Vie rurale
Une boulangerie citoyenne et médiatique
La boulangerie est morte, vive la boulangerie ! Entre Richelieu et Châtellerault, le village de Jaulnay est sous les feux de la rampe depuis des mois pour s’être mobilisé pour garder sa boulangerie.
La boulangerie de Jaulnay ne comptabilise pas autant de reportages et d’articles de presse que de baguettes vendues, mais leur nombre atteste qu’au-delà du service rendu aux habitants, l’initiative intéresse. Le Monde, la Croix, France Télévisions, Radio Nova et bien d’autres médias nationaux ont déjà fait écho à ce projet concrétisé en deux coups de cuillère à pot par les élus et les habitants. A Jaulnay, l’histoire classique d’un bourg qui perd ses commerces ne s’est pas écrite pour la boulangerie. Car le village ne s’est pas résolu à sa fermeture. Quand il y a carence de l’initiative privé, la logique de bénévolat a le pouvoir de transgresser toutes les règles de l’économie marchande. Par nature, le bénévole est résilient. Infatigable dénicheur de solutions pas chères comme nombre de maires ruraux, Maurice Taland n’a pas coupé les cheveux en quatre mais la boulangerie en deux ; 80 m2 sont passés du Paris-Brest à la mise en plis avec l’installation d’une coiffeuse. Pour le reste, le remue-méninge communal de l’hiver 2016 a donné naissance à un petit commerce associatif de pain et d’épicerie de dépannage. Gilles Durand, le boulanger tout proche de St Gervais-les-Trois-Clochers (86) s’est montré réceptif à la proposition d’approvisionnement.
Un lieu de vie communale
Pains et croissants, commandés la veille, sont réceptionnés dès potron-minet par la vingtaine d’habitants engagés qui se relaient pour tenir leur commerce. Il n’a fallu que deux mois entre la création de l’association et l’ouverture du débit de pain en janvier 2017. La mairie, propriétaire du fond, a signé une convention avec l’association qui prend en charge la consommation électrique et l’eau en échange d’un loyer gratuit. A la Mairie, Maurice prend les commandes de fromages de chèvre qu’il va chercher dans une ferme et d’asperges aussi en saison. Quand les cyclistes en balade s’arrêtent pour une pause, un salon de thé éphémère s’installe sur le trottoir. Café offert ! Mona Philippe a tout de suite embrassé la cause. Cette bénévole habitante de la commune consacre régulièrement une demi-journée à tenir la boulangerie. « Je viens de 9 h et j’assure la fermeture à 13 h. J’ai connu le village avec son artisan boulanger et c’était important pour moi d’agir pour trouver une solution. En vendant le pain, je rencontre des habitants que je ne connaissais pas. Ça créée du lien. »
On l’aura compris, la boulangerie associative de Jaulnay est bien plus qu’un commerce, c’est un lieu de vie, de solidarité probablement aussi où l’on cultive un bonheur certain de vivre à la campagne. Tout n’est pas résolu dans ce petit bourg du Richelais. Le café restaurant a mis la clef sous la porte, « pour des raisons familiales mais avec la circulation qui traverse le bourg, il est viable » assène Maurice Taland. L’édile ne veut pour rien au monde d’une déviation qui le priverait du chaland de passage, nécessaire pour conforter ce projet souvent cité en exemple. Une dernière chose, le boulanger de St Gervais, grâce à ce nouveau débouché a pu embaucher un ouvrier.