Tribune
Grand débat : participons !
Sébastien Prouteau, le président délégué de l’UDSEA, invite les agriculteurs à prendre part au grand débat national partout où ils y seront conviés.

Face à la crise que traverse notre pays depuis bientôt trois mois, le chef de l’Etat a annoncé, le 15 décembre dernier, l’organisation d’une “grande consultation citoyenne ”. Le coup d’envoi de ce Grand Débat National a été donné par la publication d’une lettre, signée du président de la République, à l’ensemble des citoyens français. Par ce courrier, il précise les contours de cette consultation, qui est organisée autour de quatre thèmes et se terminera le 15 mars prochain. Si il affirme la nécessité de « rebâtir une souveraineté industrielle, numérique et agricole », l’agriculture est directement questionnée par le thème de la transition écologique. L’exécutif invite les Français à se pencher sur « les solutions pour se déplacer, se loger, se chauffer, se nourrir », ainsi que sur « les propositions concrètes pour accélérer la transition environnementale […] sans que les agriculteurs et les industriels ne soient pénalisés par rapport à leurs concurrents étrangers ».
Quelle place occuper ? Quel intérêt d’y participer ? Autant de questions qui ont animé nos récents échanges dans un contexte où, depuis près de deux ans, la place des corps intermédiaires et de leurs représentants a été dévaluée dans le processus d’élaboration des politiques publiques... Il n’est pas question pour nous, syndicats agricoles, d’organiser ni d’être caution institutionnelle de ces débats. Par contre, il nous semble essentiel de pouvoir s’y exprimer en tant que corps intermédiaire, lorsque nous y serons invités, mais aussi et surtout de favoriser la prise de parole des agriculteurs partout où ils en auront la possibilité.
Notre présence est nécessaire en tant que force vive des territoires ruraux, refusant la confiscation du débat par des structures militantes désireuses d’imposer les options les plus radicales à notre secteur. Nous appelons tous les agriculteurs à prendre part au débat.
En tant qu’organisation syndicale, nous baserons nos contributions autour de trois axes de réflexion :
• le premier, pour exprimer le manque d’écoute, de considération et l’incompréhension face à certaines décisions publiques qui obligent l’agriculture française à une transition écologique à marche forcée au détriment d’une trajectoire soutenable et d’un accompagnement pragmatique. La hausse de la RPD en est l’exemple le plus récent et probant ;
• le deuxième pour rappeler que l’agriculture est une chance pour la France (économique, sociale et environnementale) et au cœur de nombreux projets économiques dans les territoires ruraux. Les pouvoirs publics doivent prendre conscience que maintenir une agriculture forte est la condition sine qua non au développement harmonieux des territoires ruraux ;
• le troisième pour faire part de nos attentes et propositions en matière de ruralité, de transition écologique, de fiscalité, de protection de nos productions face aux distorsions de concurrence, de pouvoir d’achat, de retraites, de gouvernance territoriale, d’organisation de l’Etat, d’accès aux services publics, etc. A nous tous de faire acte de pédagogie et de valoriser la réalité complexe de notre profession avec l’ensemble des citoyens mobilisés.
Nous vous invitions tous à participer à ces débats, et à porter vos messages : ne laissons pas à d’autres le monopole de l’expression sur notre métier ! »