2022, l’année des extrêmes
L’année 2022 restera synonyme de prix du lait en nette hausse qui ont compensé des charges d’exploitation élevées chez les éleveurs. Le marché des produits laitiers a quant à lui subi d’importants bouleversements.
L’année 2022 restera synonyme de prix du lait en nette hausse qui ont compensé des charges d’exploitation élevées chez les éleveurs. Le marché des produits laitiers a quant à lui subi d’importants bouleversements.
Environ 90 personnes ont fait le déplacement pour l’assemblée générale annuelle de la coopérative du Lochois. Après avoir remercié ses associés, compréhensifs face à sa nouvelle fonction de président de la laiterie, Denis Raguin a ouvert la 114e assemblée générale de la laiterie, le 1er juin. L’année 2022 restera dans les mémoires des producteurs de lait, en bovin comme en caprin, notamment grâce à la hausse des prix. Les volumes collectés connaissent également une courbe ascendante.
EN BOVIN, DES VOLUMES EN LÉGÈRE HAUSSE
En lait de vache, le litrage collecté s’élève à 64,5 millions de litres sur l’année, en augmentation relative par rapport à 2021. La hausse continuelle de la technicité des éleveurs et la qualité des fourrages en sont les principales raisons. A noter que la part de lait labelisé « Délice de Touraine » est en hausse de 4 millions de litres, « avant tout pour répondre au besoin du marché », précise Denis Raguin. Le volume de lait bio reste quant à lui stable, à 3 millions de litres. Tous labels confondus, cette production émane de 172 éleveurs répartis sur 99 exploitations. La qualité est, quant à elle, en léger retrait, un corollaire à la hausse des volumes. Ainsi les taux de matière grasse et de matière protéique tendent à diminuer faiblement. Quant au prix, les hausses sont significatives. Par comparaison à 2021, les adhérents ont vu leurs payes de lait augmentées de 28 % en conventionnel, 26 % en « Délice de Touraine* » et « seulement » 17.5 % en bio. « Certains producteurs ont pu profiter de cette hausse pour réaliser des investissements sur leur exploitation, notamment pour leur transmission », a déclaré le président. « En revanche, cette hausse importante a aussi été en partie absorbée par la hausse des charges », regrette-t-il. A noter que l’accroissement de la taille des ateliers est une réalité. La production moyenne par exploitation augmente de 45 000 litres entre 2021 et 2022. Déjà en 2022, la valorisation du lait bio devenait tendue. « Les consommateurs tendent à se détourner de ce produit haut de gamme », condamne le président. Bien que l’âge moyen des exploitants se situe à 48 ans, force est de constater que 47 % d’entre eux ont plus de 50 ans. « Le renouvellement des générations est donc une priorité pour conserver l’élevage en Touraine-Berry, synonyme entre autres d’entretien des paysages », a martelé Denis Raguin.
CÔTÉ CAPRIN, AOP ET BIO SUBISSENT L’INFLATION
En 2022, la production issue des 29 exploitations caprines adhérentes représente 4,3 millions de litres, soit 9 % de plus qu’en 2021. Comme en lait de vache, cette augmentation des volumes entraine une baisse de la qualité, non significative. Le prix moyen du lait AOP était de 997 €/1 000 litres sur l’année. Si 50 % des éleveurs sont âgés de plus de 50 ans, un petit tiers a moins de 40 ans. Cette part importante de jeunes est de bon augure pour l’avenir de la laiterie, comme l’illustre le président dans ses propos : « Je vois de la jeunesse dans la salle et je m’en réjouis. Cela signifie qu’on peut s’installer et vivre de notre métier en région TouraineBerry. » Côté commerce, les AOP sont à la peine. Bien qu’une hausse du prix du lait de 11 % soit relevée, les volumes commercialisés diminuent, notamment à cause de l’inflation. Le prix payé du lait bio (qui représente un éleveur à Verneuil) augmente quant à lui de 10 %. Afin de répondre à son objectif n°1 qui reste la recherche maximale de valeur pour les éleveurs et les collaborateurs, la laiterie de Verneuil poursuit ses investissements (cf. encadré.) Malgré l’inflation généralisée en 2023, les adhérents et le conseil d’administration misent sur une prise de conscience des consommateurs pour acheter français, qui plus est local. La filière caprine reste à surveiller dans les choix stratégiques de la coopérative. « Nous étions habitués à ce que le lait de chèvre tire le lait de vache vers le haut, résume le directeur. Cette année, c’est l’inverse. » En point d’orgue de l’assemblée générale, Philippe Bruneau (ancien président) et sa femme, ainsi que Grégoire Joubert (administrateur) qui étaient présents ont été chaleureusement remerciés pour leur investissement. Après des décennies d’engagement au sein de l’outil coopératif, tous trois profitent désormais d’une retraite bien méritée.
* Le lait « Délice de Touraine » est valorisé 15 € supplémentaires des 1 000 l.