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Maraîchage
Comme un goût d'Asie à Ligueil

Une jeune Japonaise a décidé il y a trois ans de cultiver des produits typiques de son pays sur les terres ligueilloises. Un maraîchage qui sort des sentiers battus et ouvre à de nouvelles saveurs.

Originaire du Japon, Anna Shoji s’est installée à Ligueil voilà trois ans, en bail rural sur 2 hectares loués à la commune. « L’ancien locataire, M. Nonin, m’a vendu ses serres, qu’il avait installées récemment. Il était maraîcher en bio ». Anna a trouvé cette opportunité, grâce à une annonce sur Terre de Liens, après qu’on lui ait vanté les qualités de la Touraine, comme jardin de la France. « Je cherchais une petite surface en bio, mais cela n’a pas été évident à trouver car les terres en vente font vite 10 hectares. Et je voulais aussi des serres sur place », indique-t-elle. Un véritable virage dans sa carrière professionnelle, puisque la jeune femme était interprète-coordinatrice d’événements internationaux. C’est lors d’un voyage professionnel en Algérie qu’elle a eu le déclic. « On s’est mis à faire un potager, et je me suis prise de passion. Je me suis dit que c’était ce que je voulais faire », raconte-t-elle dans une langue de Molière parfaite, héritée de sa scolarité dans une école française. Après une formation de quelques semaines en maraîchage conventionnel et bio au Japon et un « tour de France » pour trouver le terrain propice à son installation, elle atterrit à Ligueil. « L’ancien locataire m’a montré pas mal de choses au début, m’a indiqué les légumes qu’il cultivait et qui se plaisaient sur ces terres. Il m’a laissé les serres, le système d’irrigation et un tracteur », précise la maraîchère.

Des saveurs d’ici et d’ailleurs

Anna Shoji cultive aussi bien des légumes considérés « classiques » pour tout Gaulois, que des légumes et herbes typiquement consommés au Japon. Tomates, aubergines, concombres, maïs, potirons, potimarrons, navets côtoient gombos, haricots-serpents, ciboulail, épinards de malabar, tiges de lotus… Certains sont un peu déroutants pour les occidentaux que nous sommes, ne faisant pas partie de nos habitudes culinaires. Les épinards de malabar par exemple, verts ou pourpres, qui grimpent le long d’un filet, sans besoin d’engrais. « C’est la première année que j’en cultive. Je cueille les 15 derniers centimètres des branches, pour avoir les parties les plus tendres. Les autres parties sont plus fibreuses, et on le sait car elles ne se cassent pas à la main. Je pense pouvoir en ramasser jusqu’en octobre », détaille l’agricultrice. Ils occupent la même rangée que les cucurbitacées et les concombres, qui nécessitent tous beaucoup d’eau. Les yuzus, agrumes japonais de plus en plus en vogue, ont fait leur apparition aussi dans le jardin ligueillois. « C’est un peu plus petit que des citrons, on utilise le zeste pour parfumer des plats. J’attends octobre pour planter les pieds », précise la maraîchère. Un arbre poivrier de sichuan s’apprête aussi à donner des fruits. « Ses feuilles sont aussi utilisées pour parfumer les plats, de poisson surtout ». La jeune femme a également planté en juin des lotus, plantes aquatiques venant tout droit du Japon, dont on consomme les racines. La récolte devrait être possible courant octobre. En matière d’herbes aromatiques, le jardin recèle aussi des spécimens exotiques. Le shiso notamment, aussi appelé basilic chinois ou périlla, qui se mange frit ou dont les feuilles peuvent envelopper par exemple du fromage de chèvre, avec qui il se marie apparemment très bien. Le mitsuba, qui ressemble un peu à notre persil, apporte aussi sa touche d’exotisme.

Créer son marché

Anna Shoji n’utilise aucun produit chimique, mais n’est pas labellisée bio. Pour éviter les maladies, elle respecte une rotation des cultures dans les différentes serres. Elle exploite seule, avec l’aide de son mari. La production est vendue à des restaurants parisiens, tenus par des chefs japonais, qu’elle est allée démarcher. « Les chefs me donnent beaucoup d’idées. Par exemple, pour la ciboulail : normalement on coupe les fleurs, mais ils les ont goûtées et ont trouvé ça super bon, maintenant je vends plus les fleurs que les tiges ! Pour les piments doux longs aussi, ils m’ont réclamé ceux qui étaient tout tortillés, alors qu’avant je les laissais de côté et choisissais les plus droits ». Anna souhaiterait développer la vente aux particuliers, une fois que sa production se sera stabilisée, car à l’heure actuelle elle ne peut fournir de façon régulière. « Les chefs s’adaptent à la production, s’amusent avec les produits disponibles. » Pour l’instant, l’agricultrice continue d’assurer des missions d’interprétariat et de traduction l’hiver pour compléter son revenu. A l’avenir, son projet serait d’installer deux chambres d’hôtes sur le terrain, sous forme de cabanes japonaises. « J’ai envie de faire découvrir la cuisine et la culture japonaise. Les visiteurs pourraient cueillir les légumes, apprendre à les cuisiner, à fabriquer des baguettes en bambou… » Qui a dit que le Japon était un pays lointain ?

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