Energies renouvelables
V’là le bon vent, v’là le joli vent des citoyens !
Prenez une pincée d’inconscience, une bonne louche de motivation partagée, une cuillère de solidarité-partage et une bonne dose de compétence mise au service d’un territoire ; vous obtenez 15 000 m2 de panneaux solaires et 5 éoliennes citoyennes pour produire autant d’énergie propre consommée localement. Deux vidéos à visionner, en cliquant sur les photos.
Prenez une pincée d’inconscience, une bonne louche de motivation partagée, une cuillère de solidarité-partage et une bonne dose de compétence mise au service d’un territoire ; vous obtenez 15 000 m2 de panneaux solaires et 5 éoliennes citoyennes pour produire autant d’énergie propre consommée localement. Deux vidéos à visionner, en cliquant sur les photos.
En 2010 après une expérience réussie dans le domaine photovoltaïque, un groupe d’agriculteurs du Chemillois (49) s’est lancé dans l’exploitation d’un parc éolien. Une véritable aventure qui après six ans de travail et une bonne centaine de réunions publiques a donné le jour à cinq aérogénérateurs 100 % citoyens.
« Comment on passe de traire les vaches » à un parc éolien de 21 M€, François Girard président d’Atout Vent raconte le déclic. « En 2010, deux premiers parcs ont été montés et vendus par une société à des investisseurs. L’un d’entre nous a dit : d’accord on accepte les éoliennes chez nous à condition que l’on en soit propriétaires et qu’on en ait les retombées ». « C’était hallucinant, d’avoir des éoliennes sur nos exploitations agricoles et que les plus gros bénéfices partent à l’extérieur vers des sociétés d’investisseurs. » analyse François Piton, arboriculteur.
De fait, sur la trentaine d’éoliennes fonctionnant sur ce petit territoire, cinq tournent désormais depuis trois ans pour le compte des Chemillois actionnaires. Les habitants de Chemillé par leur initiative sont conscients de mettre sur pied une économie territoriale nouvelle. « Notre idée, c’était de faire un parc 100 % citoyen. » résume François Girard.
Informaticien de métier, Maxence Guérin est aussi monté dans la barque des agriculteurs avec d’autres locaux : « c’est un projet au service de notre territoire de vie qui associe écologie et économie pour une création de valeur sur notre territoire. Si on était restés sur un projet uniquement économique, on aurait emmené une poignée de personnes. Si on avait pris une posture écologique on serait restés dans du rêve et on n’aurait peut-être rien fait. » « On serait aujourd’hui devant les mêmes pylônes dans nos champs tournant pour des gens qui n’habitent pas ici», renchérit François Girard.
Et un, et deux et trois !
« La communication est très importante pour réaliser un tel projet. Des réunions avec trois personnes en face, les promoteurs ont en a fait, avec des moments de découragement avoue un autre François, Giraud celui-ci. « Mais nos doutes se sont levés quand lors des premiers appels de fonds les gens ont proposé de mettre au pot des sommes qui nous ont surpris » raconte François Piton. « On était à la fois sidérés et admiratifs » résume Stéphane Bouju, éleveur, multiplicateur de semences et vice- président d’Atout Vent. « C’était un placement par rapport à l’environnement plutôt que de le mettre dans une banque raconte une participante. C’est plaisant de savoir que l’électricité du coin se fera avec le vent. »
Vue l’ampleur des participations citoyennes proposées atteignant parfois 200 000 €, les membres d’Atout Vent ont gardé la tête froide comme l’explique Stéphane Lejou, : « Nous avons calé la participation entre un minimum à 2 000 € et un plafond à 20 000 € mais en gardant le principe d’une personne-une voix pour rester dans notre philosophie citoyenne. »
La tête froide, il en fallu aussi pour ne pas être impressionné par les chiffres. En bas du projet financier de la Jacterie, il est écrit 21 M€. Ce n’est pas de la roupie de sansonnet mais « on s’habitue assez vite aux zéros avant la virgule », indique avec un brin d’humour François Girard. « Il faut dire qu’avec le photovoltaïque et ses 2100 KWc installé sur nos toits, on a brassé entre 2005 et 2010 avant l’éolien, 9 M€. Ici le paysage agricole, ça reste des petites fermes maintenant vivant un fort réseau d’entraide. R Rien ne ce serait fait sans les élus et les citoyens qui nous ont rejoints » évoque Stéphane Bouju.
