Vienne et Creuse : une crue fulgurante non annoncée
La crue du 14 au 15 juillet sur la Creuse et la Vienne a noyé des pompes et détruit des cultures. La prévision de la crue puis l’alerte des mairies par les autorités chargées de la surveillance a été trop tardive.



La goutte froide qui a circulé plusieurs jours sur le centre et l’est de la France, puis la Belgique et Allemagne, a touché toute la grande région. Les pluies ont été particulièrement intenses - jusqu’à 80 millimètres d’eau - les 13 et 14 juillet, sur un axe allant du sud-ouest de la Creuse au nord-ouest de l’Indre (voir carte). Les bassins de la Creuse, de la Gartempe et de la Vienne dans la région de Limoges ont reçu 40 à 50 mm de pluie sur des sols saturés. L’évacuation de cet excès de pluie sur l’équivalent de la surface d’un département (1000 m3/s) s’est retrouvé 24 h après en Touraine.
Le démarrage de la crue pouvait être constaté dès 13 h le 13 juillet à la station de mesure de Fressiline en limite de la Creuse et de l’Indre, et en soirée du 13 sur la Gartempe (20%) et l’Anglin (25 %). Le début de la vague a atteint Chinon le 14 en début d’après-midi. La vitesse de montée du niveau était impressionnante. A Tournon-St- Martin, du 13 juillet à 18 h au 14 à 4 h du matin - soit en 10 heures -, le débit est passé de 20 à 340 m3/s. Et il est passé de 20 à 450 m3/s à Vic sur Gartempe, entre 22 h le 13 juillet et le 14 à 12 h ! Environ 45 % de l’augmentation du débit de la Vienne à Nouâtre est expliqué par la Gartempe, 23 % par la Creuse et la Claise et 32 % par l’amont de la Vienne.
A PROPOS D’EGUZON
Du 12 au 27 juillet, EDF réalise des travaux sur l’usine hydroélectrique mise à l’arrêt. Au lieu de passer dans les groupes de production d’électricité, le débit de la rivière transite par les évacuateurs qui sont visibles. Les vidéos qui circulaient sur les réseaux sociaux n’avaient pas intégré cette donnée. La direction du barrage précise que « le débit entrant était de 150 m3/s le 14 juillet à 18 h, seuls 130 m3/s passaient vers l’aval ». Mais au vu de l’ampleur de la crue, ces 20 m3/s stockés représentaient moins de 3 % du débit de la rivière à Descartes.
Pompes, foins, cultures noyées
Par JYC et PG
Dans la vallée de la Creuse, quelques heures après celle de la Vienne, la crue a recouvert les pompes d’irrigation, les cultures et les prairies. Faute d’avoir été prévenus, un bon nombre d’irrigants ont vu leurs pompes et armoires électriques noyées. Des animaux se sont retrouvés toute la journée dans l’eau en basse vallée de la Vienne et des foins et pailles ont été perdus, jusque dans le Véron. Le niveau de crue, qui correspond à celui de crues hivernales, a dépassé celui de juin 2016. Des blés noyés ne sont plus récoltables et des maïs sont cassés.
La FNSEA 37 est intervenue auprès du préfet pour dénoncer la non-information et la défaillance de Vigicrues. Son président, Sébastien Prouteau, demande aux producteurs sinistrés « de se faire connaître par mail* auprès de la FNSEA 37 pour inventorier les pertes afin, si possible, d’engager la responsabilité des services de l’Etat. » Le ministre de l’Agriculture s’est rendu dans l’Aisne, département du nord de la France très fortement touché par les inondations. L’Indre-et- Loire veut aussi faire valoir ses droits.
* Mail : fnsea37@agricvl.fr.