Transmission
Quand les enfants reviennent aux sources
Des filles et fils d’agriculteurs qui choisissent une voie, puis reviennent un peu plus tard à la ferme familiale, on en rencontre de plus en plus. L’histoire s’est déroulée ainsi à Verneuil-sur-Indre, à la ferme des Bourdeaux.
Des filles et fils d’agriculteurs qui choisissent une voie, puis reviennent un peu plus tard à la ferme familiale, on en rencontre de plus en plus. L’histoire s’est déroulée ainsi à Verneuil-sur-Indre, à la ferme des Bourdeaux.

A Verneuil-sur-Indre, la ferme des Bourdeaux passe le relais à la nouvelle génération. Philippe Bruneau, président de la laiterie de Verneuil Touraine-Berry, passe le flambeau à deux de ses enfants, Myriam et Franck. L’histoire était loin d’être écrite d’avance. Myriam Tregouet était ingénieure dans la gestion de l’eau et de l’assainissement, et Franck était ingénieur mécanicien chez Claas. Mais deux ans avant la retraite des parents, la question de la reprise s’est posée… et tous deux se sont lancés.
Myriam obtient son BPREA à Fondettes en 2020, et son conjoint Samuel passe son bac pro CGEA l’année suivante, en vue de peut-être rejoindre l’aventure. Tous deux ont gardé pour l’instant une activité à mi-temps.
Myriam a sauté le pas pour « faire quelque chose d’utile, de concret, faire vivre le monde rural, et aussi offrir un certain cadre de vie à mes deux enfants ». « Prendre la suite familiale et revenir à un métier plus terre à terre », voilà qui a motivé Franck de son côté, lui qui ne s’était jamais trop éloigné de l’agriculture. « Mais le fait que ce soit un élevage à taille humaine et avec beaucoup de pâturage a clairement pesé dans la balance. »
Une reprise en famille est-elle plus simple ? « On a l’outil de travail, l’aide des parents, on connaît le voisinage », reconnaissent les deux reconvertis, trouvant le cadre familial plutôt confortable. « On a aménagé un espace en bureau, c’était nécessaire pour gérer à plusieurs et éviter les réunions à la maison. On y a installé un tableau d’informations, avec un planning pour noter les rendez-vous, savoir qui fait la traite tel jour... », précise Myriam. Celle-ci avoue qu’avoir vécu à la ferme ne fait pas tout et qu’il y a beaucoup à apprendre. Les membres de la famille se sont par ailleurs appuyés sur Sophie Bidet, à la chambre d’agriculture, pour échanger sur leurs visions des choses et apprendre à travailler sereinement ensemble.
AVANT TOUT, PÉRENNISER L’EXISTANT
L’objectif pour l’instant est de poursuivre l’activité telle qu’elle fonctionne aujourd’hui. « On ne veut pas changer les choses dans l’immédiat, on va déjà bien appréhender les différentes missions pour pouvoir mieux les anticiper, confie Franck. Je savais conduire les matériels, atteler… Mais maintenant il faut piloter l’exploitation ! » Mathieu, salarié depuis 15 ans sur la ferme, leur apprend beaucoup, ils n’ont pas de mal à le reconnaître.
Dans le futur, ils comptent moderniser la salle de traite, fonctionnelle mais pas assez ergonomique avec ses équipements vieillissants.
L’exploitation vient d’être certifiée haute valeur environnementale, une reconnaissance des pratiques actuelles, et notamment du faible taux d’IFT. Les jeunes repreneurs aimeraient aller vers encore plus d’herbe, même si le système est déjà autonome en alimentation à hauteur de 90 %. Ils souhaitent continuer à aller dans le sens du respect de l’environnement, en replantant des haies et des arbres, en pérennisant le raisonnement du travail du sol et l’aspect extensif du pâturage.
« Nous n’avons pas l’ambition d’augmenter le troupeau de plus de 4 ou 5 vaches. On ne veut pas s’agrandir ni investir dans des bâtiments, car économiquement le projet est rentable comme ça pour trois équivalents temps plein », expliquent Myriam et Franck. Myriam se verrait bien développer à l’avenir des activités pédagogiques à destination des écoles, ou la vente directe de lait cru. « Des idées, on en a plein ! Mais pour l’instant, notre but est de continuer à bien faire ce qui existe déjà », conclut-elle, philosophe.