L’importance de fixer une rémunération au chef d’entreprise agricole
« Tout travail mérite salaire. » Pourquoi ce proverbe ne s’appliquerait-il pas aux chefs d’exploitation agricole ?

Pour calculer le prix de revient qui sera déterminant dans la stratégie de vente des produits, il est impératif d’affecter les charges de structure. Parmi celles-ci, la rémunération de l’exploitant qui n’apparaît pas toujours dans le compte de résultat, est pourtant à prendre en compte dans le chiffrage. En effet, dans une approche économique, l’absence ou la trop faible rémunération du travail de l’exploitant entraîne une sousévaluation du prix de revient. Ce qui a pour conséquence deux interprétations erronées : soit une surestimation de la rentabilité, soit cela laisse penser que le prix de vente est rémunérateur alors que ce n’est pas le cas.
COMMENT FIXER UNE JUSTE RÉMUNÉRATION ?
En agriculture, le chef d’exploitation effectue tour à tour des tâches très techniques (donc qui seraient très rémunérées) et très basiques (qui seraient donc nettement moins rémunérées). Il conviendra donc de distinguer deux types de tâches à rémunérer : en premier lieu celles liées à la production et dans un deuxième temps, celles liées à la fonction de dirigeant. Cette rémunération variera en fonction de la taille de l’entreprise, de la complexité du système de production, de la présence de salariés… ainsi que de la formation et du niveau de compétences du chef d’entreprise. En conséquence, il serait assez juste de se rapprocher des diverses conventions collectives fixant les grilles de salaires des responsables et salariés cadres d’exploitation agricole. La problématique serait alors de constater que dans de nombreux cas, le prix de vente des produits est bien inférieur au coût de revient et donc que l’exploitation n’est pas rentable.
Cette analyse chiffrée permettrait pourtant de faire prendre conscience aux pouvoirs publics et aux consommateurs que les agriculteurs produisent des produits de qualité qui ne leurs sont même pas achetés à prix coûtant. En outre, un comparatif peut être réalisé entre un dirigeant salarié et un chef d’exploitation agricole. Dans le cas du dirigeant salarié, les charges sociales sont calculées sur le salaire perçu. Les autres types de revenus, tels que les revenus de placements financiers ou les revenus fonciers, ne sont, quant à eux, pas soumis aux cotisations MSA.
Le chef d’exploitation agricole (à l’impôt sur le revenu/bénéfice agricole) va lui, être imposé sur sa rémunération et son résultat. Mais il va également payer des cotisations sociales MSA sur ces deux éléments. Ainsi, on peut constater qu’il paye des cotisations sociales sur des revenus qui pourraient tout à fait s’apparenter à des revenus de placements financiers.