Auparavant collègues salariées, dorénavant amies associées
Après s’être rencontrées au travail, Sophie Caro et Mélanie Tranchant ont franchi le cap en s’associant au sein d’une exploitation agricole. Passionnées de chèvres, elles ont créé « l’Instant caprin. »

A tout juste trente ans, les deux amies ont fait le pari de s’installer ensemble. Auparavant salariées chez un artisan fromager du sud Touraine, Mélanie Tranchant et Sophie Caro reprennent début 2022 une ferme à Bournan, près de Ligueil. Passionnées par la production caprine et après plusieurs années de salariat au sein de la filière, elles investissent 430 000 euros. « J’ai toujours voulu m’installer, explique Sophie. C’est pour cette raison que j’ai suivi le parcours à l’installation en 2018. Seulement à l’issue de cette formation, je n’ai pas trouvé de ferme à reprendre qui me correspondait. » C’est ainsi qu’elle enchaine les missions agricoles, principalement en élevage porcin. « Quand j’ai vu que cette ferme était à vendre, je l’ai visitée avec mon conjoint, se remémore Sophie. Elle correspondait plutôt bien à mes attentes avec cette notion d’élevage peu important et la présence d’un atelier de transformation. » Rapidement, elle motive Mélanie, sa collègue de l’époque, à franchir le pas. Après plusieurs échanges entre les deux couples et les indispensables démarches auprès des organismes bancaires, les deux jeunes femmes s’installent en février.
100 % PRAIRIE
« Nous avons donc racheté la totalité de l’exploitation, détaille Mélanie. Le cheptel, les bâtiments et les 18 hectares qui leur sont accolés. » Les cédantes travaillaient exclusivement en Cuma, le matériel étant presqu’inexistant sur l’exploitation. Les deux amies ont fait le choix d’une stratégie diff érente. « Nous faisons exclusivement du foin sur nos terres, explique Sophie. Nous avons donc décidé d’investir dans le matériel de fenaison. Ainsi, nous sommes autonomes et pouvons réaliser nos chantiers quand bon nous semble. » Les semis de luzerne sont quant à eux confiés à un voisin. « Tout comme les céréales nécessaires à la ration de nos animaux, nous les achetons à un confrère proche. » Pour cette année, les deux associées vivent sur les stocks de paille des cédantes. « Mais nous souhaitons par la suite acheter de la paille en andain. »
DES POINTS DE VENTE DIVERSIFIÉS
Les 68 chèvres à la traite produisent une gamme de fromages variée : « Nous produisons des bûches, des yaourts, des tomes, du camembert et des faisselles », expliquent les deux jeunes femmes. Chaque jour, elles transforment la totalité du lait produit. « Puis, nous commercialisons notre production au sein du marché de St-Avertin le vendredi après-midi et Monts le samedi matin », poursuit Sophie, en charge de la vente. « Nous livrons également cinq restaurateurs, un magasin de producteurs et nous avons un point de vente à la ferme. » Le week-end, les deux gérantes ne transforment pas leur lait. « Ainsi, nous pouvons nous dégager un week-end sur deux et profi ter d’une vie de famille », explique Mélanie. Seule la traite est réalisée par l’une des deux associées, le lait étant livré à la Cloche d’Or. Côté organisation du travail, elles réalisent beaucoup de tâches quotidiennes ensemble, même si la vente à l’extérieur et la partie administrative sont plutôt la charge de Sophie. Mélanie s’occupe, quant à elle, davantage du magasin de vente à la ferme et du soin aux animaux. Sur les conseils de leur centre de gestion, Sophie et Mélanie ont fait le choix du statut de SAS. Ainsi, elles sont salariées de leur propre entreprise. « De ce fait, nous payons certes un peu plus de cotisations auprès de la MSA, mais nous cotisons davantage pour la protection sociale et la retraite que les formes juridiques agricoles classiques. »
ET LES PROJETS DANS TOUT ÇA ?
« Nous souhaitons changer notre salle de traite pour une installation plus ergonomique, expliquent les gérantes. Ainsi nous gagnerons en temps et en confort de travail. » Les maris de chacune d’entre elles, qui travaillent à l’extérieur, participent volontiers aux améliorations de l’exploitation. « Ce sont nos maris respectifs qui vont nous aider pour réaliser les travaux », se félicitent-elles. Elles aspirent également à investir dans deux silos de stockage verticaux. « Nous souhaitons faciliter notre travail au quotidien et stocker les céréales dans les conditions optimales », détaillent-elles. Une belle aventure pour ces deux jeunes femmes qui, selon leur prévisionnel, devaient perdre de l’argent cette première année. « La comptabilité n’est pas encore bouclée, mais nous partons plutôt sur un bénéfi ce », glissent les deux amies, sourire aux lèvres.