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Denrées biologiques : un marché en recul significatif

 Le marché des denrées alimentaires biologiques a connu une phase ascendante jusqu’en 2019. Mais la pandémie mondiale survenue en 2020 a eu raison de l’engouement considérable des consommateurs pour ces produits. Tour d’horizon du marché des denrées certifiées bios.

Coop nature est une enseigne coopérative de consommation née dans les années 70. Trois magasins, répartis sur l’agglomération tourangelle, proposent principalement des denrées alimentaires à 13 500 foyers. « Le lendemain du discours du président de la République de mars 2020 a été pour nous une journée record, se remémore Jérôme Biaggi, directeur des trois établissements. Jamais nous n’avions réalisé un tel chiffre d’affaires. » Mais l’euphorie n’a pas fait long feu. Les mois suivants ont été synonymes d’une baisse significative de la consommation des produits alimentaires biologiques. Fonctionnant sous le régime de la coopération, les clients sont avant tout sociétaires. « Des personnes ne détenant pas de parts sociales sont venues en masse, mais de manière brève. Ils ont ensuite délaissé les produits bios », déploret-il. 

UNE HAUSSE DES PRIX GÉNÉRALISÉE 

Avec un chiffre d’affaires en baisse de 8,8 % en 2022 par rapport à 2021, Coop Nature tente de limiter le phénomène de désintérêt des consommateurs pour les denrées qu’elle propose. « Or, les solutions ne sont pas nombreuses, reconnait le directeur. Il nous faut apprendre à maintenir le niveau d’activité actuel dans nos magasins. L’objectif n’est plus de développer le chiffre d’affaires, mais bien de le maintenir pour assurer notre pérennité. » Tous articles confondus, le directeur s’est vu contraint de passer une moyenne de prix par article de + 4,5 % entre 2022 et 2023. Même si certains produits, à l’image des vins bio, ne voient pas leurs tarifs modifiés. Autre crainte pour Jérôme Biaggi  : l’arrêt du soutien de la Pac pour les producteurs convertis. Celui-ci accentue en effet le phénomène de « déconversion. » « De plus en plus de producteurs biologiques font marche arrière, faute de valoriser à sa juste valeur leur production plus respectueuse de l’environnement. Ils retournent vers un système conventionnel, plus productif et plus rentable », observe-t-il.

 DES CHARGES GALOPANTES

 L’organisme coopératif subit de plein fouet l’inflation. « Nous subissons des hausses significatives de certains fournisseurs. Le prix du transport et celui des matières premières (dont les emballages) ont réellement augmenté », regrette Jérôme Biaggi. A noter que quelques-uns profitent sans doute du contexte. « Si les hausses de certains fournisseurs sont trop prononcées, nos sociétaires n’achètent plus. Les produits concernés sont donc naturellement déréférencés », précise-t-il. « Nous ressentons une tension actuelle sur les produits laitiers qui participe à l’augmentation des tarifs. » La filière porc est aussi concernée, notamment à cause d’un nombre de déconversions important. Par ailleurs, les sécheresses et les incendies estivaux du sud de l’Europe inquiètent également le directeur. « Prenons l’exemple de l’huile d’olive. Produit phare, elle est concernée par des hausses allant jusqu’à 50 %. Nous devons contenir ces hausses pour ne pas augmenter nos prix, poursuit Jérôme Biaggi. Nous rognons donc sur nos marges et nous réalisons des stocks en amont d’éventuelles hausses de tarifs. Nous pourrions augmenter nos prix auprès des consommateurs, mais ce n’est pas à l’image du système coopératif que nous prônons. » 

UN NOYAU DE CONSOMMATEURS CONVAINCUS 

Même si comme dans la grande distribution plus traditionnelle, les tarifs des magasins spécialisés bios ont augmenté, cette évolution est plus mesurée. « Nous travaillons beaucoup avec des producteurs locaux. Nous subissons donc moins la hausse des prix des carburants et donc du transport pour acheminer les produits », se réjouit Jérôme Biaggi. En revanche, pour les produits plus lointains, la hausse est similaire. Mais le tableau est loin d’être obscur. « Les gens convaincus continuent d’acheter des aliments sains pour des questions de santé et de préservation de l’environnement. » Le nombre de sociétaires n’a pas baissé sur cette période. « Et ceux qui cuisinent, à l’image de notre clientèle, subissent moins l’augmentation des tarifs contrairement aux consommateurs de produits transformés », conclut-il

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