Fourrages : une campagne précoce plutôt bien lancée
Les rendements en quantité sont dans l’ensemble très corrects, et la valeur alimentaire semble là aussi. Les sols hydromorphes ont en revanche clairement pâti de l’hiver très pluvieux. Le printemps, avec sa douceur et ses quelques millimètres d’eau, rassure les éleveurs.

L’année est marquée par des récoltes de fourrage très précoce, commencées dès le 20 mars par endroits. Eric Dutel, à Neuvy-le-Roi a réalisé sa première coupe de ray grass d’Italie le 25 mars, suivie de celle des prairies temporaires, principalement de la fétuque. Il est confiant sur la qualité, et satisfait du volume, pour une date aussi précoce. « La somme des températures était déjà atteinte, on a 15 jours à 3 semaines d’avance, constate l’agriculteur. L’avantage de la fétuque c’est qu’elle résiste mieux au temps sec et aux excès d’eau, elle est bien adaptée à notre type de sol, sur des parcelles de longue durée. » L’éleveur a terminé l’hiver avec un peu de stock, « et là, vu la récolte, si on a encore un peu d’eau, on pourra refaire les stocks sans difficulté ». Selon lui, l’important est de se fier au stade des fourrages, et non à la date, « il ne faut pas s’entêter à vouloir du volume. Il vaut mieux avoir de la qualité et une bonne repousse. »
Richard Sénéchaud, éleveur à Morand, avait semé beaucoup d’herbe, pour être sûr de ne pas manquer. Il a fauché et ensilé son ray grass-trèfle début avril, avec un volume satisfaisant et une qualité semblant au rendezvous. L’éleveur précise qu’il a « mis de l’engrais de bonne heure, dès l’atteinte des 200 °Cj ». Certains voisins, en fonction de l’eau tombée, ont eu moins de chance en matière de rendement, et certaines parcelles de fétuque notamment ont pâti du sec.
La deuxième coupe chez Richard, ce sera d’ici une semaine et demi. « Elle ne va pas tarder, mais elle va être moins belle. Le cycle de repousse de l’herbe s’est fait dans le sec, avec 3 semaines - 1 mois sans eau, l’herbe va être basse. » Certaines de ses parcelles ont tout de même bénéficié de 20 à 25 mm le week-end dernier, donc tout reste possible.
Des stratégies adaptées à la météo
Dans le sud du département, David Massé a ensilé lui aussi dès le 3 avril. « En RGI, on a un rendement de 5 t de MS/ha, sur une moyenne de 40 ha. On a déjà les résultats d’analyse et ils sont très bons : 1 UF par kg et 38 de MS en 48 h », se réjouit l’éleveur. La petite partie de dactyle, fétuque, mélange a donné un rendement identique, grâce à des terrains sableux, et 46 mm de pluie depuis le 1er avril. « Certains, qui ont des terres humides, commencent juste à ensiler, et auront un volume moins important. J’ai 1 ha de fétuque en terrain argileux, je ne l’ai pas encore fauché, ça ne poussait pas. » Après cette première coupe, une partie des parcelles va rester en prairie, et l’autre a été semée en maïs, qui ont d’ailleurs déjà levé.
Du côté de Charnizay, Gérard Gaborieau du Gaec Limeray a fauché fin mars ray grass et fétuque. « On avait jamais fauché aussi tôt », souligne-t-il. Le ray grass avait été semé tôt, après la moisson, pour être récolté en automne. Mais la météo pluvieuse en a décidé autrement, et la coupe a attendu le printemps. Pour la partie des terres argileuses, le chantier a, en revanche, commencé 15 jours à 3 semaines après les parcelles sableuses. « Il manque environ un tiers de volume. Il faut dire qu’on avait ressemé du ray grass sur d’anciennes prairies de fétuque, ça a levé mais ça n’a pas poussé. On a semé sur certaines parcelles sans avoir mis de lisier, on voit un énorme écart par rapport aux prairies fertilisées », explique l’agriculteur.
Gérard est confiant pour la suite, surtout que les sols ont reçu 14 mm il y a 3 semaines et 30 mm en plusieurs fois depuis le 25 avril. Une eau qui était attendue après les 3 semaines de temps sec qui ont suivi la première fauche.
Une bonne valeur énergétique
De façon générale, les coupes ont été précoces, avec les ray grass d’Italie en première ligne. Selon Thomas Gisselbrecht, conseiller Herbe et fourrages à la chambre d’agriculture 37, les rendements des coupes jusqu’au 5-10 avril, oscillent entre 2 et 4,5 t/ha, « avec une moyenne tournant autour de 3 à 3,5 t/ha pour les prairies temporaires et 4 t pour les ray grass d’Italie. C’est tout à fait correct. » En prairies permanentes, et notamment en fétuque, certains se sont « pris quelques claques, car à certains endroits elle a épié au 1er avril, à cause d’un stress lié à l’excès d’humidité ».
Les analyses sont encore à leurs débuts mais la valeur énergétique s’annonce bonne. « En valeur d’azote, il y aura de tout », complète le conseiller.
Les deuxièmes coupes auront lieu pour beaucoup cette semaine ou la semaine prochaine. « La deuxième pousse a commencé dans le sec et le froid, mais ça a bien poussé la semaine dernière », précise Thomas GIsselbrecht. Dans l’ensemble, peu d’éleveurs ont entamé leur ensilage du nouveau cru, donc la situation est plutôt saine au niveau des stocks. Les premières coupes de légumineuses et de méteil, quant à elles, sont en train de démarrer, lorsque les conditions météo le permettent.