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Dégâts de gibier : l’agrainage interdit en Touraine

Devant l’envolée du coût des dégâts, les risques de collisions routières liés à la présence trop importante de sangliers, la DDT a décidé d’interdire tout agrainage en janvier et février 2022 dans tout le département.

Depuis de nombreuses années, nous demandons l’interdiction de l’agrainage », explique Hervé Lenté, le responsable de la section dégâts de la FNSEA 37. L’argument de la fédération des chasseurs pour résister à l’interdiction était toujours le même : l’efficacité insuffisante de la mesure, le faible impact de l’agrainage sur la taille des populations de sangliers. A cet argument, le monde agricole répondait qu’il n’était pas dupe : l’agrainage notamment par le maïs est une dépense, un investissement des sociétés de chasse pour stabiliser des compagnies importantes de sangliers et assurer plus facilement la satisfaction des actionnaires.

 

Epandre quelques grains au mètre carré - un apport symbolique -, a sans doute peu d’impact. Mais comment faire la différence entre les très faibles apports et les quantités importantes qui nourrissent les sangliers et améliorent la prolificité ? L’an passé, l’interdiction concernait quelques communes. Mais la dispersion limitait l’impact de la mesure. Devant la recrudescence des dégâts, l’administration a décidé d’élargir à tout le département l’interdiction d’agrainage en janvier et février 2022.

 

« Nous sommes conscients que, temporairement, cela peut conduire à plus de dégâts dans les prairies et les cultures aux alentours », explique Henry Frémont, président de la chambre d’agriculture. « Mais notre objectif, et celui de la DDT, est de disperser les populations et de faire qu’ainsi il y ait des opportunités de tirs partout pour les chasseurs. C’est un investissement pour diminuer les populations et les dégâts à moyen terme ». « Arrêt de l’agrainage en janvier - février et accentuation de l’effort de chasse, les deux sont complémentaires », complète Hervé Lenté.

 

Dans certaines exploitations, les dégâts se chiffrent à plusieurs milliers d’euros et l’indemnisation ne couvre pas toutes les pertes. Pour cet éleveur du nord-est du département, concerné, l’arrêt de l’agrainage et de l’affouragement en janvier et février va, en plus des sangliers, avoir comme avantage de disperser les populations de cervidés : « dans notre zone il y a des chasses privées qui agrainent systématiquement depuis des décennies et, année après année, nos dégâts augmentent. »

 

« IL FAUT CHASSER »

Interrogé par Pascal Denis, journaliste à la Nouvelle République (édition du 10 décembre), Alain Belloy, président de la fédération des chasseurs (FDC) 37, expliquait le lourd impact financier des dégâts de sangliers, environ 1 million d’euros pour 2021 : « Si on ne fait rien, la facture sera de l’ordre de 1,2 million d’euros pour 2022, avec l’augmentation des prix. »

 

Les données montrent qu’il n’y a pas eu, globalement, plus de surfaces impactées. Mais les rendements, en maïs notamment, et les prix étaient plus importants. Le président de la FDC 37 concédait que « les chasseurs n’ont pas suffisamment pris la mesure de ce problème qui a un prix. Celui-ci est devenu insupportable. » Interrogé par Terre de Touraine, Alain Belloy rappelle que la FDC 37 a toujours été contre l’affouragement et pour son interdiction. Concernant l’agrainage encadré et raisonné que la FDC défendait les années précédentes, il prend acte de son interdiction en janvier et février. « C’est un message fort. On verra son résultat. » La FDC partage la volonté de réaction des pouvoirs publics. « Pour nous c’est plus l’accentuation d’au moins 25 % de l’effort de chasse qui sera efficace. » La FDC a envoyé un courrier aux sociétés de chasse leur demandant que tous les territoires soient chassés au moins tous les 15 jours. Et ce, « entièrement, sur tout le territoire pour déloger les sangliers », insiste le président de la FDC 37.

 

MODIFIER LA GESTION

La période, sur plusieurs décennies, d’augmentation de la population de chevreuils, biches, cerfs et sangliers a atteint un plafond. Avec l’évolution sociétale, le nombre de chasseurs diminue. Dans certains massifs, l’intérêt pour la chasse au sanglier n’est plus le même. Pour les responsables agricoles, il faut réduire la prolificité du grand gibier pour qu’elle soit ajustée à la capacité de régulation des chasseurs. Comme la FDC 37, elle estime qu’il ne doit plus y avoir de lieu non clos, non chassé.

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