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La Brebidoré : l’appel de la bergerie

Emilie Cardeilhac et son mari Eric ont récemment changé de voie pour se dédier à l’élevage de brebis avec transformation fromagère. A Bridoré, l’aventure semble bien partie.

“ Les fiiiilles ! » Quand Emilie Cardeilhac appelle joyeusement ses brebis, toutes répondent présent. Un rôle qui lui colle à la peau, elle qui évoluait pourtant jusqu’en 2020 en blouse blanche d’infirmière. Ses grands-parents élevaient, en autres, des brebis et l’idée de s’installer un jour lui a toujours trotté dans la tête. Le BPREA en poche, elle effectue des stages, et beaucoup de remplacements. Elle s’installe en mai 2020, en reprenant 40 hectares à Bridoré, en achat, la location n’étant pas envisagée par les anciens propriétaires. Une surface complétée par 20 hectares en location, dont 15 en bail précaire Safer. Depuis un an, son mari Eric l’a rejointe sur l’exploitation bio. Ils espèrent retrouver des terres pour sécuriser la ferme en cas de fi n du bail précaire. Le couple a édifié un bâtiment en bois, dans lequel le quai de traite a été placé dans la bergerie. « J’avais vu ça dans une ferme et je voulais faire pareil. Pendant la traite, ça permet de ne pas être coupé de ce qu’il se passe, de sentir son troupeau. » Le bâtiment a été conçu dans la longueur en suivant le cycle de production : la bergerie comprend la salle de traite, ensuite vient le laboratoire, puis le lieu de vente.

UNE AUTONOMIE ALIMENTAIRE TOTALE

Le système fourrager répond aux besoins des 140 brebis, dont 110 en production. « Nous sommes autonomes et n’achetons rien, même pas de concentrés, précise l’éleveuse. Nous cultivons nos céréales sur 18 hectares, en cultures associées : orge-pois, triticale-pois et féverole avoine. Le reste est en prairies. » Certaines prairies sont tantôt pâturées avec un système tournant, tantôt fauchées ; d’autres en luzerne et en trèfle sont réservées à la fauche. Vingt hectares se situent en zone Natura 2000 au bord de l’Indre, des prairies alluviales toujours vertes même en période sèche. L’exploitation compte cinq Maec, notamment en fauche tardive, protection de la ripisylve, protection des haies… « On voit les résultats, une nouvelle faune et une nouvelle fl ore reviennent », se réjouit l’agricultrice. L’exploitation s’est équipée de matériels de travail du sol et de fenaison. « Nous travaillons par contre avec la Cuma pour l’épandeur et l a presse, par exemple », complète la jeune femme. Avec leurs brebis lacaunes, Emilie et Eric produisent du lait pendant cinq à sept mois. La reproduction est conduite en lutte naturelle. « Nous avons cinq béliers. Pour regrouper les chaleurs, nous utilisons l’effet bélier et nous modifions la ration des brebis, en ajoutant notamment de l’avoine. » Au départ, Emilie avait acheté 90 brebis pleines, de différents âges, pour entrer en production rapidement et assurer une rentabilité. La majorité des agnelles sont aujourd’hui conservées, pour assurer le renouvellement. L’objectif est d’atteindre 150 brebis en production. Les agneaux restent deux mois sous la mère. Ils sont abattus à Valençay, transformés par un professionnel, puis vendus en caissettes de viande. « Je vois mon produit du début à la fi n de la chaîne, c’est très valorisant », apprécie l’éleveuse.

TOMME, CROTTIN, YAOURTS…

A travers la transformation fromagère, l’ancienne infirmière « retrouve des réflexes de mon métier d’avant : calculer les doses, s’équiper d’une charlotte et de surchaussures, gérer des aspects techniques… » Le lait est transformé en tomme, crottin, yaourts, fromage frais aux herbes et mélange de fleurs de chez Ethymcelle à Ambillou. Et toute la production est écoulée. Si Emilie s’occupe généralement du soin aux animaux, des aspects techniques, des mise-bas, du bouclage, de la traite deux fois par jour et de la transformation, Eric se charge de la commercialisation, des cultures, de la maintenance des bâtiments, des clôtures et de l’alimentation du troupeau. Pour éviter de jeter le petit lait non utilisé, le couple élève une dizaine de porcs Longué-Bayeux en plein air, nourris à la farine de céréales et au petit lait. « On achète les nourrains, puis on les engraisse durant environ six mois. Ils sont vendus en vente directe, en caissettes », commente Emilie. La Brebidoré vend à la ferme, sur les marchés de Loches et Courçay, et fournit deux Amap (Chambray et La-Celle-Guénand). Le dimanche, on trouve ses produits sur certains festivals, f oires ou brocantes, ce qui ramène de nombreux clients à la ferme. Le couple fait visiter la ferme le dimanche matin aux groupes qui le demandent, et aux occupants de leur gîte de 12 personnes. La Brebidoré semble avoir déjà bien trouvé sa clientèle, qui apprécie de trouver du fromage de brebis local.

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