La petite fabrique hermitoise, une savonnerie ultra locale
Aux Hermites, une savonnerie est née il y a bientôt un an. Ses produits cosmétiques et ménagers, conçus à base d’éléments naturels et ultralocaux, ont déjà fait un certain nombre d’adeptes

Dans son atelier aux Hermites, un fait-tout est sur le feu et de doux parfums chatouillent les narines. Non, il ne s’agit pas là de cuisine, mais de fabrication de produits cosmétiques naturels, ce qui n’est pas si différent. Geneviève Rippon est quelqu’un qui aime savoir comment fonctionnent les choses et les gens. « Quand j’étais petite, je faisais des trous dans la tête de mes poupées pour comprendre comment c’était fait », confie-t-elle, amusée. Après vingt ans comme éducatrice spécialisée, et avoir goûté à quelques autres secteurs professionnels, elle décide d’en venir à ce qu’elle aime faire depuis longtemps pour elle-même et son entourage : fabriquer ses propres cosmétiques. Dans sa gamme aujourd’hui, une vingtaine de savons à base d’huile végétale, six à base de graisse locale (saindoux, huile végétale), sept shampoings, des dentifrices en poudre, des crèmes solides fondant au contact de la peau… mais aussi des produits d’hygiène pour la maison. « Je me suis formée seule. J’ai raté, puis j’ai recommencé ! », lance-t-elle.
DES INGREDIENTS NATURELS DE PROXIMITE
Mais la démarche de Geneviève Rippon se place dans l’ultra local. Elle n’utilise quasiment que des éléments provenant d’un rayon de 60 km. Les huiles de chanvre et de caméline, le lait de chèvre, le saindoux, le lait d’ânesse et de jument, le macérat de rose proviennent d’exploitations du Loir-et-Cher. Les œufs viennent de chez Corentin Deslis à Monthodon, le lait de vache de La fromagerie de Lucie aux Hermites, la bière et la lie de la Brasserie de la peau d’oie à Epeigné-sur-Dême, la farine de pois chiche et la farine complète de La Gâtine laurentaise à Saint-Laurent-en-Gâtine, le miel des Miel’ées à Monnaie, la spiruline et la sève de bouleau de Paysan bleu à La Riche, le safran du Comptoir du panier fermier à Marray… Le marc de café, utilisé dans un de ses savons, provient de restaurants des Hermites et de Villedômer. « Les grains de café constituent un exfoliant naturel. Et j’ai également fabriqué avec ce marc la base du « concentré de savon d’atelier », le dernier né. Un savon sous forme de pâte, comme les utilisent les ouvriers et artisans. » Geneviève a fait ses choix. « Je n’utilise par exemple pas de sodium coco sulfate. C’est un tensioactif qui apporte un effet moussant, mais il est fabriqué très loin dans des conditions peu éthiques et nécessite beaucoup de pétrochimie, explique-t-elle. Je l’ai remplacé par la farine de pois chiche, qui contient de la saponine, avec le même effet. »
UNE DEMARCHE ECOLOGIQUE
Aujourd’hui, des agriculteurs locaux lui apportent même des produits bruts, en lui demandant ce qu’elle pourrait fabriquer avec. « C’est arrivé avec Benoît Terpreau d’Epeigné-sur-Dême, qui m’a amené des lentilles. Après plusieurs essais, j’ai trouvé une formule de masque à faire soimême, à base de lentilles, argile blanche, lait, carotte et rose, se félicite l’entrepreneure. Le client n’a plus qu’à y ajouter un macérat et de l’eau chaude. » La savonnière souhaite continuer à créer ainsi, au gré des rencontres avec les producteurs et des idées. « Pouvoir s’améliorer en fonction des retours des clients, je trouve ça fabuleux. Certains clients m’ont dit ne plus utiliser que mes produits, c’est valorisant », glisse-t-elle. Geneviève travaille en saponification à froid, dans un souci de sobriété énergétique. Les savons baissent en température très doucement, dans des bacs en polystyrène. Pour les savons durs, elle utilise de la soude caustique, et pour les savons mous de la potasse. Chaque création est accréditée par un docteur en pharmacie. Les produits sont vendus en vrac. Les clients apportent leurs contenants ou achètent l’emballage adapté la première fois, puis le rapportent. Voilà bientôt un an que Geneviève Rippon a commencé son activité, en créant son laboratoire et son magasin, et en investissant dans un pétrin, des moules, une guitare pour couper le savon, un frigo, des bacs à bain-marie… et une remorque-magasin pour faire les marchés. Car on peut acheter les produits de La petite fabrique hermitoise sur les marchés locaux, mais aussi dans sa boutique, sur internet et dans quelques points de dépôt-vente. Dans un futur proche, la savonnière souhaite mettre en place des ateliers pour apprendre aux personnes intéressées à fabriquer leur lessive, leur gommage, leur crème… De quoi faire des émules. Et puisque la savonnerie fait partie des candidates aux Trophées des territoires, souhaitonslui bonne chance !