De bien chères bouteilles !
Depuis plusieurs semaines maintenant, beaucoup de vignerons peinent à s’approvisionner en bouteilles de verres. Plusieurs raisons seraient à l’origine de cette pénurie. Echanges sur le sujet avec différents acteurs locaux du secteur viticole.

Bien que les récents échos relatent une situation qui s’améliore, force est de constater que beaucoup de vignerons peinent encore à s’approvisionner en bouteilles de verre. Même si les formats standards restent plus ou moins accessibles, les particuliers (bouteilles blanches, plus rondes, magnums, etc.) sont plus difficiles à dénicher. Pour Alain Le Capitaine, président de l’AOC Vouvray, « ces séries, bien souvent plus qualitatives, sont produites en plus petites quantités. Ce n’est donc à priori pas la priorité des verriers aujourd’hui et les livraisons tardent bien souvent à arriver. » Puis Fabrice Gasnier, président de l’AOC Chinon, enchérit : « Je suggère qu’il y ait une volonté des fabricants d’harmoniser leur production en limitant le nombre de références disponibles. Ainsi ils produisent des séries bien plus importantes sur leurs chaînes de production et réalisent donc des économies d’échelle. » Les livraisons très irrégulières dans les chais entraînent pour les embouteilleurs des décalages dans les prestations. A l’image des Ets Soret à Vernou, pour qui des retardements sont à déplorer, faute de bouteilles. « Nous devons sans cesse gérer nos chantiers de mise en bouteille en fonction de l ’approvisionnement de nos clients », détaille l’un des responsables de l’entreprise, joint par téléphone. « Et cela fait maintenant plusieurs semaines que ça dure. » Pour Fabrice Gasnier, la nécessité pour les vignerons d’anticiper ses commandes est réelle aujourd’hui. « Les délais de livraison se sont allongés depuis plusieurs semaines, mais nos fournisseurs parviennent à trouver des bouteilles. En revanche, nous n’avons aucun pouvoir sur les prix et ne faisons que les subir. » Avant d’ajouter : « Malheureusement nous n’avons aucune visibilité à court comme à moyen terme sur ce marché tendu. Nous devons donc le scruter sans cesse afin de s’y adapter continuellement. »
LA RARETÉ DU PRODUIT FAIT LE PRIX
Cette indisponibilité s’expliquerait par l’accumulation de plusieurs facteurs. Déjà peu nombreux sur le marché, les verriers rencontreraient des difficultés à s’approvisionner en matières premières. D’après ces derniers, plusieurs fours seraient en révision et donc à l’arrêt. Evidemment, les hausses exorbitantes du coût de l’énergie participent aussi à la rareté du produit, tout comme les coûts relatifs au transport. Il est envisageable aussi que de grosses structures viticoles, apeurées par une éventuelle pénurie, aient constitué des stocks importants. Quel qu’en soient les causes, le manque de marchandise sur le marché engendre des hausses de prix significatives. « L’augmentation générale est de l’ordre de 30 à 40 % depuis la fin de l’année 2022, commente Alain Le Capitaine. Sur mon exploitation, cela représente 180 euros supplémentaire pour 1000 bouteilles. Imaginez la différence sur un semi-remorque de 26 palettes… Surtout que la récolte 2022 a, de manière générale, été bonne. Nous avons donc des volumes importants de vin à embouteiller. » Difficile donc de prévoir une échéance pour un retour à la normale. Le vice-président de la FAV, Charles Pain, a alerté le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, sur le sujet, lors de sa venue au lycée agricole de Fondettes en janvier dernier. Aucun commentaire n’a été fait à ce jour de la part du ministère.