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Maladies du bois de la vigne
Esca : les vignerons acteurs majeurs de la lutte

Montés et animés par les chambres d’agriculture dans le cadre du plan national de lutte contre le dépérissement de la vigne, les réseaux Mobilisation Innovation Vigneronne sont déployés sur tout le territoire. Le Val de Loire prend largement sa part et le fait savoir. 

Fléau des vignobles comparable au phylloxera, l’esca est pourtant une maladie méconnue du grand public. Par souci d’image de marque, les vignerons n’ont pas spécialement cherché à communiquer auprès du grand public préférant évoquer la qualité de leurs millésimes. Il n’empêche, cette pandémie de la vigne, qui réduit la récolte en moyenne de près de 5 hl/ha/an, est devenue une grande cause nationale concrétisée par un plan national contre le dépérissement du vignoble amorcé en 2014 et lancé en 2016. Ce plan est la conclusion d’une méta-analyse qui en 2015 a étudié plus de 7 000 publications sur le sujet et identifié 72 facteurs susceptibles de contribuer directement ou indirectement aux dépérissements. La profession a voulu faire connaître les efforts consentis pour comprendre et espérer endiguer, l’esca. 
A Panzoult le 5 juin, le réseau des chambres d’agriculture a invité la presse nationale à prendre la mesure de la mobilisation et de l’innovation vigneronne dans le Val de Loire. En présence du président d’Interloire, Bernard Artigue, girondain et vice-président de l’APCA et Henry Frémont ont transmis un message essentiel aux médias présents : « les principaux acteurs de la lutte contre les maladies du bois, ce sont les vignerons. 


La Touraine mobilisée

« Les viticulteurs ne sont pas des récepteurs en bas d’une pyramide mais réellement des acteurs de première ligne » expose Anastasia Rocque, ingénieure coordinatrice nationale en charge du projet MIVigne. Mobilisation et Innovation Vigneronne a pour objectif d’améliorer la perception et la prise en compte des dépérissements et de l’impact du changement climatique, notamment les sécheresses et les gels de printemps. Les viticulteurs-acteurs se forment, expérimentent, innovent, échangent au sein du programme MIVigne. Une dynamique où ils coconstruisent des itinéraires techniques de prévention. Ce réseau national d’observations tous azimuts a été conçu pour anticiper les crises et identifier les actions correctrices. Le voyage de presse a parcouru les vignes de Renaud et Boris Desbourdes à Panzoult sur l’appellation chinon, avant de partir en Anjou. Les méthodes connues de prévention de la maladie ont été détaillées. La famille Desbourdes, qui cultive les 15 ha du domaine de la Marinière, privilégie la taille Guyot Poussard à deux demi-baguettes respectant les flux de sève en périphérie. En évitant la création de zone de bois mort, le travail des vignerons limite le développement des champignons pathogènes. Sensibilisés depuis plusieurs campagnes, les vignerons de la Touraine font figure de chefs de file de la taille, respectant les flux de sève pratiquées selon une récente enquête par près de 80.% des viticulteurs. Outre le curetage, le recépage au-dessus du point de greffe et le surgreffage en dessous sont, avec la complantation, deux outils efficaces mais coûteux à mettre en œuvre. Anastasia Roque a évoqué les essais sur la luminosité  qui, en créant des puits de lumière, favorise la pousse des jeunes pieds (lire « il le dit : Boris Desbourdes). De Nantes à Blois, neuf réseaux de viticulteurs-acteurs sont actifs. Débuté à l’automne 2017 MIVigne mobilise plus de cent vignerons mais aussi des pépiniéristes. Durant les premières réunions de réseau qui se sont tenues en janvier 2018, les vignerons ont fait état de leurs essais respectifs et comparé leurs pratiques. 


Un réseau national et une plateforme internet
En Indre-et-Loire, la thématique principale aborde le changement climatique et notamment l’augmentation du stress hydrique. A St Nicolas-de-Bourgueil, les vignerons testent l’impact des engrais foliaires sur le stress hydrique et l’effet hauteur de rognage. Chinon s’est mobilisé sur la complantation et la luminosité, le curetage et le recepage tout en testant des protocoles engrais verts. Vouvray axe sa contribution sur le matériel végétal : la greffe anglaise et le test du point de soudure. L’action porte aussi sur le profil des racines à la plantation et les travaux en vert comme l’ébourgeonnage. Tout en reproduisant les observations sur ces sujets, Amboise, Touraine observent l’effet « retard de la mise à fruit », comparent les densités de plantation et de mode d’entretien des sols. A l’image du Val de Loire, toute la France viticole est mobilisée par bassin de production sous la houlette des chambres d’agriculture. Les réseaux sont ouverts et de nouveaux vignerons sont invités à les rejoindre. Au fur et à mesure de leur collecte toute l’actualité du plan national de dépérissement est chargée en ligne sur la plateforme collaborative www.plan-deperissement-vigne.fr. 
En octobre 2017, Interloire a contribué à la rédaction d’un webzine à destination de la filière pour montrer l’implication du Val de Loire dans le plan national de dépérissement. « Nous y avons présenté le plan régional de renouvellement des vignes mères de pré-multiplication et du multiplication » explique Charlotte Mandroux. Un webzine pour mettre en valeur la démarche ligérienne concernant les observatoires régionaux de suivi des dépérissements et des résultats d’essais sur l’impact œnologie des maladies du bois ( à voir www.plan-deperissement-vigne.fr/webzine.   


L’imagerie pour suivre l’esca à la trace 
Hormis ce tour d’horizon des techniques connues de prévention, peu d’avancées pour l’instant du côté de la recherche pour lutter contre l’esca. Anastasia Roque cite une innovation à suivre concernant la visualisation de l’invasion cryptogamique. L'IFV de Montpellier développe son projet VITIMAGE qui utilise des techniques d'imagerie médicale, notamment l'IRM pour mieux comprendre le développement des champignons responsables des maladies du bois et la structuration des ceps. L’imagerie par résonnance magnétique différencie les types de tissu et permet de visualiser le déplacement des molécules d'eau dans les tissus. L'intérêt de cette technique non destructive est de pouvoir suivre le développement des champignons pathogènes dans le bois. Il s'agit de comprendre le rôle de chaque champignon et son impact sur les tissus mais cela peut aussi permettre de développer des outils de détection, de suivi, d'évaluation de la tolérance des cépages dans les programmes de création variétale ou encore d'évaluation de molécules de lutte. Un autre programme reprend la pratique courante des forestiers d’évaluation de la croissance des cernes. Le programme Tradevi se propose d’adapter la dendrochronologie à la vigne pour reconstituer sa croissance et détecter des anomalies. Des enquêtes en cours en Aquitaine et dans le sud-est devraient aboutir à la création d’indicateurs sanitaires et physiologiques et d’un outil en ligne. Il permettra d’avoir une approche systémique d’une maladie multifactorielle.  


Il le dit
Etudier la concurrence à la captation lumineuse

Boris Desbourdes vigneron chinonais a rejoint le réseau des fermes Dephy et apprécie le partage d’expériences avec ses collègues. « Pour ma part, j’aimerai travailler sur le retour en production de jeunes ceps complantés. Sur mon exploitation, j’observe une entrée en production longue des complants. S’agit-il d’une concurrence racinaire entre le jeune plant et les pieds ? Je pense plutôt à une concurrence liée à la captation de la lumière, les pieds en place faisant de l’ombre aux jeunes plants. Grâce au réseau je vais tester cette hypothèse. »  

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