Réseau Fredon : Homme, végétaux, environnement, une seule santé
Fredon France contribue à la surveillance des végétaux dans une démarche « One health » (« Une seule santé »), c’est-à-dire une vision sanitaire globale. Les enjeux transversaux de cette mission s’avèrent de plus en plus prégnants.
Fredon France, qui fête ses 90 ans cette année, a tenu son assemblée générale à Tours le 17 septembre dernier. Avec le changement climatique, la tâche est devenue plus ardue pour ce réseau d’experts végétaux dédiant son activité à la santé des végétaux. « A climat constant, il est facile d’imaginer les espèces qui vont s’installer. Mais avec le changement climatique, des espèces peuvent proliférer là où ce n’était pas envisageable avant, explique Olivier Pechamat, directeur de Fredon France. On a l’exemple avec la chenille processionnaire du chêne, qui progresse vers le sud, et avec celle du pin, qui progresse vers le nord. On ne connaît pas le terreau de demain... »
Lors de l’assemblée générale, Joël Rouillé, président de Fredon France et Fredon Centre-Val de Loire, a valorisé à plusieurs reprises le travail des équipes. « Nous sommes les vigies du risque sanitaire et apportons une contribution pour la santé des végétaux, a-t-il déclaré. Nous appliquons une approche de santé globale depuis déjà plusieurs années. » Une approche « One Health » (« Une seule santé ») intégrant la santé des végétaux, de l’environnement et de l’Homme.
Le président a également mentionné que l’organisme attendait le soutien du ministère de l’Agriculture, car « les conséquences de la présence de certaines espèces peuvent impacter durement les agriculteurs au niveau économique. »
INFORMER ET SENSIBILISER POUR PRÉVENIR
Fredon France avait invité Valérian Gratpain, de la Direction générale de la santé, pour évoquer le plan national santé environnement (PNSE) 4. Les PNSE ont été mis en place face à un constat : 23 % de la mortalité mondiale est liée à l’environnement (pollution de l’air, accès à l’eau, produits chimiques, radiation, pratiques agricoles, changement climatique…).
L’intervenant a exposé les 4 défis du PNSE 4 (2021-2025) :
• informer et former sur l’environnement et les gestes à adopter ;
• proposer une boîte à outils aux collectivités pour qu’elles puissent réaliser davantage d’actions ;
• réduire les expositions environnementales affectant la santé et les écosystèmes ;
• mieux connaître les effets de l’environnement sur la santé humaine.
Des actions ont déjà été réalisées, telles que l’étiquetage sur la toxicité de produits du quotidien, le service Recosanté (recosante. beta.gouv.fr) informant sur la qualité de l’air extérieur et la présence de pollens, le site internet agir-pour-bebe.fr prodiguant des conseils pour l’environnement d’enfants en bas-âge…
« On va renforcer la surveillance des maladies zoonotiques et la synergie entre les trois santés », a annoncé le représentant du ministère. Et d’ajouter : « L’observatoire des ambroisies, piloté par Fredon France, a été élargi en juin 2021 à d’autres espèces problématiques pour la santé humaine et l’environnement : 3 espèces d’ambroisie, 2 espèces de chenilles processionnaires et 58 espèces végétales susceptibles de porter atteinte à la santé humaine. » L’observatoire est ainsi devenu celui « des espèces à enjeux pour la santé humaine ».
« Le coût de la prévention et de la surveillance sera toujours inférieur à la lutte sanitaire », a conclu Valérien Gratpain.
UN FINANCEMENT PLUS JUSTE DES PSIC ?
Virginie Alavoine, de la Direction générale de l’alimentation (DGAL), avait également été conviée. Celle-ci a rappelé que le Règlement de santé des végétaux de 2019 a instauré de grands principes, notamment celui de la surveillance biologique du territoire. « Pour le transposer en France, un décret va sortir en fin d’année. On va dans le sens d’une responsabilisation des professionnels. Il faut réorienter les choses pour ne pas se limiter à la surveillance liée à la réduction des phytos », a déclaré l’intervenante. Concernant les programmes sanitaires d’intérêt collectif (Psic), la DGAL planche sur leur financement et les sanctions éventuelles.
Joël Rouillé a attiré l’attention de Virginie Alavoine sur le financement de ces Psic : « il ne faut pas toujours penser à les faire financer par les agriculteurs, qui ne sont pas responsables de l’arrivée d’espèces invasives, du changement climatique… Pourquoi ne pas créer une contribution pour les vendeurs de végétaux ? ». La représentante de la DGAL a précisé que la volonté était en effet de faire porter le financement à l’ensemble de la filière qui bénéficie des actions des producteurs, et non pas qu’au volet production. Affaire à suivre.