Aller au contenu principal

Légumes et robotique
Le maraîchage s’initie à la cobotique

Les légumes et les robots font bon ménage, mais les travailleurs des serres y trouvent-ils leur compte ? C’est un nouveau couple humain-machine qui doit apprendre à vivre ensemble.

La station expérimentale en maraîchage sud Bretagne (SEHBSchambres d’agriculture) a conduit une expérimentation avec la MSA, sur la réduction de la pénibilité et du temps de travail en maraîchage biologique. La station visitée l’an dernier par une délégation de maraîchers d’Indre-et-Loire s’est équipée d’un robot de désherbage mécanique (Oz 440) polyvalent. Le robot évalué par la station est équipé d’une panoplie de huit outils adaptables, pour une autonomie de 3 à 10 h selon la génération de batterie. Il a également été utilisé comme porteur de charges (plants, récolte, opérateur). Le test s’est révélé moyennement concluant du côté de la maîtrise des adventices entre le témoin et la petite machine, dont le travail a permis de réduire notablement le temps de désherbage manuel sur la zone inter-rangs. La robotisation, comme attendu, n’a pas encore réussi à remplacer la main de travailleur pour enlever la flore concurrente sur le rang de légumes (adventices restant sur le rang/m2 : témoin = 25 pieds ; robot = > 60 pieds). « Des efforts sont à faire du côté de l’utilisateur en lien avec Naïo Technologies, pour mieux combiner les outils sur le robot et améliorer le désherbage sur le rang », remarque Maët Le Lan, ingénieure de recherche. Les deux systèmes (avec ou sans robot), fondés sur une désintensification de la rotation (6 cultures en 4 ans), aboutissent à une augmentation et une diversification d’adventices s’implantant progressivement. La station pratique pourtant bien le faux semis, mais un travail trop profond du terrain déstocke inutilement les graines enfouies. Le résultat est contraire à l’attendu.

TMS : 9 maraîchers sur 10 affectés

L’autre volet de l’expérimentation aborde la réduction du temps de travail et la pénibilité. Les données de la MSA sont indéniables, neuf maraîchers sur dix souffrent de troubles musculosquelettiques (TMS). Le robot supprime la posture laborieuse du genou posé et allège notoirement le temps passé à désherber (temps de désherbage/ m2 : robot 48’ ; manuel 84’), ce qui permet d’accroître la disponibilité pour vendre ses légumes par exemple. Le service prévention de la MSA Bretagne a élaboré une grille de

pénibilité, passant au crible les opérations de binage, palissage, effeuillage et de récolte des légumes, avec leurs effets sur les différentes parties du corps sollicitées. Lucien Laizé, agriculteur multiplicateur de semences potagères (49), a utilisé le robot durant deux saisons pour biner. « Le robot nous décharge de tâches pénibles. Sur un chantier de scalpage de choux, nous n’avons pas travaillé plus vite mais le robot a maintenu une cadence sans mal au dos. Il faut penser à adapter l’irrigation au passage de l’outil. » Gestes, postures, efforts, chocs, vibrations, charge mentale… Le groupe de travail pénibilité, monté par la MSA avec le concours d’une élève ingénieure de la station, a évalué la pénibilité avec ou sans le robot. Pour la plantation, le robot est utilisé comme chariot mobile suivant automatiquement l’opérateur. En évitant de tirer une caisse, il allège la charge portée- tirée, préserve un peu le dos. Il apporte un réel confort comme poste de travail en hauteur à avancement réglé sur la vitesse d’attachage d’un fil, ou pour la cueillette (haricots à rame, tomates). Mais l’absence de commandes en hauteur, de dispositif anti-chute en font un outil en devenir à ce sujet, qui doit faire l’objet d’améliorations. En conclusion, l’entrée de robots dans les exploitations maraîchères est désormais une réalité, qui va conduire les professionnels à adapter des itinéraires au robot, voire à standardiser l’exploitation à la machine et à devenir des maraîchers rompus à la cobotique. C’est-à-dire à la collaboration homme-robot, à l’interaction, directe ou téléopérée, entre homme(s) et robot(s) pour atteindre un objectif commun. Cette expérimentation vise à évaluer le prix qu’un maraîcher serait prêt à accorder à la pénibilité, dans un contexte de raréfaction de la main-d’œuvre.  

Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 5,54€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Terre de Touraine
Consultez le journal Terre de Touraine au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter du journal Terre de Touraine
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Terre de Touraine.

Vous aimerez aussi

Comment gérer les adventices demain ?
   Une quinzaine de céréaliers du nord Touraine planchent sur la gestion des adventices dans les prochaines années.
DES STRATÉGIES NOMBREUSES EN VINGT ANS D’ACTIVITÉ
  Alors que cela fait dix ans qu’il a quitté l’AOC touraine amboise, Bernard Catroux, vigneron à Limeray, retravaille ses sols pour limiter le recours
Des coûts de production en hausse
Alors que la récolte arrive à son terme en cette fin mai, le bilan de la campagne semble plutôt satisfaisant cette année.
« Chaque vigneron veut se différencier sur ce marché porteur »
   A l’occasion du concours des crémants de Loire, le directeur de l’AOC est revenu sur la dynamique positive et les sujets de travail de l’appellatio
« C’est le rôle de la chambre d’accompagner techniquement l’ensemble des agriculteurs »
  La journée grandes cultures organisée conjointement par l’INRAe de Nouzilly et la chambre d’agriculture d’Indre-etLoire se déroulera le 25 mai proch
UNE STRATÉGIE GLOBALE DE COUVERTURE DES SOLS
  L’agronome Konrad Schreiber livre sa vision de la conduite de la vigne, faisant la part belle aux couverts, dans une logique d’agroécologie.
Publicité