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Artisanat d'art
« Un beau livre, ça se garde et ça se transmet »

Au coeur de Bueil-en-Touraine, dans la maison du charron, se niche l’atelier d’Amandine Bravo. Son métier n’est pas commun, elle est relieur. Une profession qu’occupent peu d’élus et qu’elle exerce avec sensibilité, ouverture et créativité.

C’est un métier d’artisan d’art, mais d’artisan avant tout », avance le petit bout de femme de 24 ans. Un savoir-faire peu connu qui consiste à refaire, embellir des livres. Il peut s’agir de rajouter des ficelles, changer les cartons abîmés, le dos, recoudre des cahiers…

 

Coudre, coller, endosser…

La reliure d’art renferme tout un univers de techniques bien spécifiques et de machines anciennes traditionnelles. La couture des cahiers composant les livres est réalisée à l’aide d’un cousoir ; ce système en bois permet de maintenir les rubans tendus contre le dos des cahiers, pour pouvoir les coudre ensemble sur ces rubans. Ceux-ci seront ensuite passés et fixés dans les cartons du livre. « On coud sur les mêmes grecques (trous) pour ne pas risquer de fragiliser l’ouvrage, explique la professionnelle. Après la couture, on encolle le dos avec de la colle d’amidon ou vinylique. Il faut ensuite rabattre les cahiers pour donner la forme et modeler les mors*. Il s’agit de les arrondir en mettant des coups de marteau. On dit qu’on " endosse " quand on couche les cahiers au marteau dans l’étau à endosser. » Certaines techniques se rapprochent de la menuiserie ou de l’ébénisterie.

 

Une fois le travail - toujours très minutieux - terminé, les livres sont toujours conservés avec un poids dessus et une protection, afin d’éviter que l’humidité, la lumière de la lune ou du soleil ne viennent les endommager.

 

Dans l’atelier, parmi les machines, le tas à battre, l’étau à endosser – avec son angle à 45 ° au lieu d’un angle à 90 ° pour un étau classique – la presse en acier et son système de marteaux, le massicot… Certains outils en fonte ont un ou deux siècles d’âge !

 

Les fleurons, ornements employés pour la dorure, sont de moins en moins utilisés. Ces sortes de tampons montés sur tige sont chauffés à 100 °, appliqués sur le livre, pour ensuite pouvoir apposer la dorure. « Les clients demandent plutôt à faire figurer sur le dos l’auteur et le titre, ou la date parfois », précise Amandine.

 

Réparer mais aussi créer

Ce qu’aime la jeune artisane, c’est créer, rechercher et travailler de façon contemporaine. Dans cette lignée, elle a par exemple relié Le livre de la jungle, en reproduisant sur les plats (la couverture) la couleur de la nuit « jamais vraiment noire », plutôt un jeu de nuances violettes, constellé de discrètes étoiles. Amandine a également créé un livre-dodécaèdre, en forme de serpent, se lisant sur 12 faces. En projet, un deuxième prendra la forme d’une pieuvre.

 

La reliure lui est un peu tombée dessus par hasard. Attirée par le milieu artistique, c’est en passant des heures dans l’ancien conservatoire d’Arles - sa ville d’origine – qu’elle a eu le coup de coeur pour la pratique de ce savoir – faire. « On m’a laissé faire, on m’a fait confiance, et c’est justement ce dont j’avais besoin à ce moment-là », confie Amandine. La restauration de livres l’avait happée. Après un CAP puis un Brevet des métiers d’art « art de la reliure », elle travaille comme salarié puis crée rapidement son entreprise. C’est l’un de ses professeurs de l’école de reliure de Lisieux (Alain Briand) qui lui a proposé de partager son atelier de Bueil-en-Touraine.

 

Chaque livre a son histoire

« Les clients ne savent pas à quoi s’attendre quand ils poussent la porte. Beaucoup n’osent pas venir », déplore-t-elle. Pourtant, Amandine aimerait démocratiser l’accès à la reliure et lui enlever l’étiquette de monde doré inaccessible. « Les prix sont fixés au cas par cas, indique-t-elle. Et un beau livre, ça se garde et ça se transmet. »

 

L’artisane garde un souvenir ému de certaines réalisations, notamment de discours de mariage qu’elle a rassemblés et reliés en un ouvrage. Elle a également travaillé sur des livres du 16ème siècle comportant des aquarelles. « On travaille sur tout type d’ouvrages et je suis ouverte à toutes les demandes. Pour moi, tous les livres ont la même valeur, peu importe la valeur commerciale. Chacun a son histoire, c’est un objet intime. » Un livre de poche broché peut être relié, pour qu’il dure dans le temps, ou encore un arbre généalogique par exemple.

 

Tout autant que le côté technique de son travail, Amandine apprécie de comprendre le souhait de son client, l’histoire de son livre, car pour elle « l’aspect relationnel est indispensable ». Une passion qui l’inspire dans un univers qu’elle souhaite ouvrir à tous.

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