« La Limousine, un bon compromis »
Installé en octobre 2017 en élevage allaitant à Charnizay, Marc-Antoine Bourdon nous vient de Belgique. Un curieux de génétique et passionné d’élevage qui n’a pas choisi la Limousine par hasard.
Marc-Antoine Bourdon a repris une exploitation il y a à peine un an en Indre-et-Loire, mais il est déjà satisfait de sa première saison de vêlage. A la tête de 82 vaches allaitantes et 100 ha de terres, le naisseur- engraisseur mène son troupeau à la baguette, ou plutôt à la voix, comme en témoigne l’arrivée sans délai de ses limousines dès qu’ils les appellent.
Quel parcours vous a mené de la Belgique à l’élevage de limousines à Charnizay ?
Au départ, j’ai été en même temps conseiller de gestion et éleveur de bovins blanc bleu belge, la race à viande de référence en Belgique. J’avais l’objectif d’avoir une exploitation à plein temps, mais en Belgique le foncier est beaucoup trop cher, c’était impossible. Alors avec ma conjointe on a fait le choix de venir en France. J’ai découvert la race Limousine pendant une expérience de naisseur-engraisseur dans la Vienne, sur une exploitation où on pratiquait 90 % d’inséminations artificielles (IA). Et finalement on a pu reprendre cet élevage de Limousines à Charnizay, avec beaucoup d’IA et un super troupeau.
Quelles sont vos ambitions sur l’exploitation ?
Je dois amortir les bâtiments, alors je voudrais vendre mes animaux en taurillons plutôt qu’en broutards. L’objectif général, c’est d’obtenir plus de viande avec le même nombre d’UGB, donc avancer les vêlages à 24-26 mois, au lieu de 36 mois pour une période de reproduction. Sinon, j’ai fait du pâturage tournant cette année, et grâce à ça les animaux prennent beaucoup plus. Donc je vais continuer, pour un engraissement plus rapide.
Comment suivez-vous les améliorations sur le troupeau ?
Je suis adhérent au contrôle de performances avec la chambre d’agriculture, c’est très utile. Ça permet par exemple de réformer l’année suivante les vaches dont les veaux auront peu grossi, ou de voir si la ration fonctionne bien. A l’oeil nu, on ne peut pas le savoir.
Le Herd-book vous apporte également des éléments ?
C’est contraignant financièrement, mais ça apporte un service, pour l’aide à l’accouplement par exemple. Et surtout, c’est un oeil extérieur, donc c’est toujours intéressant. Il faut toujours chercher à évoluer.
Pourquoi avoir choisi la race Limousine ?
La Limousine a l’image d’une vache sauvage, moins docile par rapport à la Charolaise ou la Blonde d’Aquitaine, mais pour moi, elle n’a plus ce défaut aujourd’hui. Je l’ai choisie parce que je trouve qu’elle est un bon compromis : le vêlage est très facile et la race est assez viandée. Aujourd’hui, le poids standard de carcasse est moins élevé qu’avant, 450 kg environ, donc elle correspond bien, pas trop grosse et avec une bonne morphologie. Et l’engraissement des taurillons reste simple. J’aime bien le gêne sans-corne aussi, il a l’avantage d’être moins lourd, et évite d’avoir à écorner les veaux pour notre sécurité.
La sécurité, c’est un critère important pour vous ?
Oui, je la mets avant tout. Un animal pas gentil, qui lève la tête et les oreilles à mon arrivée, je le repère directement et le réforme. Cela peut arriver avec les vaches trop maternelles. J’en réforme 2-3 par an pour ces raisonslà, pour ne pas perturber le troupeau. Parce qu’une vache dangereuse va perturber les autres alors qu’à l’inverse, quand il y a des animaux super dociles, les autres vont les suivre.
Avec des animaux aussi dociles, envisagez-vous de participer à des concours ?
Aujourd’hui, je ne me vois pas participer au Concours national limousin par exemple. Je préfèrerais participer aux concours de bêtes grasses, par exemple celui de Ferme Expo, et emmener des animaux qui correspondent aux critères au moment voulu. Je n’ai pas envie de devoir retarder des IA, des lactations, pour emmener des bêtes à un concours. Pour moi, c’est antiéconomique. Mais vendre des reproducteurs, ce serait top.