Aller au contenu principal

Catastrophes naturelles : des maux pour soigner la planète

   Après une année particulièrement orageuse et grêligène, les propos de Raymond Piccoli, un astrophysicien, apporte  son éclairage sur les causes des catastrophes naturelles. Elles réparent selon lui la planète de nos excès. 

Raymond Piccoli, astrophysicien et directeur du laboratoire de recherche sur la foudre est intervenu lors des Rencontres mutualistes de Groupama. C’est sur un ton plein d’humour et de piquant qu’il a expliqué les causes des orages grêligènes de 2022 et surtout leurs bénéfices… car oui il y en a.  « Il faut imaginer que nous vivons sur un vaisseau spatial naturel qui a des boucliers autoréparants », illustre Raymond Piccoli. L’orage et la foudre créent des faisceaux lumineux que l’on appelle farfadets. Ces derniers sont créés afin de reconstituer l’atmosphère. « Donc mécaniquement, plus on endommage l’atmosphère, plus elle va vouloir se réparer et donc plus il va y avoir d’orage », décrit l’astrophysicien. Cet exemple illustre les liens entre les actions néfastes de l’activité humaine sur la planète et les catastrophes naturelles que nous subissons mais qui lui permet de se réparer, de se rééquilibrer.  Le climat est l’expression d’une action. Il est la réaction, la conséquence d’une action. Les orages, tempêtes, ouragans sont des systèmes de sécurité. « Au regard de tout ce qu’elle a vécu cette planète, c’est prétentieux de dire qu’il faut la sauver. C’est notre espèce qu’il faut sauver », préconise-t-il.

Va-t-on manquer d’eau ?

Raymond Piccoli distingue sur Terre 2,8 % d’eau douce, dont 1,9 % de glace et 0,9 % disponible. « C’est une situation peu réjouissante… Oui, actuellement on manque d’eau. Si on voulait reconstituer l’eau souterraine des nappes, il faudrait qu’il pleuve en continu pendant un an et demi. Mais il ne faut pas oublier que l’eau est un cycle. L’eau tombe du ciel et y retourne avant de tomber une nouvelle fois. Ce qui importe, c’est la manière dont on la consomme quand elle est là », tient-il à préciser.  En France, 58 milliards de m3 ont été consommés en 2022. L’astrophysicien précise : « Si on ramène à 100 litres, 14,55 sont utilisés pour l’eau potable dont 6 dans les fuites ». 14 litres sont dans les canaux fluviaux, 0,4 litre de tout venant, 7,9 l pour les industries et 7,4 l pour l’agriculture. « On voit partout que l’agriculture est le premier consommateur d’eau, mais cet argument se base sur des statistiques et des moyennes. On ne sait même pas de quelle eau ils parlent. Celle du ciel, celle des nappes ? Il y a plein d’inconnues. Ce ne sont que des indicateurs et non des vérités. On peut leur faire dire n’importe quoi. Si 30 % des accidents de voiture sont causés par des gens alcoolisés, 70 % le sont par des buveurs d’eau ? Non, moi je prône pour les analyses de terrain ! » . Si on se fie aux mesures de terrain, c’est le refroidissement nucléaire qui demande le plus d’eau avec 55,3 l sur les 100 l pris en exemple ci-dessus. A noter qu’un réacteur a besoin de 10 000 t d’eau par jour.  

Et si on achetait l’alimentation française ?

« En ce moment, on enlève l’équivalent de la surface d’un terrain de football de forêt dans le monde pour faire des cultures. Alors que nous jetons un tiers de la nourriture », s’insurge-t-il.  En 2022, presque 40 % de la nourriture est jetée. L’astrophysicien soulève que « Si nous achetions français, et de saison, on enlèverait 7 camions sur 10 des routes. Cela permettrait de retrouver un niveau de pollution semblable aux années 30 et donc un climat des années 30 également ».  Autre exemple, une tonne de tomates produites hors France achetée en décembre consomme 1 630 l de pétrole et 21 000 l d’eau. En comparaison, une tonne de tomates produites en France et achetée au mois de juin demande 17 l de pétrole et 950 l d’eau. « C’est humain de se faire plaisir, mais celui qui mange trois ananas du Costa Rica par semaine, ne doit pas se plaindre que la grêle endommage sa voiture, parce que c’est normal ! » ironise-t-il, avant d’ajouter : « La clé c’est de réfléchir à ce que l’on fait car oui c’est plus cher de quelques centimes, mais si tout le monde achète français, mécaniquement les prix vont baisser et les producteurs gagneront leur vie ».  « Plus on détériore la Terre et le climat, plus ils se répareront et plus il y aura de catastrophes naturelles. Mais nous, les humains, en subirons les conséquences et non la planète en elle-même », finit Raymond Piccoli, avant de conclure par sa devise : « Les catastrophes climatiques ne sont pas des punitions mais les conséquences réparant la planète de nos excès ».

Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 85€
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Terre de Touraine
Consultez le journal Terre de Touraine au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter du journal Terre de Touraine
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Terre de Touraine.

Vous aimerez aussi

Descartes : un nouveau boucher passionné

À Descartes, Steven Lardin, 32 ans, a repris la boucherie du centre-ville en juillet dernier.

Philippe Benoit du Rey a accueilli plusieurs élus sur sa ferme d’Orbigny, pour attirer leur attention sur les incohérences juridiques qui freinent la création de fermes pilotes dédiées à l’étude de l’infiltration de l’eau.
Eau : un projet freiné par la réglementation

À Orbigny, Philippe Benoit du Rey veut démontrer qu’une meilleure gestion de l’eau est possible en créant une ferme pilote.

L'essor de l’industrie laitière en Touraine

Entre 1890 et 1930, la Touraine connaît une véritable mutation laitière, marquée par l’émergence des laiteries, la naissance des coopérat

Grâce à une météo favorable, les semis des céréales d'automne touchent à leur fin en Indre-et-Loire.
Des semis sous de bons auspices

À l’échelle du département, les semis de blé sont bien avancés.

Lors de la journée du PNDV tour organisée à Saint-Nicolas-de-Bourgueil en juillet, Charlotte Mandroux et Sophie Bentéjac ont présenté les outils existants pour les vignerons, ainsi qu’un projet à venir.
Des outils pour agir face au dépérissement de la vigne

Les vignerons disposent d’outils, notamment digitaux, développés via le plan national de durabilité du vignoble pour pérenniser le vignoble et la c

Chaque irrigant doit réduire son nombre de jours de prélèvement de 30 % par rapport à l’autorisation initiale en période d’alerte et de 50 % en période d’alerte renforcée.
Sécheresse en Indre-et-Loire : comment ça fonctionne ?

Un nouvel arrêté fixe les règles de prélèvement d’eau jusqu’au 31 octobre.

Publicité