Les collectivités locales au cœur de la politique d’alimentation ?
Pour relocaliser l’alimentation, la collaboration des professionnels, des politiques et des partenaires semble une clé essentielle. Etat des lieux local, en partant des initiatives existantes et des souhaits émis pour demain.
Pour relocaliser l’alimentation, la collaboration des professionnels, des politiques et des partenaires semble une clé essentielle. Etat des lieux local, en partant des initiatives existantes et des souhaits émis pour demain.
Les collectivités locales peuvent-elles mettre en place une politique locale d’alimentation ? Si oui, laquelle définir ? Voici les questions qui ont réuni les participants à la projection-débat, organisée le 21 novembre par la chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire dans ses locaux. La projection du film documentaire « Tu nourriras le monde »* de Floris Schruijer et Nathan Pirard, qui dépeint l’évolution du monde agricole depuis l’après-deuxième guerre mondiale, a été suivie d’échanges. Dans le cadre du projet alimentaire départemental, l’objectif était en effet de favoriser l’échange autour du devenir de l’agriculture sur notre territoire et de la politique agricole et alimentaire que nous souhaitons bâtir collectivement pour notre département. Au niveau Centre-Val de Loire, « l’objectif est de relocaliser l’alimentation, a assuré Temanuata Girard, vice-présidente de la Région. Le Grand bœuf par exemple a vu le jour grâce à l’ingénierie du Cap filière. Avec le plan alimentaire territorial et les Cap filière, on essaie de structurer les initiatives locales pour plus d’efficacité. » La vice-présidente ne manque pas de mettre le doigt sur les enjeux en Région : le manque d’outils de transformation et la difficulté à trouver des producteurs pouvant servir la restauration collective qui n’aient pas engagé leurs volumes à l’export. Pour la filière élevage, Richard Courtigné, élu à la CA 37, alerte : « on a besoin d’outils de transformation en effet, mais aussi de bouchers. Or les bouchers, pour la plupart, ne désossent plus les carcasses ou demi-carcasses, la compétence se perd ».
UNE COLLABORATION DES ACTEURS INDISPENSABLE
La CA 37 œuvre par ailleurs avec les comcom en vue de garder des agriculteurs localement et d’installer des jeunes. « Un Cap filière laitier a été signé, prévoyant une animatrice régionale et trois relais départementaux pour accompagner les projets. « Osons l’élevage en Centre-Val de Loire » va prendre la suite de « S’installer en Touraine, une aubaine », a complété Fabienne Bonin, également élue à la CA 37. Pour que ce genre de démarche soit fructueuse, il faut que tout le monde collabore ensemble : chambre d’agriculture, comcom, laiteries… »
A l’instar de la mise en place de la filière Grand bœuf, le Département travaille avec les acteurs d’Indre-et-Loire pour aller vers une alimentation locale. « Nous aidons par tous les moyens possibles pour dynamiser le territoire et l’autonomiser, a précisé Alain Anceau, vice-président du conseil départemental. Notre rôle est de mettre les choses en musique, avec pour objectif final que les agriculteurs vivent bien. » Rebondissant sur le revenu des agriculteurs, Cédric Raguin a rappelé que « le préalable à toute installation, et donc au maintien du tissu agricole, c’est un prix rémunérateur des produits. »
Et pour aller chercher la rémunération, de nombreux agriculteurs se prennent en main. La coopérative de Verneuil en est un exemple. « On a créé un lait premium, pour mieux valoriser la matière première, malheureusement il n’est pas considéré comme étant en filière qualité pour la loi Egalim. Mais on essaie de s’adapter au maximum à la restauration collective : on a notamment investi dans la mise en bibs, plutôt qu’en emballages de petite contenance, pour faciliter l’utilisation du produit », illustre Denis Raguin, président de la laiterie. La coopérative veille d’ailleurs à maintenir l’élevage sur le territoire, en garantissant aux jeunes installés un prix sur cinq ans. Temanuata Girard précise que la restauration collective est un marché à fournir seulement 120 jours par an. Il est donc nécessaire d’inclure aussi dans la démarche les Ehpad, hôpitaux ou encore les prisons. Au vu des échanges, il est donc évident que les politiques publiques orientent les initiatives locales. « Parfois, il faut voir comment on peut créer des filières. Il s’agit de s’organiser localement tous ensemble pour répondre à la demande politique. On attend beaucoup des collectivités. L’agriculture doit devenir une priorité pour elles, car on a besoin des politiques pour avancer », a conclu, Henry Frémont, le président de la chambre d’agriculture.