Stéphane Linou et Marc Fesneau évoquent l’enjeu local de la « résilience alimentaire »
De nombreux élus ont participé le 22 septembre à une conférence-débat consacrée à la résilience alimentaire des territoires, liée à la sécurité intérieure. Stéphane Linou intervenait sur le sujet, en présence du ministre de l’agriculture Marc Fesneau, qui a participé au débat.
La chambre d’agriculture 37 et l’association Projets pour le Val de Loire* ont organisé le 22 septembre une conférence-débat sur le thème « Résilience alimentaire et sécurité nationale, un enjeu local », à destination des élus. Pour l’occasion, le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Marc Fesneau a été invité pour participer aux échanges. L’intervenant Stéphane Linou est l’auteur du livre « Résilience alimentaire et sécurité nationale », formateur et consultant, à l’origine du mouvement locavore en France. Il est d’abord revenu sur l’évolution de notre rapport à la nourriture. « Au départ, nous allions la chercher. Puis nous l’avons fait pousser et élevée près de nous, avant de la sécuriser collectivement en nous organisant en villages. Aujourd’hui, la nourriture vient à nous, résume Stéphane Linou. Comment elle arrive ? Jusqu’à quand ? Avec quels stocks ? Avec quelle maîtrise de la chaîne ? On ne se pose pas la question car le sujet ne semble plus problématique. » Jusqu’à il y a un siècle peut-être, la pénurie était la règle, l’abondance étant l’exception. « La société était donc organisée autour de la pénurie, avec des actions individuelles en cas de rupture d’approvisionnement : stocks, jardins familiaux…
Et les politiques étaient expressément chargés d’assurer la sécurité alimentaire », énonce l’intervenant. Des territoires très peu autonomes en alimentation Stéphane Linou estime qu’ensuite, les générations au ventre plein ont considéré la question alimentaire comme réglée. « Le foncier est devenu une variable d’ajustement des autres politiques. Puis avec le transport facile, les territoires se sont focalisés sur les productions où ils se sentaient forts et se sont rendus dépendants d’autres territoires », continue le consultant. C’est ainsi qu’il explique le constat actuel : les territoires sont autonomes en alimentation à hauteur de seulement 2 % en moyenne, une faiblesse en cas de crise. Or le consultant est frappé par le fait que les territoires ne soient pas préparés à une éventuelle rupture d’approvisionnement alimentaire. « La non territorialisation de notre alimentation et la non préparation de nos infrastructures sont de nature à troubler la sécurité civile nationale, lance Stéphane Linou. Car combien de temps tiendrait-on en cas de rupture d’approvisionnement sans se taper dessus ? Nos infrastructures ne sont aujourd’hui pas dimensionnées pour gérer des risques systémiques. » « Les consommateurs ont un rôle à jouer, avance-t-il encore. En f léchant leurs achats vers des productions locales au juste prix, ils fabriquent de la sécurité alimentaire, entretiennent les infrastructures locales nécessaires. »
*L’association vise à favoriser les relations entre producteurs, distributeurs, artisans et restaurateurs du Val de Loire.