Des moulins ancestraux en danger
Malgré leur grand âge, les moulins disséminés un peu partout sur les cours d’eau français font face aujourd’hui à des critiques sévères quant à leurs supposés impacts sur l’environnement.

Les moulins présents sur nos cours d’eau datent pour certains du Moyen-Âge. A cette époque en France, la démographie augmente fortement et presque chaque rivière de notre pays va peu à peu se couvrir de roues en bois. Outre leur intérêt à transformer le blé en farine, les moulins serviront également à la fabrication d’huile et contribueront à l’essor de la tannerie ou encore de la forge. C’est à ce moment précis de notre Histoire que l’Homme domptera la force de l’eau, puis du vent. Ces énergies s’ajouteront à celles, déjà apprivoisées, des hommes et des animaux.
DES ENVIRONNEMENTALISTES DETERMINES…
Plus récemment, dans les années 90 et 2000, la notion d’écologie, à juste raison, prend une place importante dans la réflexion de la population et des législateurs. Dans cette gigantesque notion, le terme « écoulement naturel des cours d’eau » fait son apparition. Les petits barrages de moulins (appelés chaussées) commencent alors à être décriés par des environnementalistes qui estiment, notamment, que certaines espèces piscicoles migratrices ne peuvent plus remonter les cours d’eau librement. D’après eux, ces ouvrages participent donc à la disparition de certaines espèces. Avec le temps et à grands coups de lobbying, ce mouvement qui se caractérise écologique réussit à s’intégrer dans les plus hautes sphères du ministère de l’écologie. Les administrations qui en dépendent (agences de l’eau, OFB, etc.) vont ainsi promouvoir la destruction des retenues de moulins, au nom de la « renaturation » des cours d’eau. Fin 2006, la LEMA (loi sur l’eau et les milieux aquatiques) impose une obligation de franchissement des poissons migrateurs que certains barrages compromettent (mais qui sont équipés de passe à poissons). Cette décision prend le terme de « continuité écologique ». S’en suit une inscription au sein du code de l’environnement. Les agences de l’eau incitent alors les propriétaires à transformer, voire à supprimer, les retenues des moulins via des aides financières sur l’ensemble des bassins versants français. Ces aides se situeront entre 30 et 60 % des dépenses pour une adaptation de l’ouvrage existant et iront de 70 à 100 % pour la destruction pure et simple de la retenue. D’après la FFAM*, ce sont entre 3 000 et 5 000 moulins qui ont été littéralement détruits depuis une vingtaine d’années. Certains étaient pourtant producteurs d’énergie hydroélectrique.
... ALORS QUE LES BIENFAITS DES MOULINS SONT NOMBREUX
Depuis quelques années, une poignée de parlementaires, tous bords politiques confondus, dénoncent ce qu’ils qualifient « d’aberration écologique » et mettent en lumière plusieurs arguments. L’implantation des moulins remontent à plusieurs siècles alors que la baisse de population, voire la disparition, de certaines espèces intervient au maximum depuis quelques décennies. Les retenues nécessaires au fonctionnement des moulins participent aussi, lors de la saison sèche, au maintien des cours d’eau en eau et ainsi à la survie de la faune piscicole. Ils ralentissent également l’écoulement de l’eau, évitant ainsi l’érosion. Ces chaussées amortissent également les phénomènes de crues tout en participant à l’alimentation des nappes phréatiques. Aussi, elles améliorent la qualité des eaux grâce à sa dénitrification. Enfin, cela représente un patrimoine conséquent pour la France. La suppression de ces petits barrages, toujours compris entre 1 et 2 m de hauteur, entraîne inexorablement un affaiblissement du bâti proche, conçu et construit pour être immergé. Afin de préserver les moulins qui restent, les défenseurs de ce patrimoine français inestimé souhaitent les reconvertir en producteurs d’énergie. Les énergies renouvelables ont le vent en poupe et la remise en route de certains moulins pourrait y contribuer en produisant de l’électricité.
*FFAM : Fédération Française des Associations de sauvegarde des Moulins.
Sources : Photothèque FDMF (Fédération Des Moulins de France).