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Des pratiques à faire évoluer dès maintenant

Alors que le réchauffement de la planète entraîne des stagnations, voire des baisses de rendements dans la région, les adhérents du GDA Sud-Ouest Loire ont invité un expert en agro-climatologie pour leur assemblée générale. L’objectif étant de voir les perspectives envisageables pour tenter d’en limiter les effets. 

Sur les 175 agriculteurs qui adhèrent au GDA SOL, 80 ont fait le déplacement à leur assemblée générale qui s’est déroulée ce début juin, à la salle des fêtes de Sepmes. La matinée, réservée aux aspects statutaires, fut l’occasion de revenir sur les moments forts de l’année 2022. Outre les différents tours de plaine effectués, la question du recrutement d’un conseiller fourrage a été évoquée. La redynamisation du secteur du Richelais était également à l’ordre du jour. Son animation, via notamment la mise en place d’essais agronomiques, devrait voir le jour rapidement. Après un repas pris dans la convivialité, l’après-midi était consacrée à l’intervention de Serge Zaka, docteur en agro-climatologie. Il est venu présenter l’impact du changement climatique sur les exploitations agricoles tourangelles.

DES AMPLITUDES IMPORTANTES

Suite à un bref coup d’œil dans le rétroviseur, force est de constater que l’année 2021 restera dans les annales. La chaleur du mois de mars suivi du gel d’avril aura eu raison d’une bonne partie des fruits et du vin français. Quant à l’année 2022, elle est qualifiée par l’intervenant comme la plus chaude jamais enregistrée en Europe de l’Ouest. Malheureusement, d’après les scientifiques, ce scénario sera la norme dans l’Hexagone d’ici 2050. Bien évidemment, ces chaleurs extrêmes provoquent des stress hydriques et thermiques, chez l’animal comme au sein des cultures. D’après la station météorologique de Tours, les précipitations entre 1961 et 2022 ont augmenté sur l’année de 2 à 3 %. En revanche, ces pluies tombent moins l’été ou sous forme orageuse, source de ruissellement important. Et les températures estivales haussières favorisent une évapotranspiration importante.

LE POTENTIEL DES BLÉS PEU AFFECTÉ

Côté rendement, le changement climatique devrait avoir peu d’impacts sur le blé tendre. Les fortes chaleurs et la sécheresse sont sources de stress important en période de remplissage du grain, mais la hausse du taux de CO2 dans l’atmosphère est bénéfique à la plante. Ce dernier augmente sa photosynthèse, et donc sa capacité à produire des grains. De plus, l’évolution du climat fait qu’il est récolté de plus en plus tôt. Il souffre ainsi moins des sécheresses estivales comparé aux cultures de printemps comme le maïs. D’après le spécialiste, les rendements de colza devraient continuer à croître dans la région. Son important système racinaire et sa réaction au taux de CO2 lui permettront de lutter contre le manque d’eau l’été. Concernant les pois protéagineux, les stress hydriques et/ou les échauffements rencontrés durant les périodes de floraison et de remplissage occasionneront une baisse des rendements dans les prochaines années. Les fourrages connaîtront une stabilité de leurs rendements sur l’année. Seule la répartition de la pousse de l’herbe sera différente, en fonction des périodes de précipitation. Mais quid de leur qualité alimentaire ? Enfin, le maïs ne réagit pas à l’augmentation du taux de CO2 dans l’atmosphère et nécessite beaucoup d’eau en période estivale. Sa sole devra sans doute diminuer dans les prochaines décennies. Pour aller à l’encontre de ces rendements qui stagnent, voire diminuent, de nouvelles espèces pourraient être ensemencées en Touraine, à l’image du sorgho. Mais les freins sont aujourd’hui encore nombreux. La filière n’est pas totalement en place, et l’agro climatologue estime qu’une quinzaine d’années sont nécessaires pour la consolider. Comparé à un maïs, très utilisé dans les élevages locaux, la production de matière sèche est moindre. Enfin, des aspects financiers et de formation sont nécessaires. Or, ce n’est pas envisagé à ce jour par les pouvoirs publics.

LES PRODUCTIONS ANIMALES AUSSI CONCERNÉES

Les vaches laitières subissent et continueront de subir des jours de stress thermique plus nombreux. Quand une vache a chaud, elle mange moins et consomme beaucoup d’énergie à refroidir son corps. Cette énergie n’est pas consacrée à la production laitière. Les experts ont remarqué également qu’elle se couche moins, augmentant ainsi les phénomènes de boiterie. D’après Serge Zaka, d’ici 2100, le nombre de jours de stress thermique pour les vaches laitières sera multiplié par deux en Touraine. Les bovins allaitants semblent moins sensibles à ces problématiques. Les bâtiments d’élevage devront donc évoluer pour maintenir la production laitière dans la région. Des systèmes de ventilation et de brumisation devront être mis en place pour améliorer le confort des animaux. L’alimentation devra sans doute évoluer. Tout comme la présence d’ombrage au sein des pâtures, qui doit se développer. Peu de nouveautés donc dans cet exposé, mais des notions qu’il est primordial de rappeler. « Une fois de plus, nous travaillons sur le long terme. Il est nécessaire de s’adapter dès maintenant à cette évolution climatique si nous ne voulons pas aller droit dans le mur », a alerté Serge Zaka. Pour lui, « il est indispensable que les agriculteurs adaptent leurs pratiques à leur terroir, notamment en fonction de la ressource en eau disponible. » 

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