Aller au contenu principal

Damien Enizan, un paysan au fournil

  Revenu sur la ferme de ses parents à Chemillé-sur-Dême, Damien Enizan a trouvé son bonheur en combinant l’atelier céréalier avec le savoir-faire de la boulangerie.

Des chantiers de travaux publics au fournil, Damien Enizan a construit un nouveau pont. Après plus de dix ans comme chef de chantier, le voilà depuis 2022 installé sur la ferme de ses parents. Sur les 300 hectares de céréales, il en a repris 50 – en bio – , et en transforme une partie en farine et en pain aux « Champs de la Dême ». « Mes parents approchaient de la retraite, donc la question de la reprise se posait. En parallèle, moi qui adore le pain, j’ai fait le lien avec la transformation. » Un « essai » à la boulangerie de Marray le convainc : « j’ai trouvé ça magique la fabrication du pain, et j’ai décidé de devenir paysan boulanger. » Pour apprendre, le jeune homme passe plusieurs mois chez un paysan boulanger au Pays basque. Il obtient son BPREA option paysan boulanger en juin 2021, ainsi que son CAP boulanger passé en candidat libre. En mai 2022, les premiers pains étaient vendus, grâce à l’achat de farine chez un paysan-meunier de Rouziers pour le démarrage. L’agriculteur a fait le choix de cultiver deux sortes de blé : le Rouge de Bordeaux – pour son goût – et un mélange de variétés (Renan, Apache…) pour son taux de protéine idéal pour la panification. « C’était important pour moi d’utiliser des variétés rustiques, avec des glutens moins tenaces, et de contribuer à la diversité des variétés », justifie-t-il..

UN NOUVEAU FOURNIL PLUS FONCTIONNEL

Damien Enizan a installé le fournil dans un local aménagé sous le hangar de stockage. Le four à bois professionnel a été l’investissement le plus coûteux, de l’ordre de 20 000 euros. S’y sont ajoutés le matériel de boulangerie (5 000 euros), le moulin à farine (12 000 euros) et les trois trieurs différents d’occasion (6 000 euros). Un bâtiment, qui accueillera le nouveau fournil plus grand et fonctionnel, est sur le point d’être terminé. Au total, le paysan a investi 180 000 euros en comptant le bâtiment, sans le rachat de terres. Aux champs de la Dême, 180 kg de pain par semaine sont aujourd’hui façonnés. « Je fabrique les mardi et jeudi, et je vise les 1 000 euros de vente par semaine », indique le paysan. A la belle saison, il fabrique davantage pour fournir quelques marchés. Trois formats de pain sont proposés : boules, longs ou moulés. Ils sont au choix à la farine de blé complet, de petit épeautre, de blé et seigle, multigraines ou encore au miel-raisin. Du four, sortent aussi des brioches, pains de mie et pains à hamburgers. Comme dans les champs, la météo est un critère à prendre en compte au fournil. « Il faut mettre davantage de levain en hiver. » Damien vend également ses farines, mais il voudrait trouver un boulanger qui lui achèterait en gros, pour se faciliter la tâche.

UN CIRCUIT DE VENTE LOCAL

Il commercialise ses produits par l’intermédiaire de quatre Amap, un réseau qui représente 40 % de son chiffre d’affaires. « C’est un système confortable au niveau de la trésorerie car je suis payé au début de la période d’engagement de trois mois », fait-il remarquer. Les produits sont aussi vendus en direct à la ferme, de 16 à 17 h les jours de fournée, ainsi que dans des points de vente chez des maraîchers, en épiceries rurales locales, dans plusieurs restaurants de Tours et du nord Touraine. « Je souhaite vendre au plus proche, faire un pain zéro kilomètre », confie Damien Enizan. Et d’ajouter : « Quand on est ici, il faut faire 10-12 km pour trouver une boulangerie. C’est pour ça que je fais aussi quelques livraisons à domicile. » Damien fournit également la maison de retraite et l’école de Chemillé-sur-Dême. Le paysan boulanger envisage de labelliser son pain en bio, et de proposer à la vente des galettes de sarrasin. Mais le projet sur la ferme est plus global. La conjointe de Damien devrait s’y installer en janvier en maraîchage. Un couple d’amis viendra s’ajouter à l’aventure, notamment pour confectionner des pâtisseries. L’ambition reste la même : faire en sorte que les locaux puissent s’approvisionner au maximum à côté de chez eux.

Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 85€
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Terre de Touraine
Consultez le journal Terre de Touraine au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce à la newsletter du journal Terre de Touraine
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Terre de Touraine.

Vous aimerez aussi

Les méthodes Merci et Beerkan ont été expliquées par Olivier Hochedel, de la FDGEDA du Cher. ©C.T
Projet Recouvertt : favoriser la montée en compétences des couverts

Les couverts d’interculture sont aujourd’hui des alternatives agronomiques.

La plateforme multifrais Valifruit recherche de nouveaux producteurs de légumes. ©Valifruit
Tirer son épingle du jeu pour fournir la restauration collective

Alimentation / La restauration collective offre de réelles opportunités pour les producteurs locaux, à condition d’en comprendre les code

À la ferme des Landes, le goût du local se transmet et se partage

En 1996, la crise de la vache folle a créé une défiance chez le consommateur et une chute du marché de la viande.

Les présidents de l'Amil, Cédric de Oliveira et de l'Association des maires de France, David Lisnard, ont tous deux dénoncé le manque de moyens des maires, qui va en s'aggravant. ©N.D
Le challenge des maires se complexifie

Un trop-plein de normes et une contrainte budgétaire qui s’alourdit ont fait partie des sujets clés évoqués lors du congrès des maires d’Indre-et-L

Les producteurs gérant le magasin La Charrette de Chambray-lès-Tours ont revendu la boutique créée il y a sept ans à Truyes. ©N.D
La Charrette a vendu son magasin de Truyes

La fermeture de La Charrette de Truyes, après sept ans d’activité, rappelle que la réussite d’un magasin de producteurs repose sur la présence acti

Les deux robots aspirateurs de lisier suivent les parcours enregistrés pour nettoyer plusieurs dizaines de fois par jour le bâtiment d'élevage du Gaec du Maupas. ©B.R
Nettoyage : du tracteur à l'aspirateur

 Le Gaec du Maupas, à Martizay (36), a automatisé le nettoyage de son bâtiment d'élevage et de son aire d'attente.

Publicité