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Trier, une nécessité cette année pour certains vignerons

 Alors que la récolte bat son plein, certains vignerons sont confrontés à un ravageur nouveau, le drosophile suzukii. Touchant tous les cépages sans distinction, il exige la mise en place d’un tri méticuleux de la vendange.

Plusieurs appellations sont malheureusement victime cette année d’un prédateur préoccupant. Le drosophile suzukii, insecte asiatique débarqué en France en 2010, se cantonnait jusque-là principalement aux régions du sud de la France. Ravageur avant tout des petits fruits (fraise, framboise, groseille, etc.), voici dorénavant qu’il s’attaque aux raisins et pullule dans les régions du nord de l’Hexagone. Espèce de mouche, le drosophile suzukii pond dans le raisin. Un ver s’y développe, provoquant le pourrissement du fruit. « D’autant qu’une fois le fruit atteint, c’est la porte ouverte à d’autres insectes », regrette Lucile Rousseau, jeune viticultrice d’Esvres-sur-Indre.

UN TEMPS DE VENDANGE ALLONGÉ

La présence du drosophile suzukii entraîne la création de bactéries acétiques qui peuvent donner un gout au vin. « Il nous faut donc être très vigilant à la qualité des baies que nous rentrons en cave », explique la jeune femme. Pour limiter les désagréments, la vigneronne a fait réaliser en fin de semaine dernière des analyses de jus au microscope. « Nous avons bien fait notre travail, et l’ajout de chitosane en cuve (produit de biocontrôle) pour contrer ces bactéries est très efficace », se félicite-t-elle. Elle déplore cependant le travail supplémentaire engendré par le ravageur. « Nous sommes déjà passés en amont des vendanges pour effectuer un premier tri sur pied, détaillet-elle. Dorénavant, nous devons former nos vendangeurs afin qu’ils retirent les baies atteintes de certaines grappes. » Un temps de ramassage allongé significativement au sein même des rangs de vigne, sans compter le tri nécessaire ensuite dans les bennes. Autre inconvénient du ravageur, la valorisation des bourbes. Alors qu’elles sont habituellement filtrées, les bactéries acétiques s’y concentrent. Impossible donc pour les vignerons de les conserver. « C’est une perte de jus supplémentaire », regrette Lucile Rousseau. 

PRÉSENCE DE FLÉTRISSEMENT

La semaine de canicule qui s’est abattue sur la région fin août a entraîné l’arrivée du ravageur, mais a également provoqué d’important flétrissement sur les grappes de raisin. « Nous relevons la présence de raisins secs, notamment sur les faces sud des rangs, effeuillés ou pas », relève Michel Bertin, ancien président de la cave coopérative de Bléré, toujours participant actif des vendanges manuelles. Cette observation reste peu préjudiciable et promet un taux de sucre élevé. Afin d’assurer un tri efficace, de nombreux vignerons souhaitent cette année augmenter la part du vignoble vendangée manuellement. Mais la difficulté à recruter de la main-d’œuvre et le temps engendré par la récolte manuelle risquent de limiter les surfaces ramassées ainsi. Surtout que la météorologie de la semaine passée a entraîné une accélération de la maturité, et donc une nécessité de ramasser certains cépages rapidement. Hormis cette tâche de tri, pénible et chronophage, les raisins entrés en cave promettent un bon millésime. « Nous préférons effectuer un tri de qualité, limiter les volumes rentrés en cave, mais produire un vin qualitatif qui plaira à nos clients », résume Kévin Vigné, directeur de la cave coopérative bléroise. D’autant que la charge des ceps est cette année conséquente. Malgré un tri, évalué par certains vignerons à 30 % de la récolte, les rendements semblent au rendez-vous grâce à des grappes de taille importante et lourdes

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