Vergers
Compétitifs grâce à l’action collective
Si malgré les crises économiques et la vive concurrence, le verger du nord touraine est toujours
compétitif, il le doit à la qualité de son terroir et aussi à celle des hommes
Si malgré les crises économiques et la vive concurrence, le verger du nord touraine est toujours
compétitif, il le doit à la qualité de son terroir et aussi à celle des hommes
Les exploitations moins nombreuses sont plus grandes. « Nous avons réussi à maintenir une surface plantée stable, autour de 1 500 ha de vergers sur l’ensemble du bassin de production nord Indre-et-Loire et en sud Sarthe voisin », se réjouit Sébastien Delareux. Ça n’est pas tombé du ciel, deux générations de pommiculteurs ont su créer les conditions d’une pérennisation des infrastructures. De longue date, les gars de St Aubin-le-Dépeint et alentours ont construit des collectifs pour vendre et pour moderniser leur outil tout en mutualisant leurs coûts. Gerfruit, Renaissance, Natur’Pom sont autant d’organisations de producteurs leur permettant d’accéder groupés et en cohérence de prix au marché. Historiquement exclus du filet protecteur de la Pac, les arbos en prise directe avec l’économie ont souvent encaissé les coups et beaucoup sont restés au tapis. Quand les cours stagnent au plancher voire à la cave, les erreurs se sont toujours payées cash. Ce contexte a forgé une mentalité autour du collectif, d’autant plus facile à mettre en oeuvre qu’il s’agit pour l’essentiel d’un marché de masse souvent lointain. Quand on vend à Leclerc, Carrefour ou sur l’Angleterre, la concurrence entre voisins à tendance à se délayer. Natur’ Pom par exemple vend la production de neuf arboriculteurs cultivant 210 ha, pour une mise en marché commune de 12 000 t. par an.
L’impossible suppression du TO-DE
Individuellement, les producteurs s’adaptent en renouvelant l’offre variétale. « Nous plantons pour 20 ans alors, dans le choix des variétés comme dans celui de la conduite de l’arbre, mieux vaut viser juste car à chaque hectare planté j’investis 50 000€ », explique Sébastien Delareux, président de l’OP Natur’ Pom. Après Golden, Canada, Granny et Braeburn, les pommes en vogue, toutes bicolores, se nomment Gala, Pink-Lady, Choupette et Jazz. De nombreuses variétés sont produites uniquement dans le cadre de clubs avec un droit d’entrée élevé. Mais c’est souvent incontournable pour accéder aux marchés GMS. Curieusement cette année, c’est la Golden qui nous a offert le meilleur prix en début de campagne. Comme quoi… ! » La pression pour réduire les produits phytos se fait aussi sentir pour le choix des variétés. Si peu de producteurs ont muté vers la conduite bio, beaucoup s’intéressent aux pommes résistantes aux tavelures, comme Opale et Ariane, encore peu connues du public. La formule d’une transition partielle vers la production bio séduit Sébastien Delareux. « Mais ça implique des coûts de main d’oeuvre supplémentaires au moment où l’on nous supprime la déduction fiscale pour les travailleurs occasionnels. Cette décision, qui me coûte 140 000 €/an, ramènera mon résultat moyen en dessous de zéro. Chez moi, j’emploie 20 équivalents temps plein, la fin du TO-DE menace tout ce que l’on construit ici. Si les pouvoirs publics ne nous entendent, ça fera 1 500 chômeurs sur le secteur que l’on devra remplacer par des robots ! »
(1) Ultra low oxygène (taux d’oxygène minimal)