GDA : conforter ses choix par l’échange
Ils sont une quinzaine autour de la grande table installée sous le hangar d’Alain Baron à Orbigny. Ambiance bon enfant, plaisir de se retrouver autour de sujets techniques, une thématique par nature consensuelle autant que vitale.

Avant de partir en tour de plaine, Franck Paineau le conseiller du GDA de Loches-Montrésor, donne le la en invitant les présents à faire état de leurs préoccupations techniques. Ses réponses sont courtes, pratiques, précises, argumentées. Manifestement ses propos sécurisent les adhérents. En mai, avec le retour de la pluie, le tour de table aborde naturellement les fongicides sur céréales. Avec au moins 10 mm autour de floraison, la fusariose est comme un poisson dans l’eau. C’est la souche Fusarium nivale, favorisée par une météo humide qui menace cette fois. Le risque ira crescendo si des pluies conséquentes - entre 30 et 40 mm - se déversent ce prochain week-end. L’autre souche, Fusarium roseum, est, elle, directement favorisée par un précédent maïs.
Prothioconazole, tébuconazole, prochloraz… quelle molécule choisir ? Le conseil est de privilégier des cocktails en conformité avec la réglementation. Quelle est la fenêtre la plus propice pour appliquer le produit protecteur ? La sortie des premières étamines apparaît comme le meilleur moment. « L’ouverture des glumes favorise la pénétration du champignon », souligne Franck Paineau en saluant la précaution, adoptée en céréales par de nombreux agriculteurs, du mélange variétal qui limite le risque en décalant les floraisons.
Doctement, le conseiller rappelle l’effet désinfectant du traitement dernière feuille mais aussi la perméabilité de la couverture fongicide. « Le traitement fusa., c’est une assurance à 50 %. S’il était raisonnable de faire l’impasse sur le T1, il est temps d’investir sur un T3, un traitement de fin de saison dont l’efficacité est aussi directement corrélée au volume épandu. On recherche l’effet badigeon ». Un apport d’azote est envisageable à ce stade, si le sol est portant, pour limiter la dilution des protéines du grain, mais seulement sur les parcelles les plus en retard, encore au stade épiaison.
MÉTÉO : LE MORAL EN DENTS DE SCIE
Si le retour de la pluie a détendu les esprits, la remontée des températures tarde pour accompagner une pousse rapide et homogène des cultures de printemps. Alentours, le son des canons effaroucheurs et les épouvantails montrent les efforts faits pour tenter de dissuader corneilles et pigeons.
Le stress reste sous-jacent dans les esprits depuis cette trop longue période de gels printaniers et de vent froid séchant. La pluie est arrivée trop tard pour abreuver les orges semées dans les terres légères.
Le tour de plaine qui suit la réunion rappelle que le pouvoir de compensation des colzas devrait souvent combler le manque de pieds. « Avec 4000 siliques au mètre carré, le rendement est fait », explique le conseiller. L’oléagineux, entre temps, a subi parfois la grêle comme en témoignent les impacts dont il faut surveiller la cicatrisation. La crainte porte le nom de Mycosphaerella, un pathogène signalé par des tâches grisâtres et des points noirs. Les siliques sont en phase de remplissage mais les pucerons gourmands de sève élaborée aussi. Les températures basses et la pluie engourdissent des auxiliaires peu nombreux. La régulation naturelle tarde à venir.
Côté protéagineux, il est temps d’intervenir une dernière fois sur pois, si nécessaire, pour contrer les velléités de propagation des maladies. Le tour de plaine montre leur virulence, à l’image d’une parcelle de féverole fortement affectée par le botrytis. Le conseiller préconise une intervention immédiate et signale des soucis de bactériose gélive sur semences pourtant certifiées. Le groupe s’accorde sur l’intérêt d’une production fermière des semences mais toujours à partir de parcelles parfaitement saines.
Le désherbage revient de façon récurrente dans les conversations ; l’interdiction de molécules efficaces, le développement de molécules résistantes conduisent les agriculteurs à s’interroger sur le modèle blé, orge, colza. Au fil des saisons, le paysage montre que la diversification est en marche. L’allongement des rotations, l’introduction de nouvelles cultures permettent de rompre le cycle de la flore envahissante. Sylvain Métivier, jeune agriculteur à Montrésor, a retenu pour cette campagne un assolement blé, orge, colza, féverole et pois. « J’ai remplacé le tournesol qui revenait trop souvent par du colza, mais le colza semé sur des sols argileux superficiels a souffert du sec ».