Pâturage
De la bonne gestion des haies
Gérer efficacement ses haies présente de multiples intérêts. Avec certaines régions de l’Indre pour exemples, le point sur la gestion et l’entretien de ces barrières naturelles.
Gérer efficacement ses haies présente de multiples intérêts. Avec certaines régions de l’Indre pour exemples, le point sur la gestion et l’entretien de ces barrières naturelles.
Le parcage des animaux et la préservation des haies sont des nécessités réglementaires et sécuritaires pour tout éleveur. Pourtant, dans le nord de l’Indre, ces paysages de bocages comme il en existait en Champagne berrichonne ont aujourd’hui complètement disparu au profit de grands espaces cultivés. Les agriculteurs de Boischaut sud et de la Brenne ont quant à eux préservé cet environnement.
Conserver le couvert de la haie
L’entretien des haies doit être réalisé dans le souci de conserver leur intérêt agroécologique. La taille d’une haie doit être méthodique et réfléchie. Bien souvent, elles sont coupées de façon trop importante sur leurs trois faces, ce qui les empêche de jouer un rôle limitant contre les adventices.
« Une haie, plus on la taille plus elle pousse, plus elle pique si elle est composée d’espèces type épine noire par exemple et plus elle repousse du pied, expliquait Benjamin Culan, conseiller agroforesterie à la chambre d’agriculture de l’Indre, lors d’une journée « haies et clôtures ». Or l’objectif est qu’elle se développe en hauteur afin qu’elle conserve son utilité de couvert du sol. Quand on fait un sondage auprès des agriculteurs sur la longueur de haies de leur exploitation ou le temps de travail consacré et le coût de leur entretien, les réponses sont très floues ou évasives. Pourtant, la haie est un élément prépondérant dans une région comme la nôtre. Sans parler des obligations liées à la PAC, elle procure en système d’élevage de nombreux avantages : apporter de l’ombre pour les animaux, éviter qu’ils changent de parcelle de manière intempestive, préserver la biodiversité…
Economiquement, elle peut aussi permettre aux agriculteurs de se diversifier et d’apporter des solutions nouvelles dans les bâtiments d’élevage. En effet, le bois broyé peut être utilisé comme combustible pour les chaudières bois. La vente de plaquettes est un revenu supplémentaire non substantiel qui est à prendre en compte. Le paillage bois est un autre débouché possible. Moins cher et tout aussi efficace que la paille, la litière peut être réutilisée comme fertilisant après un stockage obligatoire de deux mois pour l’écoulement des effluents. Malheureusement, cet impact n’est pas encore bien assimilé car les anciennes pratiques sont encore bien ancrées. »
De façon générale, il faut conserver au maximum les arbres de haut jet qui procurent le plus d’ombre. Les tailles annuelles systématiques ne sont pas obligatoires, il faut laisser le temps à la haie de se former.
Privilégier la lutte mécanique
Outre la taille, la lutte contre les adventices en bord de haie est une problématique qui doit être gérée de manière raisonnée. Des espèces comme le chardon ou les ronces s’y installent régulièrement. Plusieurs solutions s’offrent aux éleveurs : l’option chimique, l’option mécanique ou la réalisation d’une bande de semis composée d’espèces à intérêt fourrager.
Le désherbage chimique peut être mené de manière sélective ou totale. Le principal avantage de cette méthode reste le temps de travail. Après application du produit, le résultat attendu est globalement bon, mais certains risques existent. La contamination d’autres espèces par le produit suite à une mauvaise manipulation du matériel, le lessivage du sol ou encore la menace d’érosion du sol, notamment en traitement chimique total.
Marine Féret, conseillère en agronomie production végétale à la chambre d’agriculture de l’Indre, souligne que « pour l’utilisateur c’est un gain de temps certain, mais la mise à nu du sol peut précipiter son érosion du fait de l’absence de réseau racinaire pour le maintenir. En plus, l’utilisation de produits phytosanitaires n’est pas sans danger pour les cultures à proximité. L’intervention mécanique n’est donc pas à négliger. Il existe actuellement des matériels efficaces à des prix abordables. »
Epareuse ou broyeuse ?
Des outils comme les épareuses ou les broyeurs sous clôture aboutissent à de bons résultats. Les épareuses restent chères et peu maniables, notamment à l’approche du piquet de clôture, mais elles présentent l’avantage d’avoir un débit de travail élevé. Les broyeurs sous clôtures permettent d’avoir une approche plus précise du débroussaillage à entreprendre. Ces machines ont en effet la possibilité de contourner les piquets des clôtures, soit par l’intermediaire d’un palpeur, soit manuellement. Le rendement est plus faible qu’avec une épareuse mais l’investissement sera beaucoup moins élevé pour l’éleveur.
La réalisation d’une bande de semis est une option qui n’a pour le moment pas été étudiée en profondeur ; elle pourrait néanmoins apparaître comme une solution alternative. « L’intérêt est d’utiliser des espèces faciles d’entretien pour éviter la prolifération des plantes invasives, précise Marine Féret. Le réensemencement sous les clôtures avec des RGA, de la fétuque rouge, de la fétuque ovine ou du paturin des prés permettra aussi aux animaux de valoriser la bande enherbée. Même si, à l’heure actuelle, aucun suivi n’a été réalisé dans l’Indre, cela peut être un moyen supplémentaire intéressant et facile à mettre en oeuvre. »