LES DIFFÉRENTES POSSIBILITÉS POUR VENDRE SON BOIS
Comment vendre ses bois ? Abattus ou non ? De gré à gré ou aux enchères ? Le point avec un expert forestier local.
Comment vendre ses bois ? Abattus ou non ? De gré à gré ou aux enchères ? Le point avec un expert forestier local.

Lorsqu’on est propriétaire forestier, il existe différentes façons de vendre son bois. On peut choisir de le vendre sur pied, ou abattu bord de route, c’est-à-dire abattu et acheminé en bord de route pour être enlevé par l’acheteur. Vendre les arbres abattus met à la charge du propriétaire l’abattage et le débardage des grumes. Celui-ci peut aussi choisir de faire trier par l’expert forestier les bois en fonction de leur qualité. « Ce type de vente présente un risque principal : que le bois ne soit pas vendu, reste en bord de route et s’abîme par l’action des insectes ou des champignons, prévient Eric Delaunay, expert forestier à Tauxigny depuis 2007, intervenant en région Centre-Val de Loire et dans la Vienne. Si les bois sont triés, le risque peut aussi être que le lot de qualité moindre ne parte pas. » Cette modalité peut être appliquée quand on souhaite maîtriser l’exploitation : dans le parc d’un château, si un ruisseau doit être traversé… L’acheteur a un délai souvent fi xé à environ dix-huit mois pour venir couper les arbres, mais le transfert de propriété intervient dès le contrat de vente signé et l’acompte encaissé. La vente sur pied, qui représente 95 % des cas, est beaucoup plus sécurisante. « Le propriétaire n’a pas de frais à avancer et, en cas d’invendu, les arbres sont toujours sur pied », souligne l’expert forestier, également président de Bois Centre expertises.
VENTE SUR PIED EN BLOC OU À L’UNITÉ DE PRODUITS
Les arbres à vendre sont marqués ou numérotés par un expert. S’il s’agit d’une vente en bloc, il précise dans une fiche détaillant le lot le nombre d’arbres de chaque essence par diamètre avec un volume défi ni. La vente en bloc étant réservée au débouché bois d’œuvre (sciages, merrain, déroulage). S’il s’agit d’une vente à l’unité de produits, il indiquera seulement l’estimation du nombre de stères. Cette méthode s’applique pour des coupes d’éclaircie, de taillis, de pins pour des débouchés de trituration, pâte à papier, chauffage, piquets… L’expert procède ensuite au cubage, c’est-à-dire à l’estimation du volume et de la valeur de la coupe, pour fi xer le prix de retrait. Sachant que dans un même chêne par exemple, les différentes parties n’ont pas la même valeur. Dans la vente à l’unité de produits, les offres des acheteurs et le prix de retrait s’appliquent au stère sur pied. Si le lot est très hétérogène, il est possible de fixer un prix par type de produits, toujours au stère ou m3.
A L’AMIABLE OU AUX ENCHÈRES
La vente peut par ailleurs être conclue de gré à gré ou aux enchères. Aux enchères, un prix de retrait (prix plancher) est fi xé entre le vendeur et l’expert, mais non diffusé. L’acheteur le plus offrant (au-dessus du prix de retrait) sur un lot emporte ce dernier. « Nous pratiquons des ventes groupées aux enchères, une fois au printemps et une fois en automne, avec Bois Centre expertises. Les acheteurs invités reçoivent un cahier regroupant les fiches des lots en vente et peuvent participer en présentiel, ou à distance via un site développé par Experts forestiers de France », explique Eric Delaunay. Les ventes de gré à gré en revanche concernent les lots peu conséquents. « Si la coupe ne remplit pas un camion par exemple, elle n’intéressera pas lors de la vente aux enchères. Dans ce cas, on envoie une consultation restreinte à quelques acheteurs », justifi e l’expert. La vente de gré à gré est également utilisée pour des coupes avec des essences, qualités ou produits très hétérogènes. Plus les bois sont de qualité, plus le propriétaire a intérêt à vendre aux enchères, la mise en concurrence aidant. Eric Delaunay traite avec des propriétaires possédant d’un demihectare à 1 500 hectares boisés. Le bois reste une valeur sûre. Après une fl ambée des prix depuis deux-trois ans, suite au Covid et à la demande des Etats-Unis et de la Chine, les prix se tassent, mais restent encore très élevés. Dans tous les cas, il vaut mieux se faire conseiller par un expert ou gestionnaire forestier professionnel, pour s’assurer une gestion sage et la meilleure valorisation possible, avec des garanties de paiement, en toute transparence et indépendance.