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En période estivale, une jachère qui nourrit les insectes pollinisateurs

Assurer des fleurs et donc un garde-manger pour les abeilles durant l’été : c’est l’une des raisons qui a motivé Bruno Désiré à semer de la jachère fleurie sur une de ses parcelles en 2021. Rencontre avec ce passionné de nature, pour qui l’agriculture n’a plus de secret.

Confronté à des problèmes de santé en 2015, Bruno Désiré ne peut plus poursuivre son activité de technicien agricole. Curieux d’apprendre, ce fils d’agriculteur s’intéresse alors à la permaculture. « C’est un terme que l’on entend partout, mais il est parfois difficile de bien le cerner », reconnaît-il. Des propos échangés entre stagiaires lors d’une formation sur ce sujet lui font découvrir le monde apicole. « Dans ma jeunesse, il y avait un voisin agriculteur qui avait des ruches. Les gestes qu’il pratiquait alors, me passionnaient », se souvient-il. C’est alors qu’il suit une formation d’apiculture. Dispensée par l’association « Les amis des abeilles », il y apprend, entre autres, la façon de gérer une ruche. « C’est une formation pour préparer au métier d’apiculteur, mais pas seulement, tient-il à préciser. Certaines personnes qui ont peur des abeilles y viennent aussi pour tenter de contrer leur phobie », signale Bruno Désiré.

PLUSIEURS FACTEURS DE MORTALITÉ

Pendant cette formation, il fait une découverte. Les abeilles, durant l’été, souffrent d’un manque de nourriture. « C’est un des facteurs qui participe à la disparition des abeilles, explique-t-il. Outre les produits phytos, le varroa et le frelon asiatique, cette disette estivale participe à la mortalité des abeilles. » Bien évidemment, le réchauffement climatique a aussi son impact, car les abeilles ont une période d’hivernation moins marquée. Fils d’agriculteur, Bruno Désiré dispose de surfaces agricoles. Après un cheminement personnel, il se dit qu’en tant que propriétaire de foncier agricole, il peut agir. Il se renseigne auprès de différents organismes et s’aperçoit qu’un partenariat existe entre la fédération départementale des chasseurs et la chambre d’agriculture pour inciter à instaurer des jachères mellifères sur le territoire. L’objectif premier est d’apporter le gite et le couvert à la faune sauvage. Alors que Bruno Désiré est sensible à la réintroduction de la biodiversité dans les territoires ruraux, il franchit le pas et ensemence 1,10 ha en avril 2021. « Ces deux organismes recherchaient des parcelles proches des bourgs pour y implanter de la jachère fleurie. Ce sont eux qui fournissent la semence. Je n’ai pas réfléchi très longtemps car j’ai une parcelle proche du bourg de Monthodon où le potentiel de production est plus que limité », relate-t-il. Après un labour d’hiver et plusieurs faux semis, il sème alors un mélange de dix espèces (cf. encadré). La levée s’effectue dans de bonnes conditions et les plantes se développent rapidement.

UNE PLANTATION VOUÉE À RESTER PLUSIEURS ANNÉES

L’année 2022, marquée par un fort déficit hydrique, sera synonyme de plantes desséchées durant une bonne partie de l’été. « Même si en fin de saison, pas mal d’espèces ont refleuri », précise Bruno Désiré. Cette année, le développement printanier des plantes s’est bien déroulé. « Malgré des matins frais en mars et avril, les plantes sont bien reparties », se réjouitil. La pluviométrie d’avril y est sans doute pour quelque chose. Même si la pleine floraison de plusieurs espèces s’effectuera durant toute la période estivale, « le début de saison annonce un développement des plantes conséquent. » En parallèle de la mise en place de cette jachère mellifère, Bruno Désiré investit dans quelques ruches. « Il me semblait important d’avoir mes propres essaims. De plus, un apiculteur professionnel met parfois ses ruches aux abords de ma parcelle. C’est ainsi l’occasion d’échanger sur le sujet. » Cette parcelle constitue un garde-manger pour les abeilles, mais plus largement pour tous les insectes pollinisateurs.

UNE PRATIQUE À DÉVELOPPER

En revanche, l’éleveur met en garde : « Comme tout élevage, l’apiculture demande une formation. On ne s’improvise pas apiculteur. » Avant de se remémorer : « quand j’étais enfant, il y avait des haies, des endroits pour les auxiliaires. C’était avant le remembrement. Ce n’est plus vraiment le cas aujourd’hui. Mais je pense sincèrement que les céréaliers devraient réintroduire des bandes mellifères au sein de leurs îlots. Certains le font. Cela participe au maintien, voire à la hausse, de la population d’insectes pollinisateurs. On a tous à y gagner », plaide-t-il. Sans parler du lien entre grand public et monde agricole. « Les gens qui ne sont pas du milieu agricole apprécient de voir des champs fleuris. C’est souvent l’occasion de redorer l’image de la profession », conclut Bruno Désiré

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