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Couverts : « Aujourd’hui, je sais tous les avantages que ça apporte derrière »

Jean-François Varvou, en TCS et semis direct, a appris à apprivoiser les couverts d’intercultures. Il constate concrètement leurs bienfaits au niveau de la structure et de l’équilibre de son sol.

En zone vulnérable, Jean- François Varvou a dû composer avec l’obligation des Cipan, comme les autres. Mais il a surtout adopté les couverts comme une véritable stratégie. « Il y a dix ans, je les prenais comme une contrainte. Aujourd’hui, je les sème avec plaisir, car je sais tous les avantages que ça apporte derrière », déclare-t-il.

 

Le céréalier de Bossay-sur-Claise, qui stocke les récoltes de ses 200 hectares et les vend en direct, est passé en techniques culturales simplifiées en 2003 et entré dans une démarche d’agriculture de conservation des sols voilà quelques années. « Je travaille donc le moins possible le sol, pour ne pas perturber la vie biologique et la structure, mais je bloque encore pour les semis de printemps (maïs et tournesol) : je suis obligé de passer un outil à dents et la herse rotative avant semis pour le réchauffement du sol et essayer de diminuer la pression limaces », explique le membre de GDA et d’un groupe 30 000. Avec la contrainte vulpin croissante, il a décidé depuis environ 5 ans d’allonger sa rotation en augmentant les surfaces de maïs et tournesol, au détriment du colza afin de pouvoir continuer à en cultiver dans le temps. Une stratégie qui commence à payer pour la pression adventices.

 

UN COUVERT RICHE EN ESPÈCES

Dans cette démarche, les couverts sont devenus des alliés dans ses sols - drainés - en limons battants, en argile à silex, et ses quelques parcelles en argilocalcaire. « Les couverts protègent le sol du rayonnement en cas de forte chaleur et limitent la battance. Quand j’ai fait une coupe de sol il y a huit ans, lors d’une formation avec notre GDA, on a constaté que le sol ne se drainait plus, il n’y avait plus de vie, il se refermait. C’est là qu’on m’a conseillé d’utiliser les couverts, en plus de passer au semis direct et d’amender mes parcelles », raconte Jean-François Varvou.

 

L’agriculteur a essayé différents couverts. « Avec le groupe et grâce à Mathieu Loos de la chambre d’agriculture, on a fait faire un mélange chez VG Sol. Il contient 5 kg d’avoine brésilienne, 1 kg de radis chinois Structurator, 2 kg de phacélie, 3 kg de lin, 4 kg de fenugrec et 11 kg de vesce commune, décrit-il. Il est conseillé de le doser à 25 kg/ ha, mais j’ai réduit à 15 kg/ha et j’y ajoute 70 kg de féverole d’hiver que je produis moi-même, pour une question d’économie et pour bien structurer le sol. » Un coût de 45 euros à l’hectare selon le céréalier, auxquels il faut ajouter 4,5 litres de fioul à l’hectare pour l’implantation.

 

A la moisson, les pailles sont broyées pour former un matelas maintenant l’humidité du sol. Et sitôt la récolte terminée, il sème son couvert d’interculture. Il suffit que 15-20 mm d’eau soient annoncés, voire 5 mm qui peuvent parfois suffire. « Il ne faut rien s’interdire. Si au 20 juillet de la pluie est annoncée, il faut en profiter. »

 

UNE DESTRUCTION LE PLUS TARD POSSIBLE

Avec son semoir de 6 mètres à dents fines acheté d’occasion, il travaille à 6 km/h, pas plus, pour ne pas perturber le sol et bien enterrer les graines, à 3-4 cm de profondeur. « Dans la caisse principale, je mets la féverole et dans la petite trémie le mélange, précise-t-il. Et je roule systématiquement derrière. L’an dernier j’ai semé un couvert vers le 15 août, après le colza, ça a bien levé dans les limons, mais c’était nettement moins réussi dans les argiles, c’était trop sec. » Jusqu’à maintenant, malgré les sécheresses, la réussite de ses couverts est généralement au rendez-vous. « Parfois le couvert lève, arrête de se développer en période sèche, puis repart dès la première pluie d’automne. Les automnes doux de ces dernières années sont parfaits pour les couverts », note l’agriculteur.

 

Les intercultures longues semées pendant l’été sont détruites au glyphosate en principe en janvier, « le plus tard possible pour que le couvert ait le temps de vraiment travailler le sol, et pour éviter que le sol nu ne prenne en masse en cas de pluie. »

 

Depuis qu’il pratique les couverts et travaille moins ses terres, l’agriculteur constate que son sol est plus brun et se réchauffe plus vite. Il surveille également la population de vers de terre. Même lorsqu’il ne les voit pas, les trous de leurs galeries sont bien visibles au test-bêche… Les limaces - qui apprécient les couverts - n’ont pas manqué de s’inviter dans ses tournesols l’an dernier, mais ne représentent pas une problématique majeure, même si la vigilance est de mise. C’est sûr, Jean-François ne reviendrait pas en arrière.

 


Il le dit /

Jean-François Varvou, agriculteur à Bossay-sur-Claise

« Les couverts ne doivent pas être pris comme une contrainte, c’est au contraire un vrai plus pour les sols. J’ai évolué dans mes pratiques grâce à des essais dans les groupes, des échanges de pratiques, c’est un vrai travail de groupe. On a fait un boulot énorme ensemble, et j’en serais pas là sans ça. Je dis un grand merci à Mathieu Loos notamment.

Il ne faut pas avoir peur d’aller voir les autres agriculteurs, de participer à des groupes, c’est comme ça qu’on apprend. »

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