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Cultures intermédiaires
Couvert : pas qu'une contrainte

Les couverts offrent de nombreux avantages. Ils ne sont en revanche pas la réponse à tous les problèmes et doivent être adaptés pour obtenir les résultats espérés.

Les couverts constituent un réel atout dans la rotation mais ce n’est pas pour autant qu’il faut en espérer des miracles. Car la réussite d’un couvert repose sur deux facteurs clés : s’armer de patience et travailler selon un objectif bien déterminé. Bruno Chevalier et Matthieu Loos de la chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire font le point sur les essentiels.

Un objectif à définir

Les cultures intermédiaires interviennent dans la réglementation de la Directive nitrates. Si elles ont pour vocation de capter l’azote du sol, elles présentent également de nombreuses autres fonctions, à condition de se poser les bonnes questions. « En l’absence de travail du sol ou s’il est simplifié, le couvert est indispensable pour la porosité, pour introduire de la matière organique et enrichir en azote » indiquent Bruno Chevalier et Matthieu Loos, techniciens agronomie. Avant de semer son couvert, l’agriculteur se doit de définir un objectif, qu’il soit agronomique, qu’il porte sur la structuration, la fertilité ou serve à ramener du carbone. Mais les techniciens mettent en garde : on ne peut pas tout lui demander. « La logique de l’agriculteur joue sur la réussite. Contrairement à ceux qui ne sèment que pour une raison réglementaire, ceux pour qui le système repose sur le couvert y mettent les moyens en limitant les coûts et en restant vigilants sur l’opportunité de semis. »

Quelle association choisir ?

Le couvert doit être semé le plus tôt possible après la moisson « sauf la moutarde qui ne doit pas monter en graine et ne pas être implantée trop tôt », précise Matthieu Loos. « Il faut profiter de la chaleur qui commence à diminuer fin août » ajoute Bruno Chevalier. En ce qui concerne le choix des espèces, « un mélange aura plus de chance de réussir. Les légumineuses sont importantes d’un point de vue agronomique et doivent idéalement occuper 50 % du couvert. Les crucifères constituent aussi de bonnes Cipan car elles poussent rapidement », affirme l’ingénieur. La culture suivante doit entrer dans le processus de réflexion et ne pas être pénalisée par le couvert choisi. Ainsi mieux vaut éviter une culture qui entretient ou développe des maladies pouvant affecter celle d’après. « Pour cela, la phacélie est bien car elle ne se retrouve pas dans le système. De façon générale, il ne faut pas mettre dans le couvert des cultures qui interviennent dans la rotation. » Par exemple avant maïs, préférer aux graminées du tournesol (s’il ne fait pas partie de la rotation) ou des dicotylédones.

Penser destruction avant semis

Les plantes des couverts sont en principe gélives, mais le gel ne suffit pas toujours pour assurer la destruction du couvert. « La destruction rentre dans les objectifs de départ car fortement liée à la date de semis. Tant que la plante n’est pas à fleur, elle ne sera pas détruite par le gel. La destruction par gel est d’autant plus compliquée avec un mélange d’espèces. La mise à fleur doit intervenir le plus tôt possible », poursuit Bruno Chevalier. L’option mécanique reste un travail d’opportunité. « Le créneau d’intervention est plus restreint pour un roulage ou le passage du crop. Mais nous sommes sur une série d’années avec un automne sec et des opportunités mécaniques plus importantes. » L’opération est moins évidente sur des limons. « Dans ce cas, mieux vaut broyer pour éviter la mise à graine et détruire plus tard », préconise Matthieu Loos. Pour les techniciens, la destruction chimique constitue un plan B qui intervient en dernier recours. « Il est plus facile de trouver un créneau avec le glyphosate, mais c’est à éviter. »

Ne pas tout attendre du couvert

« On ne peut pas tout demander à un couvert. Quand il est semé tôt, il y a des choses qu’on ne peut pas faire, comme le faux-semis. » rappelle Bruno Chevalier. Il existe en effet des interactions entre les objectifs visés, entre désherbage et salissement par exemple. « Le couvert peut aider à diminuer le salissement, à condition qu’il soit dense et homogène – mais ce n’est jamais possible à l’échelle d’une parcelle, d’autant plus s’il ne pleut pas et que le couvert ne lève pas », explique le technicien, qui conseille plutôt de réaliser un faux-semis pour nettoyer une parcelle. « Si l’objectif principal est de désherber, mieux vaut faire un faux-semis puis un couvert réglementaire semé plus tard. Par exemple, pour lutter contre le chardon en place, il est préférable de retarder la date du couvert pour le détruire chimiquement. » Le couvert s’adapte donc aux objectifs de l’agriculteur : « même si le couvert réussit, ce n’est pas en un ou deux ans qu’il va restaurer la fertilité. C’est un travail de longue haleine. » Reste encore la difficulté de le considérer comme une culture à part entière. « La qualité des décisions techniques sera différente quand cette notion sera acquise », conclut Matthieu Loos.

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