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Chaussée des Géants : bien plus qu’une légende
Constituée de plus de 40 000 colonnes juxtaposées ayant des airs d’escalier naturel, la Chaussée des Géants, au nord de l’Irlande, est un des sites les plus impressionnants du monde. Tellement extravagant qu’il alimente une légende à la dent dure.
Constituée de plus de 40 000 colonnes juxtaposées ayant des airs d’escalier naturel, la Chaussée des Géants, au nord de l’Irlande, est un des sites les plus impressionnants du monde. Tellement extravagant qu’il alimente une légende à la dent dure.
Envie de dépaysement taille XXL ? En cette période de déplacement contraint, heureusement que rien n’interdit de rêver à des contrées lointaines. Et en matière de rêve, la Chaussée des Géants fait tout à fait son office.
Situé dans le comté d’Antrim au nord-est de l’Irlande, ce site classé au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1966 offre un spectacle totalement surréaliste. A tel point que certains privilégient le récit légendaire pour en expliquer l’origine. Un récit auquel les habitants locaux sont toujours très attachés.
Querelle de géants
Selon celui-ci, l’affaire qui remonte à des temps reculés met en scène deux géants qui vivent l’un en face de l’autre : le premier (du nom de Finn Mac- Cool) en Irlande et le second (Benandonner) en Écosse. Ces deux rivaux invétérés n’ont de cesse de s’insulter à hue et à dia. Chacun souhaite en découdre avec l’autre, mais il n’existe aucune embarcation de taille suffisante susceptible de leur permettre de franchir la mer les séparant.
Un jour, le géant écossais pousse le bouchon un peu trop loin en salissant la réputation de la femme de Finn MacCool. Excédé, ce dernier construit une route à travers la mer pour régler son compte à son rival. Il pose ainsi des pierres les unes contre les autres… jusqu’à former un gigantesque pavement. Courageux pour mener à bien une telle entreprise, Finn MacCool l’est un peu moins pour se mesurer au géant écossais, qui était deux fois plus grand que lui. Sans tenter de s’y frotter, il rebrousse illico chemin et révèle sa déconvenue à son épouse.
Pressentant que l’affaire n’allait pas en rester là, celle-ci le déguise en nourrisson. Quand Benandonner débarque chez eux et tombe sur ce bébé, il prend peur : bigre, si l’enfant est d’une telle taille, mieux vaut éviter le père ! A son tour, il prend ses jambes à son cou. Et pour être sûr que Finn MacCool ne puisse le suivre, il détruit la chaussée derrière lui en regagnant l’Ecosse. En Irlande, il ne reste donc de cette voie que les pierres qui constituent aujourd’hui la Chaussée des Géants.
De la légende à la réalité
Bien que très surpris par l’époustouflante découverte qu’il a devant lui, le promeneur s’en tient souvent à une version beaucoup plus rationnelle. La Chaussée des Géants est une formation volcanique inouïe, composée de 40 000 tubes polygonaux quasi parfaits, empilés les uns à côté des autres, comme les pièces d’un puzzle. Ils sont constitués d’un basalte gris et débutent au pied d’une falaise verdoyante pour disparaître dans la mer. Certains atteignent jusqu’à 12 mètres de hauteur, leur sommet est plat, ce qui évoque la forme d’un pavé.
L’ensemble résulte de l’érosion par la mer d’une coulée de lave basaltique datant de 50-60 millions d’années. Période durant laquelle la région d’Antrim est le siège d’un activité géologique intense du fait de l’ouverture de l’océan Atlantique. Des laves basaltiques forcent un passage à travers les couches géologiques calcaires ; une fois refroidies elles ont formé un grand plateau basaltique.
C’est seulement à la fin du XVIIe siècle que la Chaussée des Géants est portée à la connaissance du grand public irlandais, grâce à un article diffusé à la Royal Society de Londres. Il faut ensuite attendre un demi-siècle, lorsque des aquarelles peintes par Susanna Drury sont récompensées, pour que sa renommée devienne internationale.
Les touristes ont commencé à s’y presser au XIXe, et la destination est depuis toujours très prisée. D’accès libre, les adeptes de tranquillité préfèrent s’y aventurer tôt le matin ou en fin de journée. Car qui sait, loin du brouhaha de leurs congénères, ils y entendront peut-être l’écho des querelles des géants…