Equilibre sylvo-cynégétique
Cohabitation gibier et forêt : quelles pistes de solution ?
En cas de dégâts sur les arbres, quelles solutions à une éventuelle surpopulation de gibier dans un bois ?


Pour essayer de limiter les dégâts causés par le gibier sur les arbres, il faut s’intéresser à l’alimentation de base du grand gibier. « Initialement, le chevreuil mange principalement des ronces, mais il est qualifié de fin gourmet. Et c’est quand il manque de ronces, l’hiver, qu’il mange autre chose. Le cerf, lui, mange principalement des graminées, mais aussi des ligneux, des châtaignes, des glands, du houx, du buis, des genêts, de l’écorce », a expliqué Antoine de Lauriston du CRPF.
Sur des sols un peu trop acides, il n’y a pas de ronce, les animaux manquent donc de nourriture. Ce milieu ne peut donc supporter une trop forte densité d’animaux puisqu’il ne peut les nourrir.
Lorsqu’une partie de forêt peu productive fournit suffisamment de nourriture (jeunes repousses de taillis sans valeur économique), il vaut parfois mieux contenir le gibier dans cette zone, pour « protéger » le reste du bois.
L’éclaircie sélective, qui va permettre à une partie de la lumière d’atteindre le sol, est également une solution incontournable. Davantage de nourriture se développera, ce qui limitera les dégâts sur les arbres. Sachant par ailleurs que chevreuils et sangliers consomment aussi les fruits de chênes et des châtaigniers.
Badigeonner les plants résineux de Trico © (répulsif biodégradable à base de graisse de mouton), peut aider à éloigner les chevreuils. Une opération à renouveler 2 à 3 fois par an durant les premières années de la plantation, coûtant 12 à 15 centimes d’euros en produit par plant. Moins cher qu’une clôture, mais d’un coût non négligeable.
Tout est aussi dans la stratégie globale du secteur géographique. « Le domaine vital du cerf (aire où vit ordinairement l’animal) est d’environ 1000 ha et celui du chevreuil d’environ 35 ha pour un mâle adulte, souligne Antoine de Lauriston. Si on replante en faisant en sorte qu’il y ait de la nourriture, mais que c’est la disette sur les parcelles voisines, les animaux mangeront tout ce qu’ils pourront dans la plantation nouvelle. » Il est en tout cas toujours opportun de repérer les dégâts dans une forêt pour voir si une replantation serait judicieuse, et si oui s’il faut la protéger.
Du côté de la gestion de la population de gibier, la mutualisation des plans de chasse peut être efficace. Car parfois, des territoires sont gérés de façon différente alors qu’un groupe d’animaux les occupent de façon globale, se déplaçant de l’un à l’autre. La possibilité de les prélever sur l’ensemble de la zone réellement occupée aiderait à mieux réguler leur nombre.