METIER
Dans la peau d’un marchand de bestiaux
Dernier négoce privé d’Indre-et-Loire, Touraine Bétail a été créé il y a plus de 120 ans à Château-la-Vallière. Rencontre avec les deux gérants qui nous partagent leur quotidien.
Dernier négoce privé d’Indre-et-Loire, Touraine Bétail a été créé il y a plus de 120 ans à Château-la-Vallière. Rencontre avec les deux gérants qui nous partagent leur quotidien.
“Mon arrière-grand-père vendait des chevaux de trait au début des années 1900 », introduit Pascal Veille, troisième génération à vivre au lieu-dit La Cure à Château-la-Vallière. Il est associé depuis une dizaine d’années à Teddy Hurteloup, son beau-fils. « À nous deux, nous commercialisons environ 400 têtes par semaine, précisent les deux hommes qui emploient trois chauffeurs et une secrétaire. Notre spécialité, c’est la viande bovine. »
La zone de chalandise de l’entreprise s’étend sur le 37 et les départements limitrophes (excepté la Vienne.) « La majorité de notre clientèle est composée d’éleveurs, laitiers ou allaitants. Nous travaillons le veau de 15 à 30 jours, les broutards de 8 à 12 mois, les bovins maigres et les bêtes à viande », précise Pascal Veille.
Un planning cadré
En quoi consiste une semaine type chez Touraine Bétail ? Le lundi est consacré au ramassage des broutards avant leur tri sur le site de Château-la-Vallière. Certains sont commercialisés à des engraisseurs locaux, quand d’autres partent à l’export. Les broutards qui ne correspondent pas aux commandes de la semaine sont emmenés au marché de Cholet. « C’est aussi là-bas que l’on achète les animaux qu’il nous manque pour honorer nos propres commandes », précise Pascal Veille.
Le mardi, les deux hommes et leurs salariés trient les derniers broutards avant leur expédition. C’est également le jour de ramassage des veaux de 15 à 30 jours dans les fermes, qui sont à leur tour triés puis expédiés vers des bâtiments d’engraissement.
Le mercredi est réservé à la prospection terrain pour les deux hommes, tout en gérant par téléphone la logistique avec leur clientèle habituelle d’éleveurs et le ramassage des bêtes à viande.
Le jeudi, après le tri au centre d’allotement, les animaux sont en partie livrés aux abattoirs de la région. Sablé-sur-Sarthe, Vitré ou encore Le Lion-d’Angers font partie des destinations régulières.
Enfin, le vendredi matin est consacré à la prospection pour les broutards. Tandis que l’après-midi permet aux deux hommes d’effectuer les tâches administratives de la SARL.
« Nous sommes nous-mêmes à la recherche de personnel pour estimer des animaux, mais recruter est difficile »
Estimer, puis alloter
Ils se rendent en direct dans les fermes. « Nous effectuons alors une estimation de la (des) bête(s) », poursuit Teddy Hurteloup. Sur la base de plusieurs critères : les besoins de l’abattoir déjà, mais également « la race, le poids, l’état d’engraissement ou encore la classification. » À ce sujet d’ailleurs, les deux chefs d'entreprise regrettent la disparition de ces connaissances professionnelles sur le terrain. « Nous sommes nous-mêmes à la recherche de personnel pour estimer des animaux, mais recruter est difficile », déplorent-ils.
Outre l’estimation des bêtes, l’un des principaux rôles d’un marchand de bestiaux consiste à alloter. « Nous effectuons les lots en fonction des mêmes critères que pour l’estimation », disent-ils. Sans oublier les contraintes logistiques.
L’évolution du marché préoccupe les deux professionnels. La consommation de viande est en baisse et les habitudes de consommation évoluent. Désormais, le haut de gamme tend à diminuer, laissant place au haché, dont est friande la jeune génération.
Côté tarif, les deux gérants se fient à des grilles éditées chaque semaine par les abattoirs. « Ces prix dépendent en partie de la demande et de leurs stocks. Mais il faut reconnaître qu’ils sont meilleurs qu’auparavant », apprécient-ils.