Aller au contenu principal

Changement climatique : l'adaptation nécessaire des bâtiments

Le climat change et les équipements doivent suivre pour faire face à de nouvelles situations. Du côté des bâtiments, la santé et le bien-être des animaux sont en jeu, une réflexion s’impose ainsi aux éleveurs.

La ventilation d’un bâtiment n’est pas seulement intéressante pour le bien-être des animaux. Elle représente un atout devenu primordial en cas de températures chaudes, voire de canicules, et évite également des problèmes sanitaires, tels que pathologies pulmonaires, diarrhées… En effet, hautes températures et humidité favorisent la multiplication des microbes, or une vache produit une chaleur équivalente à celle d’un radiateur de 1000 watt et dégage plus de 25 litres d’eau/jour sous forme de vapeur. Ventiler les bâtiments est donc indispensable pour renouveler l’air et évacuer l’air vicié. En travaillant sur l’ambiance de la construction, les résultats zootechniques seront améliorés. Mais attention, avec le changement climatique, orientation et surfaces ventilantes ne répondent plus aux principes connus auparavant :

• le phénomène d’un seul vent dominant connu dans le passé n’est plus forcément vrai car les vents provenant de plusieurs directions sont de plus en plus fréquents ;

• les chaleurs estivales de plus en plus fortes impactent le bienêtre des animaux logés l’été.

ORIENTATION ET MULTIPLICATION DES ENTRÉES D’AIR

L’effet vent constitue le principal atout d’une bonne ventilation. C’est pourquoi il faut rechercher une ventilation transversale en dimensionnant suffisamment les entrées d’air sur les quatre façades avec des bardages poreux et des relais de ventilation en toiture. La surface à réaliser en bardage ajouré se calcule en fonction du nombre d’animaux, du volume du bâtiment et du matériau. L’observation du site d’implantation va définir l’orientation du bâtiment par rapport aux vents et à l’environnement (autres constructions, bois, haies). L’objectif est de positionner le bâtiment, et en tout cas l’éventuelle façade bardée, en biais par rapport aux vents les plus fréquents mais jamais parallèlement. Ventilateur, extracteurs et brumisation sont les principaux équipements disponibles pour une ventilation mécanique. Mais ils ne doivent intervenir qu’en dernier recours, après avoir cherché à améliorer la ventilation naturelle et à réduire le rayonnement solaire. Les résultats peuvent en effet être hétérogènes, malgré un investissement conséquent.

 


 « LA VENTILATION NE PEUT PLUS ÊTRE RAISONNÉE COMME AVANT »

Face notamment aux fortes chaleurs de plus en plus régulières, l’ambiance des bâtiments doit avoir une place prépondérante dans la réflexion pour la construction d’un bâtiment ou l’aménagement de l’existant. Analyse d’un spécialiste du dossier.

Ces dernières années, les canicules n’ont pas été rares, et semblent s’inscrire dans l’évolution du climat. Face à cette situation, les exigences liées aux bâtiments d’élevage ont évolué. Louis Thomas, référent bâtiment des chambres d’agriculture du Centre-val de Loire, livre les clés pour faire des choix efficaces, que ce soit dans le cas d’une construction nouvelle ou d’un bâtiment existant.

 

Qu’est-ce qui a fait évoluer ces derniers temps les questions de ventilation des bâtiments ?

L.T. : D’abord le changement climatique. Auparavant, on la raisonnait plus en pensant à la saison hivernale, au froid. Mais avec le nombre d’animaux qui restent désormais en bâtiment l’été et les canicules, il s’agit d’anticiper les étés. Autre changement : les bâtiments sont plus larges qu’avant, donc la ventilation ne peut plus être raisonnée de la même façon. Dans un bâtiment plus large, plus haut, l’effet cheminée sera moins efficace car l’air aura plus de mal à remonter au faîtage. On privilégie dans ces cas-là les écailles en toiture, qui consistent à surélever des rangées de tôles à différents endroits dans la largeur du bâtiment.

 

Quels principes de base appliquer pour une bonne ventilation et le maintien d’une température acceptable ?

