Espaces verts
Zéro phyto : un travail sur les méthodes… et les mentalités
Lors de son assemblée générale, l’Union des entreprises du paysage a abordé un thème au coeur de son activité : les nouvelles démarches environnementales. Une adaptation indispensable, dans la mouvance « on n’a pas de phytos, mais on a des idées » !
Lors de son assemblée générale, l’Union des entreprises du paysage a abordé un thème au coeur de son activité : les nouvelles démarches environnementales. Une adaptation indispensable, dans la mouvance « on n’a pas de phytos, mais on a des idées » !
Le secteur du paysage fait face à deux enjeux importants, l’attractivité de la filière et le développement de ses marchés. Mais en parallèle, il est un sujet qui l’impacte directement, c’est l’interdiction d’utilisation de produits phytopharmaceutiques pour l’entretien des espaces verts, forêts, promenades et voiries, sauf exceptions. Un défi qui l’amène à adopter de nouvelles pratiques.
Lors de l’assemblée générale de l’UNEP, le 7 mars, Fabrice Putot, de l’entreprise Tarvel agence Centre dans le Cher, a partagé son expérience. Son entreprise de 35 salariés peut se targuer de réaliser 80 % de ses contrats en zéro phyto, avec une clientèle de privés et de collectivités. « Parfois, on répond à des demandes “ standard ”par des pratiques alternatives », indique-t-il. Mais alors, comment se passe-t-on des produits phytosanitaires ? « Les jardins créés il y a 40 ans ne sont pas faits pour être gérés en zéro phyto, note Fabrice Putot. Il faut donc les rénover, se demander pourquoi on a fait d’une certaine manière et faire évoluer les jardins et la vision des clients. » Les professionnels sont en effet confrontés aux attentes des clients et expliquent que, non, l’herbe ce n’est pas sale.
Un nouveau challenge
Le secret pour se passer de la chimie reste l’observation. « Quand je forme les gens au Certiphyto, je leur apprends à observer le milieu, choisir les bonnes plantes, pas trop salissantes », complète Maryse Friot, enseignante à Tours Fondettes agrocampus. Celle-ci alerte également sur la tentation d’essayer des recettes de grand-mère. « Quand elles ne sont pas validées scientifiquement, on risque de détourner un usage, avec une décoction par exemple, et de se retrouver dans un cas qui nécessiterait une autorisation de mise sur le marché ».
Les devis en zéro phyto restent en revanche plus élevés, un challenge supplémentaire dans la communication. « On explique bien les choses, on discute, on s’appuie sur nos expériences avant de faire un devis », précise Fabrice Putot « Autant proposer un nouveau jardin, adapté aux techniques alternatives qu’entretenir à des coûts élevés un ancien jardin », considère Barbara Dekeyser, de l’entreprise Aralia en Eure-et-Loir.
Le changement de mentalités se joue aussi au sein des équipes des entreprises du paysage, comme l’illustre cette dernière. « Je pensais que, pour nos collaborateurs, le zéro phyto serait du pain béni. Mais certains ont été frustrés, ont vu ça comme une humiliation, un travail sale, pensant qu’on les avait ramenés au travail de leurs grands-pères avec la binette ! Il a donc fallu expliquer que c’est une innovation, et surtout pas une régression. Ce n’est pas un problème le zéro phyto, c’est un défi technique, managérial, structurel pour nos organisations, et commercial » « L’entretien, c’est un vrai métier, complète Fabrice Putot. Sans chimie, c’est plus compliqué, il faut anticiper, connaître les parasites, les plantes… C’est valorisant pour le personnel. » De nouvelles compétences, aux enjeux cruciaux.