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Conférence débat
Les vers de la réconciliation

Quand on use de pédagogie, d’arguments et d’enthousiasme, on arrive à ébranler certaines convictions injustifiées et profondément ancrées dans l’opinion publique. C’est la démonstration à laquelle se sont livrés les agriculteurs des réseaux Base et de l’Apad, le 22 février dernier, avec la diffusion d’un documentaire suivie d’un débat.

« Merci ». Ce mot, c’est une militante de l’association « Nous voulons des coquelicots »* qui l’a prononcé, lors du débat qui a suivi la projection du documentaire Bienvenue les vers de terre, le 22 février. La première bonne surprise de cette soirée organisée par l’Apad Centre- Val de Loire et le réseau Base était l’affluence. La salle du Ciné A d’Amboise était effectivement quasi pleine. De nombreux agriculteurs dans le public, mais aussi des gens pas forcément acquis à la cause agricole, et encore moins à l’usage des produits phytos.

Le film donne la parole à des agriculteurs pratiquant l’agriculture de conservation avec couverture permanente des sols. Durant un peu plus d’une heure, ils indiquent pourquoi ils ont délaissé le travail mécanique du sol. Ils expliquent le bénéfice qu’ils tirent des espèces végétales qu’ils implantent en intercultures. Ils soulignent l’intérêt de celles-ci pour lutter contre le réchauffement climatique. Ils font part du plaisir qu’ils ont à fouler leurs champs, pour y observer la vie qui s’y trame, les interactions qui s’y lient, au fil du temps, des saisons, au gré du climat. Ils disent surtout l’enthousiasme que leur procure cette démarche.

Le glyphosate objet de toutes les crispations

Quand la lumière de la salle s’est rallumée, Hervé Mauduit, Anthony Quillet et Fabien Labrunie, tous trois agriculteurs en Indre-et-Loire, ont pris le relai. Accompagnés de Sarah Singla, présidente de Clé de sol, et de Michael Preteseille, apiculteur professionnel, ils ont répondu sans détour à toutes les questions des spectateurs.

A la députée du Lochois Sophie Auconie, qui s’interrogeait pour savoir comment « soutenir politiquement cette révolution », la présidente de Clé de sol a été très claire. « La première chose, c’est de nous laisser le glyphosate. Nous ne l’employons jamais sur des cultures qu’on fait pousser. Sur l’équivalent de 2 terrains de foot, nous en épandons l’équivalent d’un litre et demi. On ne cherche pas à vous empoisonner. »

Le glyphosate, le mot qui fâche a été lâché. C’est sur celui-ci qu’ont le plus buté les participants, conduisant même une petite poignée d’entre eux à quitter la salle. Une fois la perturbation passée, Anthony Quillet a fait part de résultats d’analyses effectuées sur sa production : « il n’y a aucune trace de glyphosate. » « Nous n’utilisons pas ce produit en pré-récolte pour assécher nos cultures », a enchaîné Sarah Singla.

« Non, le glyphosate ne tue pas les abeilles, a assuré Mickaël Preteseille. C’est un herbicide, pas un insecticide. Il ne faut pas faire l’amalgame. Le premier problème des abeilles, c’est le manque de nourriture ! » Et justement, la couverture permanente des sols offre aux butineurs de quoi s’alimenter toute l’année, a-t-il fait savoir.

« On manque terriblement d’informations », admettait une participante. « Pourquoi vous ne communiquez pas plus sur ce que vous faites ? » « Ce n’est pas dans notre ADN, on est des paysans à la base, expliquait Fabien Labrunie. Et puis ça ne fait pas le buzz ». Il a d’ailleurs indiqué les difficultés rencontrées rien que pour trouver un point de chute pour organiser cette conférence débat, et le manque de relai dans la presse locale. « On n’est pas les personnes qu’on vous montre à la télévision, a-t-il poursuivi. Il y a des coquelicots dans mes champs et plein d’autres fleurs aussi. Venez voir ce qu’on fait chez nous. »

 

* L’association « Nous voulons des coquelicots », créée l’été dernier, milite pour l’interdiction de tous les pesticides de synthèse.  

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