« Notre difficulté fut de dire non à des gens une fois le projet financièrement bouclé » reconnaît Pascal Varin venu à Verneuil-le-Château présenter l’initiative devant le comité de développement Touraine Val de Vienne (CCTVV). Un Tourangeau expatrié en Anjou qui se rappelle encore la tête des avocats quand Atout vent leur a fait part de son intention de monter un projet avec… 300 citoyens. Car les montages juridique, financier, les assurances de l’opération sont autant de grands chantiers avant le chantier. Il faut tenir la distance.
Mais l’éolien citoyen semble avoir évaporé toute velléité d’opposition lors du montage de la Jacterie qui a emporté l’adhésion des gens et des élus qui ont aidé à l’instruction du projet. Dans le sillage du parc de la Jacterie, acheté clef en main, les habitants ont lancé celui de l’Hyrome ; un temps bloqué celui-là par des recours, désormais tous levés. Depuis un mois le dossier d’un troisième projet citoyen est bouclé.
« Il y a eu en nous une part d’inconscience de gens qui sont partis de rien et qui sont devenus des spécialistes », avoue un Chemillois dans une petite vidéo (à voir sur ce site). « Ca a fonctionné, car dès le début on a écrit et communiqué nos valeurs : le partage et l’action collective pour la dynamique du territoire conclut François Girard. Nos décisions futures devront rester en phase avec. »
De Bridoré à Sepmes
Le dossier d’accompagnement agroécologique du projet de 5 éoliennes de Bridoré est suivi par Julien Martinez de la chambre d’agriculture. « La demi-douzaine d’agriculteurs concernée a proposé de développer l’agriculture sous couvert qui protège le sol mais aussi favorise la petite faune en enrichissant la flore », indique-t-il. « Nous pourrions ensuite bénéficier d’une mesure de type MAE financée par le projet », raconte Edouard Guibert qui porte un regard « entre deux » sur ce projet. « Il faut bien d’une manière ou d’une autre produire notre énergie mais l’impact visuel ne peut être nié. »
Agriculteur et premier adjoint, Emmanuel Mété est sur la même longueur d’onde. Oui on ne peut nier l’impact visuel, mais l’éolien me paraît moins polluant que le photovoltaïque notamment au moment du démembrement.
L’entreprise Soleil du midi a procédé à une levée de fonds de 50 000 € pour financer les études sous forme de prêt remboursable et une participation citoyenne au projet n’est pas exclue. A Sepmes (projet de 7 à 8 éoliennes), la commune accueille favorablement le projet. Les promesses de bail concernent 170 ha dans le cadre d’une convention de 20 ans. Une dizaine d’agriculteurs est concernée.
« Nous avons rapidement opté pour une réflexion collective, souligne Alain Rezeau, éleveur et conjoint de Régine Rezeau, maire. Nous avons négocié une rétribution de 3500 €/MWh dont la moitié sera mutualisée pour permettre à tous de percevoir un minimum de 120 €/ha. Par rapport à d’autres énergies, l’éolien nous apparaît intéressant du fait de sa faible emprise au sol par rapport à l’électricité produite. Dans la mesure du possible, les accès emprunteront les chemins existants qui, de fait, seront améliorés pour une utilisation agricole. Le raccordement est possible au poste source de Ste Maure de T. La société David Energie qui porte le projet propose aux habitants une entrée au capital via des obligations à taux garanti. »