Le maraîchage comme voie d’insertion de réfugiés
Un chantier d’insertion en maraîchage vient d’être créé à Mettray à destination de réfugiés ayant obtenu l’asile. Un dispositif visant à leur apporter bien plus que l’apprentissage des premiers gestes techniques.
Un chantier d’insertion en maraîchage vient d’être créé à Mettray à destination de réfugiés ayant obtenu l’asile. Un dispositif visant à leur apporter bien plus que l’apprentissage des premiers gestes techniques.
A Mettray, un chantier d’insertion en maraîchage biologique se met en place depuis quelques mois, à l’initiative de l’association Atouts et Perspectives (anciennement La Paternelle), avec la plateforme Route 37. L’objectif : faciliter l’intégration de réfugiés statutaires.
Une intégration qui passe par l’apprentissage de nos codes culturels et sociaux, notamment en entreprise, et celui d’un nouveau métier pour beaucoup d’entre eux. Mais c’est aussi un moyen d’apprendre la langue française. « Les premières barrières à l’insertion professionnelle des réfugiés sont la langue et l’accessibilité », indique Paul Grenot, directeur délégué à l'insertion et à la formation professionnelle au sein d'Atouts et Perspectives. C’est pourquoi les participants au chantier maraîchage travaillent le matin sur cette activité, et bénéficient de cours de français l’après-midi.
L’association a choisi d’utiliser le prisme du maraîchage, tout simplement parce qu’elle possède un site de 2 ha anciennement exploité comme tel. « Tout était en friche depuis deux ans, les premières missions des participants ont donc consisté à défricher, remettre le site en état et travailler le sol ! », raconte Paul Grenot.
UN PROJET COLLECTIF
Mais c’est déjà de l’histoire ancienne ; depuis, les équipements se sont mis en place. L’ancienne serre a désormais retrouvé de sa superbe, trois autres de 30 m sur 6 m viennent d’être implantées, et une partie de la surface en plein champ est déjà en production. Le matériel nécessaire est acheté peu à peu. « Il y avait déjà un forage, donc on a pu installer un système d’irrigation », ajoute Paul Grenot. Au total, 80 000 euros ont été investis dans les outils de production, et la vente des légumes doit permettre d’atteindre un équilibre financier.
Des partenaires ont apporté leur aide par différents moyens. Tours-Fondettes Agrocampus a fourni des plants, avec en échange une aide de la part des salariés du chantier, notamment pour installer des serres sur l’exploitation du lycée. Julien Davaze, producteur d’huiles et de lentilles voisin du chantier, a prêté du matériel ; les Jardins de contrat sont aussi associés au projet.
Un encadrant technique, Guillaume Audry, a été recruté ; la chambre d’agriculture a également apporté son soutien technique et en matière de débouchés de commercialisation. Sur 1,5 ha cultivable (dont 10 % sous abri), 10 % des terres sont pour l’instant cultivées.
Pommes de terre, céleri, butternut, voici quelques-uns des légumes bio qui pourront prochainement être vendus, en circuits courts. Cinq hectares en cours de conversion biologique viendront s’ajouter à cette surface. Une station de lavage est également en projet, ainsi que l’installation de deux serres supplémentaires de 30 m sur 8 m.
L’OBJECTIF : UN EMPLOI DURABLE
Un support idéal pour l’insertion de personnes déracinées en quête d’insertion et de stabilité. Le chantier peut en accueillir dix au maximum simultanément. Dans cette dynamique de groupe, les différentes pays d’origine se mêlent : Soudan, Erythrée, Somalie, Ethiopie, Afghanistan et Irak. Si l’on ajoute la Syrie, voilà un tableau représentatif de la majorité des nationalités représentées parmi les réfugiés accueillis en France.
« L’objectif est d’amener ces personnes à un emploi durable, souligne Nicolas Poisson, chargé de développement et relations entreprises de la plateforme emploi Route 37. Ils travaillent ici en CDD d’insertion, en principe d’une durée de 12 mois, avec un accent fort mis sur les cours de français langue étrangère ». Les salariés sont par ailleurs suivis par une conseillère insertion dédiée, au sein de Route 37.
« Des partenariats vont être noués petit à petit avec des exploitations, comme le Jardin de Rabelais à Avoine par exemple, annonce Nicolas Poisson. Mais tous ne deviendront pas maraîchers, il s’agit de prérequis, d’une base pour s’insérer dans le milieu professionnel. » Le Groupement d’employeurs de Touraine (GET), qui avait signé un partenariat fin 2019 avec Entraide et Solidarités, s’est aussi engagé à proposer des postes à ces réfugiés, en fonction des possibilités. Il faut savoir que leur embauche ne demande aucune formalité particulière, puisqu’ils ont obtenu l’asile de la part de l’Etat. Pour eux, l’histoire d’un nouveau départ dans les meilleurs conditions possibles reste à écrire.