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RESSOURCE EN EAU/
Prix de l’eau : une hausse inévitable, mais à quel point ?

 Lors de la présentation de son Plan eau, Emmanuel Macron a indiqué souhaiter la généralisation d’une « tarification progressive et responsable » de l’eau. Il s’agit ni plus ni moins de mettre en place une tarification progressive des volumes consommés. Comment cela se passerait-il dans le monde agricole ? 

Frapper les gros consommateurs d’eau au portefeuille pour les responsabiliser, c’est en substance l’annonce faite par le président de la République lors de la présentation du Plan eau, le jeudi 30 mars 2023. « Les premiers mètres cubes sont facturés à un prix modeste, proche du prix coûtant, [puis] au-delà d’un certain niveau, le prix du mètre cube sera plus élevé », explique-t-il.

COMMENT SE CALCULE LE PRIX DE L’EAU ?

Ouvrir le robinet d’eau est devenu un geste banal, mais on oublie souvent les moyens mis en œuvre avant de pouvoir accomplir ce simple geste. Toutes les étapes qui vont du prélèvement de l’eau à sa distribution, puis à sa restitution au milieu naturel ont un coût. La première étape est la production d’eau potable. Il s’agit de capter l’eau dans le milieu naturel (nappe phréatique, cours d’eau…), puis de la transporter jusqu’au site de traitement et de la traiter pour la rendre potable. Les coûts à ce niveau portent sur la réalisation et l’exploitation des ouvrages de prélèvement et de traitement de l’eau (puits, forages, usines de potabilisation), leur protection, la mise en place et l’entretien des canalisations d’acheminement, le contrôle de la qualité de l’eau produite (via des analyses).

La seconde étape concerne le stockage et la distribution. Après sa potabilisation, l’eau est stockée dans des réservoirs, puis distribuée aux consommateurs via des canalisations qui constituent le réseau public de distribution de l’eau. Des stations de surpression peuvent être mises en place en fonction des caractéristiques du terrain à franchir. Les coûts à cette étape sont liés à l’entretien des installations, la mise en place d’une supervision de recherche de fuite et la réparation des fuites et le renouvellement des installations.

Enfin, les eaux utilisées sont collectées via un réseau de canalisation d’eau usées, indépendant du premier réseau, puis traitées dans une station de dépollution des eaux. Les coûts de cette dernière phase concernent les investissements pour la création et/ou le renouvellement et l’entretien du réseau de collecte et de transport, la construction et/ou la modernisation et l’exploitation des stations d’épuration, ainsi que la surveillance des rejets dans le milieu naturel. Aussi pour financer toutes ces dépenses, des tarifs sont mis en place et actualisés tous les ans. En général, la facture d’eau couvre  à 40 % le service de l’eau potable, 40 % le service de collecte et de traitement des eaux usées. Les 20 % restants sont dévolus aux redevances perçues par les agences de l’eau, pour la taxe versée le cas échéant à Voies navigables de France (VNF) et pour la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) reversée à l’État.

ET LA TARIFICATION PROGRESSIVE DE L’EAU ?

Dans la plupart des communes françaises, les habitants paient un abonnement de base pour leur eau, puis chaque mètre cube est facturé à un prix unique, quelle que soit la consommation. On estime à 120 m3 la consommation moyenne d’un foyer à l’année. Le Plan eau vise à encourager la baisse de la consommation moyenne. Cette démarche pourrait passer par l’instauration de prix différenciés par paliers. Elle serait avantageuse pour les petits consommateurs, et pénaliserait les plus gros. Ce raisonnement peut être appliqué à des consommateurs moyens urbains pour les inciter à réduire leur consommation, mais cela semble plus compliqué pour des exploitants agricoles qui ont des contraintes d’exploitation et des volumes qui sont difficilement compressibles. En effet, l’eau potable est utilisée pour abreuver les animaux et est indispensable en viticulture, par exemple en cas de certification ! Par ailleurs, il est fréquent que le compteur d’eau familial soit le même que le compteur qui dessert l’exploitation, ce qui complexifie encore un peu plus l’affaire.

La FNSEA 37 s’est saisie de ce dossier et prépare des rencontres avec les collectivités locales ayant la compétence eau potable. L’objectif de ces rencontres est d’échanger sur les pratiques à venir, de rappeler les besoins en eau potable du monde agricole. Le syndicat a bien conscience des besoins financiers des collectivités pour entretenir et renouveler les réseaux notamment, mais elle souhaite que le monde agricole ne soit pas une variable d’ajustement. Une évolution des tarifs à la hausse est indispensable. Elle doit permettre de couvrir les consommations électriques des installations, en particulier les pompages, les frais de traitement de l’eau et le renouvellement des réseaux vieillissants et potentiellement fuyards. Les premières difficultés rencontrées par les collectivités résident dans les aspects réglementaires : ceux-ci ne sont pas encore complètement calés et de nombreux freins existent déjà. Par exemple, la loi interdit de catégoriser les usagers sous peine de discrimination. Il est donc impossible de définir un compteur de résidence secondaire, résidence principale, exploitation agricole…

 

Chiffres clés • Un élevage de bovins allaitants d’une centaine de têtes a besoin de 1 500 à 2 000 m3 par an. • Produire un litre de vin nécessite 10 à 20 litres d’eau potable. La FNSEA 37 prépare des rencontres avec les collectivités locales pour rappeler les besoins en eau potable du monde agricole. 
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