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Horticulture
"Un marché où il faut être visionnaire"

Le secteur des pépiniéristes-horticulteurs est représenté en Indre-et-Loire par une poignée d’hommes et de femmes seulement. Les évolutions majeures de ce marché ces dernières années nécessitent en effet une grande capacité d’adaptation, dont ont fait preuve les pépinières Doussin.

Trois entreprises principales se partagent le marché de l’horticulture en Touraine, dont deux qui représentent 80 % des salariés du secteur. Avec les pépinières Crosnier à Nazelles-Négron, ce sont les pépinières Doussin, à Cinq-Mars-la-Pile, qui pèsent le plus lourd. Une histoire qui ne date pas d’aujourd’hui, puisqu’elles ont été créées par l’arrière-arrière-grand-père de Jacques Doussin, en 1885.

Une demande diversifiée

Quinze salariés au total font tourner les deux structures : la pépinière et la partie négoce. « Sur la partie production de végétaux, nous avons dix salariés », précise Jacques Doussin, dont l’épouse gère notamment la relation clientèle de la société. Quelque 90 ha de cultures quasiment d’un seul tenant leur permettent de produire toutes sortes de végétaux. « Nous avons 50 ha de céréales et 40 ha de pépinières, et on respecte une rotation pour que la terre se repose, entre les cultures de pépinière qui se font sur du long terme », explique l’entrepreneur. Pour s’adapter à la demande diversifiée, les Doussin font également de l’achat-revente de végétaux, par l’intermédiaire de leur SARL Val de Loire production. « Ça nous permet d’offrir une gamme complète. Depuis une quinzaine d’années, nous avons une plateforme de vente en Ile-de- France pour redistribuer les produits, qu’on alimente une fois par semaine. C’est plus pratique car on a une clientèle parisienne historique », explique le pépiniériste. C’est par ce biais que 30 % environ de la production est écoulée. Lorsqu’il reprend les rênes en 1985, Jacques Doussin fait en effet le choix de rester généraliste. « On propose des rosiers, des arbres fruitiers, des conifères, des arbustes d’ornement… » Sage décision, car après la période faste des années 60 aux années 80, l’entreprise n’a pas échappé à la crise arrivée il y a un peu moins de dix ans. « L’activité est beaucoup plus compliquée car le marché change vite. Or on est sur des productions de long terme, et on ne peut prévoir les demandes que les clients auront dans plusieurs années pour s’y adapter à l’avance. Il faut essayer d’anticiper, d’être visionnaire et ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier ! », explique l’horticulteur.

Des concurrents sérieux

Les clients, ce sont des paysagistes, des collectivités locales, ainsi que les particuliers pour un tiers du chiffre d’affaires. Ceux-ci bénéficient aujourd’hui d’une offre importante en végétaux, provenant du monde entier. « Depuis 20 ans, les échanges de végétaux dans le monde ont beaucoup progressé, note le pépiniériste. Nous sommes en concurrence notamment avec l’Ukraine, qui a de bonnes terres et de la main d’oeuvre bon marché ; mais aussi avec l’Italie, l’Espagne, la Belgique, la Hollande, l’Allemagne… Ce sont des pays où les contraintes fiscales sont moindres et/ou la main d’oeuvre moins chère. » La vente directe se développe et les demandes changent, « les gens veulent de plus en plus de graminées dans leur jardin, comme les fétuques, le miscanthus et de nouvelles variétés, constate le pépiniériste. Mais l’arbre fruitier reste une valeur sûre. » Le professionnel a un rôle de conseil auprès des clients, pour choisir les plantes les plus adaptées à nos régions, et mettre en garde par rapport aux plantes exotiques : il ne faut pas oublier que les périodes de froid peuvent faire descendre la température à – 15 °C ici… « On nous demande des végétaux avec pas trop d’entretien et pas trop d’arrosage, vu les périodes de sécheresse que nous connaissons maintenant. » Pour entretenir leurs plantes, Jacques conseille à ses clients des produits de l’agriculture biologique, la pépinière étant elle-même en lutte raisonnée par rapport à l’usage des produits phytos, utilisés en dernier recours. Il constate d’ailleurs qu’ainsi les plantes sont moins confrontées à des problèmes de maladie qu’auparavant.

Savoir suivre les évolutions

Pour lui, la main d’oeuvre est un facteur limitant pour le développement du secteur. « C’est un métier qui attire peu car on ne sait pas le valoriser. Pourtant, il faut de véritables compétences ; un greffeur par exemple met plusieurs années à bien maîtriser les gestes. Et les technologies nouvelles se sont développées : le laser pour des plantations droites, le guidage par GPS… » Pour rester dans la course, les pépinières Doussin comptent développer la vente au détail, dans l’air du temps, et continuer à apporter le conseil, qui fait leur réputation. Comme le producteur le fait remarquer, « pour s’en sortir, il faut se faire connaître, utiliser les nouvelles technologies et suivre l’évolution de la mécanisation ». L’entreprise a su jusque-là tirer son épingle du jeu, et a déjà des pistes de reprise en vue de la retraite de ses gérants. Les pépinières Doussin et leur réputation de qualité n’ont donc pas fini de faire partie du paysage horticole.

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