L.T. : Il y a deux solutions. Soit on a un bâtiment avec une façade ouverte (surtout pour les bovins) orientée sud-est ; on assure un effet vent d’un côté, avec un bardage ajouré par exemple, et l’air ressort par la façade ouverte. Soit on fait jouer l’effet vent cumulé à l’effet cheminée, pour que l’air qui entre ressorte par les ouvertures en toiture. Cela se décide en fonction du type d’élevage, du site, etc. Pour éviter l’effet loupe des translucides en toiture, on conseille de réduire leur surface à 5 % du toit, au lieu des 10 à 12 % appliqués auparavant. Ou même de leur préférer des ouvertures en façades peu exposées au soleil, au-dessus des portes par exemple. Dans la même logique, on installe des dômes translucides moins larges qu’avant.

 

Quels autres conseils suivre dans le cas d’une nouvelle construction ?

L.T. : L’orientation est une des premières questions à étudier, en fonction des vents, du soleil, des éventuels autres bâtiments. Côté matériau, plutôt qu’une toiture en bac acier, le mieux est de privilégier le fibrociment ou une toiture isolée (qui coûte 15 € de plus au m2 par rapport à un bac acier classique).

 

Et sur un bâtiment existant, quels aménagements sont possibles ?

L.T. : Pour un bâtiment de grand volume, en vaches laitières par exemple, la première chose est d’augmenter les ouvertures de façades pour amplifier l’effet vent. Il peut s’agir de portes qu’on peut laisser ouvertes, de remplacer une façade fixe par des filets brise-vent ou d’installer des volets articulés. Pour un bâtiment plus petit, notamment caprin, on peut envisager la limitation du rayonnement solaire en isolant la toiture ; soit en la changeant complètement soit en l’isolant par l’intérieur, avec de la mousse polyuréthane par exemple. Et également augmenter les entrées d’air de façon générale.

 

Les façades ajourées demandent-elles un entretien particulier ?

L.T. : Le bardage ajouré est ce qui se salit le moins. Les filets brise-vents et les bardages bac acier doivent par contre être entretenus une fois par an, pour enlever la poussière et éviter que les ouvertures se bouchent.

 

Quid des ventilateurs, extracteurs, brumisateurs ?

L.T. : Ils peuvent être envisagés après avoir étudié toutes les possibilités de ventilation naturelle. Les ventilateurs par exemple doivent être installés en nombre suffisant. Le rayon d’action est parfois relativement faible, et il faut en placer toutes les deux travées, au-dessus de logettes, pour une réelle efficacité. Les brumisateurs doivent obligatoirement être associés à des ventilateurs. Ils sont adaptés quand les aires sont raclées ; pour des aires paillées, ce n’est pas conseillé au niveau sanitaire. Attention aussi à bien les entretenir, car il faut que la diffusion reste très fine. Si les orifices se bouchent, ça se transformera en gouttelettes et ne s’évaporera pas aussi bien.

Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 85€
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Terre de Touraine
Consultez le journal Terre de Touraine au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter du journal Terre de Touraine
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Terre de Touraine.

Vous aimerez aussi

Soigner la phase lactée, déterminante pour la carrière laitière des animaux

 Le plan lacté ne doit pas être piloté au hasard pour assurer une bonne productivité des animaux plus tard.

Gérer l’immunité des veaux pour une bonne productivité

 Les deux premiers mois de vie du veau sont déterminants pour sa future carrière laitière.

Alice Courçon : un esprit sain dans un corps sain !

Avant de reprendre une exploitation caprine, Alice Courçon a choisi de travailler dans différentes fermes, puis de réaliser un stage de parrainage

DES CLÔTURES PERMANENTES POUR GAGNER DU TEMPS

Alexandre Carrion, éleveur charolais à Briantes dans l’Indre, est utilisateur de clôture fixe sur son exploitation.

LA FERTILISATION PK : UN POSTE À NE PAS SOUS-ESTIMER

Pour faire face aux sécheresses, au manque de fourrage l’été, il est nécessaire de viser un volume de qualité lors des fauches de printemps.

« C’EST IMPORTANT DE TRAVAILLER AVEC QUELQU’UN QUI A LA MÊME VISION DES CHOSES QUE NOUS »

Au Louroux, Hein Van de Pol délègue la majorité des travaux des champs à des entrepreneurs de travaux agricoles.

Publicité