînent alors devant les cadavres déchiquetés des prétendues victimes et le torturent jusqu’à l’épuisement de ses forces, mais n’en viennent pas à bout. Ramené à Chartres, il est enfermé dans la conciergerie de l’hôpital, averti qu’il serait conduit, à nouveau, le lendemain, sur le lieu de son supplice. Et, pour ne pas céder, pour sauver son honneur et l’honneur de l’armée française, il se coupe la gorge avec un débris de verre. Retrouvé le lendemain au milieu d’une mare de sang et transporté à la préfecture, il échappe à la mort par miracle.

UNIFICATEUR DES RÉSEAUX DE RÉSISTANCE

Le 2 novembre 1940, le gouvernement de l’État français le relève de ses fonctions. II se réfugie en zone Sud et prend contact avec les premiers mouvements de Résistance qui se forment dans le Sud Est, puis il s’échappe de France en août 1941, rejoint Londres et prend immédiatement contact avec le général de Gaulle. Ses qualités, son énergie et sa farouche résolution l’imposent entre tous les volontaires de la France libre pour les missions les plus importantes et les plus périlleuses. Chargé de reprendre contact avec les réseaux métropolitains, il est parachuté au-dessus des Alpilles le 1er janvier 1942. Nommé délégué général en France du général de Gaulle, Jean Moulin repart alors de Londres par avion pour réaliser sa tâche considérable de faire l’unité de cette Résistance française qu’il a déjà ralliée à la France libre et dont il est maintenant le chef. Il réussit contre tout espoir à unifier les groupes épars dans le pays, à intégrer tous les partis politiques, tous les organes syndicaux, à leur donner une organisation et à les plier à une commune discipline. Le 27 mai 1943, il préside à Paris la première réunion du Conseil national de la Résistance, qu’il avait créé. Un mois plus tard, le 21 juin, il est arrêté par la Gestapo à Caluire-et-Cuire, près de Lyon, où il s’est rendu sous le nom de Jacques Martel pour répartir aux chefs militaires les commandements de l’Armée secrète.

 1- En 1955, Alain Resnais, à la demande du comité d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, se rend sur les lieux où des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont perdu la vie. Il s’agit d’Orianenbourg, Auschwitz, Dachau, Ravensbruck, Belsen, Neuengamme, Struthof. Avec Jean Cayrol et l’aide de documents d’archives, il retrace le lent calvaire des déportés dans un documentaire « Nuit et brouillard ».

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