Sécheresse 2018
Les éleveurs de l’Ouest demandeurs de paille
Certains stocks de paille sont vides, les éleveurs des régions voisines demandent un coup de main aux céréaliers tourangeaux. L’UDSEA organise un rapprochement avec le Maine-et-Loire.

Chacun se souvient de la météo de 2018. Passé le 10 juillet, il a fallu attendre après la mi-octobre pour retrouver des pluies sérieuses. La sécheresse sur ces 4 mois s’est étendue des Pays de Loire au Jura et au Massif Central. Les éleveurs ont épuisé tous leurs stocks de foin et pailles, et doivent les reconstituer. Pour le foin, la pluie s’est arrêtée, le moral remonte et l’opération est en cours. Pour la paille, les éleveurs en ont cherché en local mais il en manque. Pas des quantités énormes, mais trouver 1000 à 3000 ha de plus en 2019 dans les départements d’élevage où quasiment toute la paille est pressée, ce n’est pas simple.
Les céréaliers voisins sollicités
Les éleveurs de l’Ouest et du Massif Central recherchent donc de la paille dans les départements céréaliers les plus proches. Les marchands de pailles commencent à être sollicités, mais aussi les céréaliers, directement par les éleveurs ou via les professionnels du commerce. « Par des liens familiaux, un éleveur vendéen m’a contacté. Habituellement on broie toute la paille dans notre Gaec », témoigne Michel Vaudour, de Saunay. « Cette année, on va jouer le jeu sur une partie et récolter la paille. Il faut que je m’organise avec l’entreprise qui presse localement. »
Devant ce besoin généralisé, la FDSEA du Maine-et-Loire a sollicité l’UDSEA et JA37. Les Angevins veulent inciter leurs éleveurs à commander de suite. Après la moisson, il sera trop tard. Après avoir pris l’avis des presseurs locaux, le conseil d’administration de l’UDSEA a décidé d’organiser une opération de coup de main aux éleveurs voisins.
« Nous demandons aux céréaliers tourangeaux de débrancher les broyeurs pour une partie de leur surface, précise Christian Blanchard, secrétaire général de l’UDSEA 37. Nous nous sommes assurés que les éleveurs tourangeaux avaient le nécessaire de paille ». « L’agronomie conseille de conserver les pailles, mais en débranchant sur une partie de la surface, 1 année sur 7, cela est jouable », poursuit-il.
Se faire connaître
Pour cette opération, l’organisation concrète repose sur les presseurs locaux. La FDSEA 49 va passer des contrats avec eux. Le céréalier qui est d’accord pour apporter quelques parcelles à la récolte doit se faire connaître auprès de l’UDSEA via Internet (ou par téléphone) ; les adhérents UDSEA/JA recevront un mail avec les modalités pratiques d’ici le 26 juin.
Les presseurs et marchands de paille qui participent à l’opération auront connaissance de cette liste d’agriculteurs. Ainsi, le céréalier apporteur sait que la paille collectée par ce biais, en plus de la paille habituellement pressée, ira aux éleveurs dans des conditions de prix non spéculatives.
Pour le paiement, tous les céréaliers apporteurs recevront un acompte (voire un paiement définitif) d’ici le 30 septembre 2019. La mise au point finale de l’opération et la liste des presseurs qui s’engagent sont en cours. Plus de détails sur l’évolution de l’opération sur le site www.maisondesagriculteurs37. fr.
Témoignages
Dominique François est éleveur de vaches laitières à Avrillé (49), au nord d’Angers. Avec 55 vaches sur 70 ha, il consomme 100 tonnes de paille chaque année. Avec ses 15 ha de céréales à paille, il n’en produit que 45 à 50 tonnes. Les autres années, il réussit à peu près à trouver de la paille localement. Mais ce n’est pas simple dans une zone à dominante élevage. « Et cette année, cela coince. Tout le monde doit refaire les stocks. Cela absorbe le peu de disponible. D’où ma recherche de 40-60 tonnes hors département, même si c’est plus cher à cause des frais de transport. »
« Une bonne partie des éleveurs du Segréen, des Mauges sont dans la même situation », explique Emmanuel Lachaize, secrétaire général de la FDSEA 49. « C’est pourquoi la FDSEA 49 a décidé de regrouper les offres des éleveurs, pour organiser au mieux cet achat de paille à 100-180 km de chez nous, avec les acteurs du commerce de paille tourangeaux et l’appui de l’UDSEA 37. Les besoins précis sont en cours de calage. Nous demandons aux éleveurs de s’engager avec un acompte ». La FDSEA 49 estime les besoins à environ 2000-2500 tonnes qui s’ajoutent au commerce habituel.