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Crise sanitaire : la fourche alimente toujours la fourchette

En France, l’agriculture tient mais des filières comme le lait, les biocarburants ou le vin commencent à craquer un peu partout dans le monde. Le monde politico-économique, le coeur sur la main, annonce qu’il tirera les leçons de la crise sanitaire. Qui vivra, verra !

Malgré les difficultés, les agriculteurs français répondent présents aux besoins de la nation. Circuits longs ou courts, malgré un raidissement, leurs filières ont su assez rapidement réorienter les produits habituellement destinés à la restauration collective vers les GMS. Si quelques rayons sont vides en fin de journée, ils sont rapidement réachalandés pour le lendemain. Les chiffres d’évolution sont impressionnants, avec une progression d’un tiers de la fréquentation habituelle des supermarchés en zone urbaine, de 40 % en zone rurale et de 65 % des drive.

 

En 6ème semaine de confinement, l’Hexagone ne souffre pas de pénurie alimentaire. Merci qui ? Mise sur le grill le 10 avril sur France Inter, comme il est d’habitude sur cette grande radio publique dès qu’elle reçoit la FNSEA, Christiane Lambert a tenu à saluer les agriculteurs mais aussi tous ceux qui oeuvrent en aval de la production. « Toute la chaîne alimentaire est mobilisée, de la ferme aux rayons de vente, grâce au travail des salariés du transport, de l’agroalimentaire et de la distribution. »

 

Là où le bât blesse, c’est sur les marchés de proximité dont 3 000 sur 10 000 habituels fonctionnent encore. L’Association des maires de France incite les élus à rouvrir les marchés en calant leur organisation sur le protocole sanitaire des pouvoirs publics.

 

LA PLANÈTE LAITIÈRE OU LE GRAND CHAMBOULE-TOUT

Le virus affecte toute la planète et la production laitière est à l’image de la mondialisation des échanges. La poudre de lait fait partie de ces grandes matières premières alimentaires qui parcourent le globe. Quand les cargos restent à quai, le prix de la poudre sombre sous la ligne de flottaison. C’était le cas début avril avec une tonne de poudre tombée en un mois sous le cours d’intervention. L’industrie laitière et par conséquent les producteurs vont payer cher la crise sanitaire.

 

En Europe, la France suivie par l’Allemagne a pris les devants en incitant les producteurs à réduire volontairement l’offre. Le Cniel prie les éleveurs de baisser la production d’au moins 2 %, cherchant à créer un fonds de solidarité doté de 10 M€ pour soutenir les volontaires. La Hollande reste sur une ligne collecte-transformation pour l’instant sans changement, prévoyant malgré tout un transfert du lait entre usines en cas de fermetures d’unités. Outre-Manche, la paie de lait par les petites laiteries privées du marché CHR devient erratique et le lait s’écoule vers les méthaniseurs ou, comme aux USA où la filière lait est désarçonnée, dans les champs…

 

Mystère franco-français, l’évolution du prix du porc… à la baisse. Alors que la consommation familiale, la météo propice aux barbecues et la reprise des exportations vers l’Asie sont favorables à la consommation de porc, son prix baisse de 3 % en France mais monte partout en Europe. Une déconnexion du marché français dénoncée par la FNP : « la crise sanitaire ne doit pas être un prétexte pour continuer à déconsidérer les éleveurs porcins qui contribuent déjà largement à l’effort de solidarité ».

 

VÉRITABLE PRISE DE CONSCIENCE OU VOEUX PIEUX ?

Le marasme affecte encore plus violemment les secteurs du sucre et des huiles alimentaires, victimes du repli de la demande. Le sucre a perdu 20 % en un mois, les huiles 12 %. L’arrêt des transports de tout poil a généré une forte baisse des prix du bio diesel et de l’éthanol, faisant plonger le soja, le colza et le maïs déjà plombé par de gros stocks.

 

Dans ce contexte mouvementé, le blé et la viande font figure d’îlots stables. Cette pluie soudaine de grêlons économico-virologiques a fait prendre conscience aux politiques de la fragilité d’un monde fondé sur le dogme du libéralisme. Un tout petit virus a miné ses fondations. Tandis que le château de cartes s’effondre partiellement, les besoins fondamentaux des gens sont revenus au grand jour. Les français plébiscitent une économie au service de l’humanité dans le respect de l’environnement. En France, en Europe et dans chaque grand bassin de vie de la planète, la santé, l’éducation, une partie stratégique de l’industrie et l’alimentation doivent être sanctuarisées.

 

Le 13 mars, Emmanuel Macron est revenu sur le rôle stratégique de l’agriculture. « Il nous reviendra aussi dans les prochaines semaines de préparer l’après. Il nous faudra bâtir une indépendance agricole, sanitaire, industrielle et technologique française et plus d’autonomie pour notre Europe », a-t-il déclaré. Il y a un mois, il n’avait pas hésité à dire « qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché », en ajoutant que « déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie à d’autres est une folie ». L’agriculture française ne demande qu’à prendre sa part pleine et entière.

 

FILIÈRE VIN FRANÇAISE : LA DISTILLATION, VITE !

Face à l’accumulation des vins invendus, l’Association génération de la production viticole (AGPV*) a réclamé mardi 14 avril la mise en place « au plus vite » de mesures d’accompagnement spécifiques au secteur, insistant « sur l’urgence de la mise en place d’une mesure de distillation volontaire forte », permettant de dégager avant les vendanges les volumes accumulés.

 

« Après l’intervention du président de la République du 13 avril, il apparaît que la reprise pour notre secteur ne pourra se faire avant l’été au plus tôt, avec la réouverture des bars et restaurants et la reprise de l’activité touristique. Il est nécessaire de dégager des fonds suffisants afin d’envoyer à la distillation au moins 3 millions d’hectolitres de vin de tous les segments, ce qui est une estimation basse des volumes nécessaires avant les annonces de poursuite de fermeture de CHR (…) », écrit l’organisation. L’AGPV évoque un prix de 80 €/ hl pour les IG, « un prix permettant de ne pas mettre à mal le travail engagé ces dernières années sur le marché ».

 

Dans son communiqué, l’association réclame également la concrétisation du fonds de compensation pour les taxes US, des mesures d’aide au stockage ou encore l’assouplissement dans la gestion de l’OCM vin, afin de « prévoir les adaptations réglementaires spécifiques, nationales ou européennes qui s’imposent et qui permettront de passer le cap ».

 

* CNAOC, La Coopération agricole, Confédération des vins IGP, Vignerons indépendants, FNSEA et JA.

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